Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

• 22 août 1962 : attentat manqué contre le général de Gaulle au Petit-Clamart. Menacé, le chef de l’État, désirant assurer la pérennité des institutions, prépare l’opinion à un référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel ; l’opposition se déchaîne : 280 députés votent la censure, le ministère Pompidou démissionne, l’Assemblée est dissoute (octobre). Le référendum du 28 octobre donne 13 millions de « oui », mais aussi 8 millions de « non » au projet du chef de l’État.

• Novembre 1962 (18 et 25) : les élections assurent encore la majorité absolue à l’U. N. R. - U. D. T. Décembre 1962 : second cabinet Pompidou.


L’organisation de l’opposition (1963-1967)

• Le contentieux algérien est liquidé. Le gouvernement, aux prises avec l’inflation, la hausse des prix et les conflits sociaux, promulgue un « plan de stabilisation » et entame une politique contractuelle.

• Hostile à l’entrée dans le Marché commun de la Grande-Bretagne (si celle-ci ne renonce pas à toute préférence à l’égard du Commonwealth et ne cesse pas de vouloir privilégier son agriculture) et à toute ingérence étrangère (essais nucléaires), le chef de l’État accentue par contre la coopération franco-allemande (1962).

• Janvier 1964 : la France reconnaît la Chine populaire.

• Les élections municipales de mars 1965 sont marquées par les progrès de l’opposition. En mai, la gauche met son espoir dans une « Fédération démocrate-socialiste », mais celle-ci est mort-née. Il n’empêche que, lors du premier tour des élections présidentielles (5 déc.), de Gaulle est mis en ballottage par le candidat unique de la gauche, François Mitterrand, qui a créé la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (F. G. D. S.) et qui obtient encore au second tour (19 déc.) 44,5 p. 100 des suffrages exprimés. De Gaulle entame un second septennat et reconduit le cabinet Pompidou.

• 30 juin 1966 : le général de Gaulle se rend en U. R. S. S.

• L’alliance des partis de gauche joue à plein lors des élections législatives de mars 1967 : les gaullistes gardent la majorité absolue, mais celle-ci est extrêmement réduite. Georges Pompidou constitue un gouvernement qui se heurte au Parlement en lui demandant (avril) l’autorisation de prendre, par ordonnance, plusieurs mesures d’ordre économique et social : le 20 mai, une motion de censure recueille 236 voix ; le 2 juin, le Sénat rejette massivement les pouvoirs spéciaux ; les centrales syndicales lancent un mot d’ordre de grève générale.

• Août 1967 : cela n’empêche pas le gouvernement de prendre des ordonnances relatives à la participation des salariés aux fruits de l’expansion des entreprises, à la réforme de la Sécurité sociale et aux reconversions et regroupements d’entreprises.

• En 1967 et 1968, le chef de l’État multiplie à l’étranger des voyages au cours desquels il manifeste avec éclat la position originale de la France devant les conflits mondiaux.


La crise (1968-69)

• Mai 1968 : la crise qui éclate a son origine dans le malaise profond qui existe dans le monde étudiant, et dont le détonateur est constitué par des groupes gauchistes révoltés contre la « société de consommation », à laquelle ils opposent la « contestation permanente ». La classe ouvrière s’engouffre dans la brèche, encore que le parti communiste et la C. G. T. la mettent en garde contre l’« aventurisme » ; le pays est paralysé par les grèves tandis que de durs affrontements se produisent et que le chef de l’État semble perdre pied.

• L’opposition (Mitterrand, Mendès-France) croit son heure arrivée, tandis que Pompidou signe avec les syndicats les « accords de Grenelle » (27 mai), jugés insuffisants par les travailleurs de la base. Mais, le 30 mai, coup de tonnerre : le chef de l’État, qui a repris la situation en main, déclare qu’il reste et que l’Assemblée nationale est dissoute. La vie normale reprend peu à peu dans le pays.

• Les élections des 23 et 30 juin 1968 aboutissent à une nette victoire de l’Union pour la défense de la République (U. D. R.), qui obtient une large majorité à la nouvelle Assemblée. Georges Pompidou est remplacé à la tête du gouvernement par Maurice Couve de Murville.

• Le problème étudiant restant entier, le ministre de l’Education nationale, Edgar Faure, fait voter une réforme fondée sur la participation des étudiants et des enseignants à la gestion d’établissements dotés d’une large autonomie (oct. 1968).

• Le général de Gaulle propose un référendum visant à la fois à la création des régions et à la réforme du Sénat, qu’il compte fusionner avec le Conseil économique. Le 27 avril 1969, les « non » sont plus nombreux que les « oui ». De Gaulle se retire aussitôt à Colombey-les-Deux-Églises, où il mourra en novembre 1970.


Sous Georges Pompidou

• Devant les élections présidentielles, la gauche se divise ; et Georges Pompidou, au premier tour (1er juin 1969), obtient 43,9 p. 100 des suffrages ; au second tour, le 15 juin, il l’emporte avec 57,6 p. 100, sur Alain Poher.

• Le nouveau président de la République prend comme Premier ministre Jacques Chaban-Delmas ; la majorité s’élargit en incorporant une fraction du centrisme. La perspective des élections de 1973 favorise des rapprochements à gauche, la puissance et l’homogénéité du parti communiste constituant tout à la fois un catalyseur et un obstacle.

• Tout en affirmant rester fidèle à l’idéal du gaullisme, la nouvelle équipe au pouvoir semble prendre ses distances avec quelques-unes de ses idées-forces. Ainsi, à l’intérieur, la notion de « contrats de progrès » semble l’emporter sur celle de la participation ; la régionalisation marque le pas. À l’extérieur, tout en demeurant dans la ligne d’indépendance et d’arbitrage tracée par le général de Gaulle, le gouvernement éprouve moins de réticences à l’égard d’une Europe élargie (admission de la Grande-Bretagne, de l’Irlande et du Danemark dans le Marché commun) et à l’égard des États-Unis.

• Juillet 1972 : Jacques Chaban-Delmas est remplacé par Pierre Messmer qui constitue une équipe très semblable à la précédente, et dont la mission semble être de « contrer » une gauche (P. S., P. C. et radicaux de gauche) qui a trouvé son unité (programme commun).

• Mars 1973 : aux élections législatives, l’U. D. R. et ses alliés perdent une centaine de sièges mais gardent la majorité à l’Assemblée nationale devant une gauche renforcée.

P. P.