Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Les industries de la construction

Plus de 1 500 000 personnes travaillent à l’extraction des matières premières destinées à la construction ainsi que dans les industries du bâtiment et des travaux publics. Employant une quinzaine de milliers de personnes, la cimenterie est en expansion. De 10 Mt en 1955, sa production s’est élevée à près de 30 Mt aujourd’hui. Ce ciment est livré par une soixantaine d’usines. Les cimenteries situées au nord d’une ligne Caen-Belfort (Boulonnais, Région parisienne, Lorraine) en fournissent la moitié, celles du Sud-Est (la vallée du Rhône moyen, région marseillaise), une part non négligeable. Aux mains de grandes sociétés (trois, Lafarge en tête, livrent 60 p. 100 de ce ciment), elles desservent les régions où elles sont situées. Par ailleurs sont produites 2,5 Mt de plâtre, pour 70 p. 100 dans la Région parisienne.

Selon la conjoncture, de 1 à 1,3 million de personnes travaillent dans l’industrie du bâtiment, constituée de branches professionnelles variées et dont la structure est encore artisanale (mais le rôle des grandes sociétés tend à devenir primordial). L’activité de cette industrie s’exerce dans les régions en expansion économique et démographique : Languedoc oriental, Provence et Côte d’Azur, région Rhône-Alpes, Région parisienne. Quant à l’industrie des travaux publics (3 850 entreprises employant 25 000 personnes), son action est bien plus diffuse au gré des grandes décisions d’équipement (autoroutes, barrages...).


Les autres branches notables : déclins et progrès


Le textile

L’industrie textile, qui emploie plus de 350 000 personnes, est une des plus puissantes d’Europe occidentale : elle vient au 1er rang pour la production de filés de coton, au 3e pour celle des filés de laine et au 4e pour celle des textiles artificiels. Elle traite presque uniquement des matières premières importées : 285 000 t de coton sont achetées, en grande partie dans le sud des États-Unis, au Mexique et au Moyen-Orient ; tout le jute provient du Pākistān oriental, la soie grège est importée du Japon, de Chine et, en quantités moindres, d’Italie. De 85 à 90 p. 100 de la laine nécessaire sont importés, pour les trois quarts d’Australie et de Nouvelle-Zélande, pour le reste d’Afrique du Sud et d’Argentine ; une-partie du lin vient de la Flandre belge. La concurrence des textiles artificiels et synthétiques, la perte de marchés étrangers ont porté à l’industrie des textiles traditionnels des coups d’autant plus sensibles que les petites et moyennes entreprises, à capitaux familiaux, étaient les plus nombreuses : au cours des quinze dernières années, leur nombre a beaucoup diminué.

Le textile est la plus dispersée de nos grandes industries. Le Nord est la première région textile : il assure 90 p. 100 des productions de laine peignée, de tapis, de fils de lin et de jute, du quart au tiers de celles de tissus de laine et de coton. La vieille industrie artisanale, dispersée en Flandre et en Cambrésis, a été supplantée par les puissantes industries capitalistes de l’agglomération lilloise (laine à Roubaix-Tourcoing, lin à Armentières). L’Est est avant tout un pays cotonnier : y travaillent 45 p. 100 des salariés de cette industrie, qui concourent pour près de 50 p. 100 à la production. Dans le triangle Épinal-Montbéliard-Strasbourg, l’industrie est urbaine et rurale. Elle a connu de graves crises depuis la Seconde Guerre mondiale, dues à son éloignement des ports et à ses structures : une reconversion assez brutale a été nécessaire. Lyon est la capitale d’une vaste région textile, qui s’étend sur les hauteurs de l’est du Massif central, du Mâconnais au Vivarais, sur les pays rhodaniens, de Villefranche-sur-Saône à Donzère, et qui, vers l’est, s’insinue jusqu’au cœur du sillon alpin : c’est le domaine traditionnel des « fabricants ». Le textile lyonnais, qui a durant plusieurs siècles tiré sa renommée du travail de la soie, connaît un renouveau certain avec le développement de la fabrication des fibres artificielles et synthétiques, notamment dans l’agglomération lyonnaise. De moindre importance sont les autres foyers textiles. Dans la région de Rouen, le travail du coton a supplanté celui de la laine et du lin ; une crise a touché les petites industries de l’Ouest ; le délainage anime toujours Mazamet.


Les industries chimiques

Dernière-née des grandes branches, la chimie connaît la croissance la plus rapide depuis une quinzaine d’années. Elle emploie 270 000 personnes, auxquelles s’ajoutent 100 000 travailleurs de l’industrie du caoutchouc et près de 80 000 dans la fabrication des matières plastiques. Industrie de pointe, en constants progrès, la chimie emploie un assez faible pourcentage de main-d’œuvre ouvrière et des effectifs proportionnellement élevés de cadres et d’ingénieurs. Sans atteindre un degré aussi grand que dans les pays voisins, la concentration financière de l’industrie a été fortement accrue par diverses fusions et accords réalisés au cours de ces dernières années. Un cinquième du chiffre d’affaires global est lié à des participations de l’État dans cette industrie.

Fondée sur l’utilisation de matières premières, la chimie minérale livre quelques produits de base de faible valeur marchande. Une centaine d’usines, contrôlées surtout par Ugine-Kuhlmann et Pechiney-Saint-Gobain, fournissent 3,7 Mt d’acide sulfurique à partir du soufre de Lacq (1,7 Mt, dont les deux tiers exportés) et de pyrites extraites à Saint-Bel dans le Lyonnais ou importées de la péninsule Ibérique ; outre les ports, cette industrie anime les régions lilloise et lyonnaise. 1,5 Mt d’ammoniac sont obtenues par synthèse dans le Nord, à Rouen et surtout à Toulouse ; 90 p. 100 sont destinés à la fourniture d’engrais azotés ou composés. La chimie du sel est plus fondée sur l’utilisation du sel gemme (plus de 3 Mt extraites en majorité en Lorraine) que sur celle du sel marin (1 Mt, surtout en Camargue). Pechiney-Saint-Gobain est le gros producteur de chlore gazeux (Tarentaise, Pont-de-Claix, Saint-Auban). Les produits sodiques proviennent surtout de Lorraine (Dombasle et Varangéville) et de Camargue (Salin-de-Giraud). La France produit plus de 2 Mt de potasse extraites dans la région de Mulhouse ; elle utilise des scories de déphosphoration lorraines et enrichit des phosphates du Maghreb et d’Afrique noire (Sénégal, Togo) dans ses ports pour obtenir des superphosphates (1,5 Mt).