Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

France (suite)

➙ Action française / Afrique noire / Algérie / Anarchisme / Barbares / Blocus continental / Bourbon / Bourgeoisie / Canada / Capétiens / Carolingiens / Cartel des gauches / Catholicisme libéral / Catholicisme social / Celtes / Cent Ans (guerre de) / Cent-Jours (les) / Chevalerie / Commune (la) / Commune médiévale / Communisme / Concorda / Constituante (Assemblée nationale) / Constitution / Consulat / Contre-Réforme / Convention nationale / Corporation / Croisades / Défense nationale (gouvernement de la) / Démocratie chrétienne / Directoire / Église constitutionnelle / Empire (premier) / Empire (second) / Empire colonial français / États généraux / Europe / Féodalité / Foire / Franco-allemande (guerre) / Francs / Fronde / Front populaire / Gallicanisme / Gaule / Girondins / Guerre mondiale (Première) / Guerre mondiale (Seconde) / Indochine / Industrialisation / Italie (guerres d’) / Jacobins / Jansénisme / Juillet (monarchie de) / Législative (assemblée) / Maroc / Mérovingiens / Modernisme / Monarchie d’Ancien Régime / Mouvement républicain populaire / Noblesse / Orléans / Ouvrier (problème) / Parlement / Quiétisme / Radicalisme / Réforme / Régence / Religion (guerres de) / Renaissance / Républicains / République (Ire) / République (IIe) / République (IIIe) / République (IVe) / République (Ve) / Résistance / Restauration / Révolution française / Révolution de 1848 / Séparation de l’Église et de l’État / Sept Ans (guerre) / Socialisme / Syndicalisme / Terreur / Tiers état / Trente Ans (guerre de) / Tunisie / Valois / Vichy.
V. également les articles consacrés aux souverains, aux hommes d’État, aux provinces et aux grandes villes.

 E. Lavisse (sous la dir. de), Histoire de France, depuis les origines jusqu’à la Révolution française (Hachette, 1900-1911 ; 18 vol.) ; Histoire de la France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919 (Hachette, 1921-22 ; 10 vol.). / A. Molinier, H. Hauser, E. Bourgeois et L. André, Sources de l’histoire de France (Picard, 1901-1936 ; 18 vol.). / J. Bainville, Histoire de France (Fayard, 1924 ; nouv. éd., 1959). / G. Dupont-Ferrier, la Formation de l’État français et l’unité française (A. Colin, 1929 ; 2 vol.). / M. Bloch, les Caractères originaux de l’histoire rurale française (Les Belles Lettres, 1931 ; nouv. éd., A. Colin, 1961-1964 ; 2 vol.). / H. Sée, Histoire économique de la France (A. Colin, 1939 ; nouv. éd., 1951 ; 2 vol.). / L’Année politique, économique, sociale, diplomatique en France (P. U. F., 1944 et suiv. ; 1 vol. par an). / P. Ariès, Histoire des populations françaises (Éd. du Seuil, 1948 ; nouv. éd., 1971). / F. Lot, Naissance de la France (Fayard, 1948). / Histoire de France pour tous les Français (Hachette, 1950 ; 2 vol.). / P. Gaxotte, Histoire des Français (Flammarion, 1951 ; 2 vol.). / Histoire du peuple français, des origines à nos jours (Nouv. Libr. de France, 1951-1965 ; 5 vol.). / Comité français des sciences historiques, Bibliographie annuelle de l’histoire de France (C. N. R. S., 1953-1970 ; 16 vol. parus). / M. Reinhard et N. Dufourcq (sous la dir. de), Histoire de France (Larousse, 1954-55 ; 2 vol.). / R. Rémond, la Droite en France (Aubier, 1954 ; nouv. éd., 1963) ; la Vie politique en France, 1789-1879 (A. Colin, 1966-1969 ; 2 vol.). / L. Halphen et R. Doucet (sous la dir. de), Histoire de la société française (Nathan, 1955). / A. Latreille, J. R. Palanque, E. Delaruelle et R. Rémond, Histoire du catholicisme en France (Spès, 1957-1962 ; 3 vol.). / G. Duby et R. Mandrou, Histoire de la civilisation française (A. Colin, 1958 ; 3e éd., 1964 ; 2 vol.). / R. Pernoud, Histoire de la bourgeoisie en France (Éd. du Seuil, 1960-1962 ; 2 vol.). / G. Dupeux, la Société française, 1784-1860 (A. Colin, 1964). / F. Goguel et A. Grosser, la Politique en France (A. Colin, 1964). / S. Hoffmann, C. Kindleberger, L. Wylie et J. B. Duroselle, À la recherche de la France (Éd. du Seuil, 1964). / P. Goubert, l’Ancien Régime (A. Colin, 1969). / F. Braudel et E. Labrousse (sous la dir. de), Histoire économique et sociale de la France (P. U. F., 1970-71 ; 2 vol. parus). / G. Duby (sous la dir. de), Histoire de la France (Larousse, 1970-71 ; 3 vol.). / M. Mollat, Genèse médiévale de la France moderne, xive-xve siècles (Arthaud, 1970).


L’art français


L’art roman

C’est au xie s. qu’on voit naître un art français. Du vie au xe s., l’art de la France, après celui de la Gaule*, n’avait été qu’une province (v. Mérovingiens) de cet art barbare qui s’étendait de Brindisi à la Baltique et à quoi l’impulsion des Carolingiens* avait tenté d’imposer des normes renouvelées de l’Antiquité défunte. Mais, si cet effort s’était épanoui en Allemagne dans l’art ottonien, il avait échoué dans les territoires qui devaient devenir ceux du royaume de France, par suite d’une dernière vague d’invasions qui désola ces territoires.

Au xie s., comme à l’âge précédent, les monastères restent les foyers où s’élabore un art nouveau, qu’au xixe s. on appellera l’art roman*. En Languedoc*, en Bourgogne*, en Normandie*, de grandes abbayes reconstruisent leurs églises à des dimensions grandioses. À l’église Saint-Sernin de Toulouse*, commencée après 1060, à la troisième église de Cluny*, entreprise par saint Hughes en 1088, l’antique forme de la basilique, à laquelle les arts carolingien et ottonien étaient restés fidèles, se transforme en un édifice complexe aux nefs multiples, aux élévations ordonnées en étages, aux plans rythmés en travées et dont l’équilibre repose sur un système de voûtes déjà audacieux (28 m de hauteur à la grande nef de Cluny). Vers la fin du xie s., à Toulouse et à Cluny également réapparaît la sculpture monumentale. Moment émouvant que celui où, après cinq siècles, l’artiste retrouve en tâtonnant la réalité d’un monde à trois dimensions. De rares reliefs au modelé incertain étaient auparavant épars, sans ordre, sur les surfaces murales ; voici qu’ils se répartissent maintenant sur les points sensibles de l’édifice roman, dont ils mettent en valeur la structure, et, pour la première fois depuis la fin du monde antique, la sculpture s’ordonne en compositions ayant leurs lois propres. Sauf en Provence* et en Auvergne*, le relief n’émerge pas encore en ronde bosse ; il est une expression pariétale. Le dynamisme de la vie et un principe de métamorphose qui fait les formes s’engendrer sans fin les unes les autres régissent une stylistique ornementale et monumentale qui, très vite, s’étend à toute la France (sauf la Normandie et le Nord) et dont le portail de l’abbaye de Moissac (v. 1115-1130) [v. Guyenne] est sans doute le chef-d’œuvre. La variété des formes régionales, tant de l’architecture que de la sculpture, affirme la grande vitalité de cet art roman français. Les techniques décoratives, où avaient excellé les Barbares, gagnent à cet essor créateur une refloraison. Les ateliers de Limoges* adaptent à l’émaillerie une technique nouvelle, celle du champlevé, qui unit le relief à la couleur. De l’orfèvrerie cloisonnée dérive le vitrail, qui s’élabore au xiie s. Quant à la peinture monumentale, il en reste de beaux exemples, notamment sur la Loire, en Bourgogne, en Poitou* (nef de Saint-Savin*). Les différentes écoles de miniature présentent moins d’originalité.