Franklin (Benjamin) (suite)
Il n’a jamais cessé de s’intéresser aux affaires politiques de la Pennsylvanie ; de 1736 à 1751, il est secrétaire de l’assemblée de Pennsylvanie. Comme il dispose de plus de temps depuis qu’il a pris sa retraite, il se fait élire à l’assemblée de 1751 et y siège pendant dix ans. En 1753, il est nommé maître des Postes pour les colonies ; pendant vingt ans, il occupe cette fonction, en profite pour réformer la distribution du courrier et se trouve en mesure de juger dans leur ensemble des questions coloniales. En 1754, au moment où se déclenche le conflit franco-anglais, il propose son « plan d’Albany » : les colonies, pense-t-il, doivent s’unir pour mieux lutter contre l’ennemi. L’image du serpent, dont le corps est tronçonné, illustre le projet ; la légende précise : join or die. Le plan n’est pas adopté.
Avec le retour de la paix, une nouvelle carrière s’offre à Franklin. Il devient le grand ambassadeur des Américains. De 1764 à 1775, il représente à Londres les intérêts de la Pennsylvanie, de la Géorgie, du New Jersey et du Massachusetts. Sa mission est d’aplanir le conflit naissant entre les colonies et la métropole. Il obtient l’abrogation du Stamp Act en 1766, recourt à ses innombrables amis anglais pour tâcher d’assouplir la politique coloniale de la Grande-Bretagne ; en 1774, le Parlement vote contre lui la censure : la rupture est proche. Franklin retourne en Amérique, siège dans le deuxième Congrès continental et fait partie de la commission qui est chargée de préparer la déclaration d’indépendance.
De nouveau, ses compatriotes le prient de remplir une délicate mission ; il s’agit d’obtenir l’aide de la France contre les Anglais. Franklin arrive à Paris en décembre 1776 ; il y séjournera huit ans, dans sa maison de Passy. Connu pour ses travaux et ses écrits, il est adulé par la bonne société parisienne, qui voit en lui l’incarnation de la sagesse, de la philosophie et de la nature. Avec astuce, Franklin sait exploiter cet engouement pour les « nouvelles idées ». Il obtient de la France une aide financière et matérielle et signe en 1778 le traité d’alliance franco-américain. Lors des pourparlers de paix, il sera le principal négociateur de la République.
De retour en Pennsylvanie en 1785, Franklin est élu président du conseil exécutif de l’État. À quatre-vingt-un ans, il participe à la convention de Philadelphie (mai 1787). Sa modération et son goût du compromis lui permettent d’apaiser, en juillet, la querelle entre les petits et les grands États. Au terme des débats, il dit dans son discours que le projet de constitution est le moins mauvais qu’on puisse imaginer ; peut-être, ajoute-t-il, est-il le meilleur. Il meurt le 17 avril 1790.
A. K.
C. Van Doren, Benjamin Franklin (New York, 1941). / V. W. Crane, Benjamin Franklin and a Rising People (Boston, 1954). / J. Ahrweiler, Franklin (Seghers, 1965).