Alpes-Maritimes. 06 (suite)
La côte rocheuse et découpée déroule une série d’anses et de promontoires (golfe de La Napoule et golfe Juan, cap d’Amibes et cap Ferrat) jusqu’à la Riviera italienne, qui constitue son prolongement naturel vers l’est. Ici se regroupe l’essentiel des activités ; urbanisation et tourisme vont de pair dans le cadre d’une « rue urbaine » sans solution de continuité. Les deux pôles essentiels en sont Nice, dont l’agglomération regroupe près de 440 000 habitants, et Cannes, qui n’en compte que 70 000, mais qui triple ce chiffre grâce à son agglomération. Dans les deux cas, on enregistre un solde naturel nul ou même négatif, mais les agglomérations continuent à progresser plus vite que les villes grâce aux courants migratoires. Cette frange urbaine doit son extension au phénomène touristique ; Nice ne comptait que 25 000 habitants en 1820 ; Beausoleil a décuplé en moins d’un siècle ; Cannes a peu à peu comblé sa baie ; Menton a rejoint Cap-Martin. Le chapelet de petites bourgades égrenées dans une nature riante s’est transformé en un ruban ininterrompu. Au tourisme hivernal de luxe du xixe s. a succédé un étalement de la saison sur les mois d’été ; aux richissimes clients des grands hôtels se sont ajoutés les campeurs et le tourisme populaire. Les Britanniques restent toujours au premier rang des étrangers (le quart de la totalité), devant les Américains et les Belges.
Tout proche des concentrations humaines du littoral, où les densités moyennes dépassent 1 000 habitants au kilomètre carré pour Menton et Antibes, 2 000 pour Cannes, 3 000 pour Nice, l’intérieur présente des conditions différentes. La moyenne des densités n’atteint plus que 50 habitants au kilomètre carré pour les collines proches de la côte et moins de 10 pour le secteur montagnard. L’arrière-pays s’organise entre deux massifs anciens, les môles de l’Esterel, porphyrique, au sud-ouest, et de l’Argentera (ou Mercantour), cristalline, au nord-est. Entre les deux, les chaînes calcaires prolongent le système des Alpes-de-Haute-Provence jusqu’au Var ; au-delà, le rebroussement des plis selon un axe méridien les rend perpendiculaires à la ligne du rivage. L’ensemble est peu peuplé, malgré la valeur des paysages et la tonalité méditerranéenne, les coteaux plantés de vignes et d’oliviers, les falaises calcaires des « baous » de Grasse, les causses du Plan de Caussols, qui laissent peu à peu la place aux forêts et aux herbages à moutons. Le caractère torrentiel des cours d’eau a nécessité la mise en place de barrages : Saint-Martin sur la Vésubie, Saint-Dalmas, près de Tende, sur la Roya, Bancairon et Valabres sur la Tinée. Les stations de ski de Peïra-Cava, Auron et Beuil-Valberg drainent les vacanciers vers les champs de neige de l’intérieur.
Le tourisme n’est pas le seul atout du département. Les cultures florales et horticoles donnent des revenus élevés : fleurs pour la parfumerie à Grasse, qui traite 2 000 à 4 000 t par an, œillets sous serres ou de plein champ, qui ajoutent au charme de la campagne azuréenne. Mais le recul de cette agriculture de haute valeur devant l’urbanisation pose le problème de la préservation des sites devant la spéculation foncière. Le décalage avec l’arrière-pays montagnard ne fait que s’accentuer et demande la mise sur pied d’une politique d’aménagement de l’espace pour réduire les disparités entre la côte et l’intérieur, entre les villes et les campagnes.
R. D. et R. F.
➙ Cannes / Côte d’Azur / Nice.