Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

• Sous Philippe* IV le Bel (1285-1314), le conflit franco-anglais se rallume ; s’il acquiert le Barrois et le Lyonnais (1301), le roi ne peut mettre la main sur la Flandre (échec de Courtrai, 1302). Durant ce règne capital s’affermit une monarchie résolument nationale qui s’appuie sur le droit romain, joue de l’effacement de l’Empire et contribue à celui du Saint-Siège (conflit avec Boniface* VIII).

• Après le court règne de Louis X le Hutin (1314-1316), la couronne passe à un fils posthume de ce dernier, Jean Ier, qui ne règne que quelques jours (1316). C’est à cette occasion qu’on décide d’écarter les femmes du trône de France en se référant à une prétendue loi salique. En réalité, on craint de voir un prince étranger régner sur la France. Aussi la couronne passe-t-elle à un frère de Louis X, Philippe V le Long (1316-1322), puis à un autre frère, Charles IV le Bel (1322-1328) ; ces rois ne laissant que des filles, le trône reviendra à un prince de la branche de Valois, Philippe VI.


L’apogée du Moyen Âge français

• Favorisée par une expansion économique qui ne connaît pas de fléchissement, la France élargit son horizon commercial et est elle-même enveloppée et pénétrée par les voies essentielles du trafic occidental. Les routes sont animées : les villes se multiplient (villeneuves) et se gonflent du trop-plein des campagnes : Paris compte plus de 50 000 habitants. La circulation plus rapide des espèces favorise la simplification de la carte monétaire ; les techniques nouvelles de crédit s’épanouissent, surtout aux foires de Champagne*.

• La hiérarchie sociale se diversifie, mais aussi se durcit. Au sommet : les « riches hommes », négociants et financiers, qui accaparent les fonctions municipales dans des cités décidément émancipées. Au bas de l’échelle : un grand nombre de misérables. Entre eux : un monde d’artisans dont beaucoup sont en marge du système corporatif.

• Dans le même temps, les campagnes se transforment (développement spectaculaire du vignoble), tandis que l’intervention de l’argent modifie les rapports entre seigneurs et paysans : les franchises paysannes se multiplient, la vie paroissiale s’affirme, une espèce d’aristocratie rurale se forme qui conteste l’antique prééminence du chevalier.

• La dynastie capétienne fortifie son pouvoir, d’autant plus que son domaine propre — autour de Paris — comporte les plus grasses terres et quelques-unes des plus riches villes du royaume. Tout le travail des rois, de père en fils, est d’arrondir ce domaine : pénétration en Languedoc et en Aquitaine par l’écrasement des cathares soutenus par le comte de Toulouse ; démantèlement du domaine angevin.

• Hors du domaine, le roi place ses « hommes », mais il continue à se heurter aux ambitions des grands vassaux, encore que les princes apanagistes (Flandre-Artois, Champagne, Bourgogne) alignent leur politique sur celle du roi.

• L’administration royale devient un instrument très efficace ; les officiers du roi (baillis, sénéchaux), pénétrant partout, propagent la langue française, la justice, le droit et la monnaie du roi.

• Les gens de l’« hôtel du roi » sont de plus en plus des juristes, clercs et laïques, qui fournissent au roi une arme redoutable : les actes écrits d’une administration centrale dont l’emprise s’enracine dans le royaume. Cependant, le roi prend conseil de toutes les classes du pays selon un mode encore empirique (ce qu’on a appelé improprement les premiers états* généraux).

• Les sections judiciaire (parlement) et financière de la cour du roi poursuivent une carrière de plus en plus indépendante, cependant que s’intensifie la centralisation au profit de Paris (213 000 hab. en 1328).

• Bref, à la mort de Philippe le Bel, la France est la « Grande Nation » dont la civilisation rayonne sur l’Europe ; mais, déjà, le xive s. donne des signes d’inquiétude.


Les premiers Valois* : un siècle de malheur (1328-1440)


La première partie de la guerre de Cent* Ans (1337-1380)

• Le roi d’Angleterre Édouard* III est par sa mère, Isabelle de France, le petit-fils de Philippe le Bel, alors que le nouveau roi de France Philippe* VI (1328-1350) n’est que son neveu, en ligne masculine. Mais, par le traité de Paris de 1259, le roi d’Angleterre doit l’hommage au roi de France pour ses possessions continentales, comme l’Aquitaine, et il relève par là de la juridiction française, source d’infinies contestations.

• En Flandre, Édouard III se heurte aux ambitions de la France, contraires aux intérêts économiques anglais.

• La guerre commence en 1337 par le refus d’hommage d’Édouard III. La France subit de sérieuses défaites (L’Écluse, 1340 ; Crécy, 1346 ; Calais, 1347). Mais, en 1349, Philippe VI reçoit le Dauphiné en héritage.

• La peste noire qui ravage la France et l’Europe occidentale (1347-1349) suspend les hostilités. Elles reprennent sous Jean* II le Bon (1350-1364) lorsque le fils d’Édouard III, le Prince Noir, dévaste l’Aquitaine. C’est en voulant le contrer que Jean le Bon est battu en 1356 à la bataille de Maupertuis, près de Poitiers, et fait prisonnier.

• La captivité du roi engendre des troubles à Paris, où le mécontentement éclate aux états convoqués en 1356 par le Dauphin Charles, devenu en l’absence de son père lieutenant général du royaume. Effrayés, les bourgeois se rassemblent derrière le Dauphin.

• Au traité de Brétigny (1360), Édouard III renonce au trône de France mais conserve l’Aquitaine, le Poitou, l’Aunis, la Saintonge et Calais. Jean le Bon est libéré contre une forte rançon ; ne pouvant l’acquitter, il retourne en Angleterre, où il meurt presque aussitôt (1364).

• Devenu roi, son fils Charles* V (1364-1380), en exploitant les ambiguïtés du traité de Brétigny, va, aidé de du Guesclin, récupérer la plupart des possessions anglaises. Charles V sait s’entourer d’excellents conseillers et fortifie le pouvoir royal (fiscalité). L’année même de son avènement, du Guesclin remporte sur Charles le Mauvais la bataille de Cocherel, puis il débarrasse la France des Grandes Compagnies ; par une suite d’opérations bien conduites, il s’empare de presque tout le Sud-Ouest ainsi que de la Bretagne. À la fin du règne de Charles V, les Anglais ne possèdent plus en France que Calais, Bordeaux et Bayonne. La vie reprend dans les campagnes françaises.