Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Foucault (courants de) (suite)

Utilisation des courants de Foucault


Freinage magnétique

Un disque de cuivre (solidaire des roues d’un camion par exemple) passe dans l’entrefer d’un électro-aimant (zone hachurée de la figure 1). Ce disque tournant, le champ d’induction y crée des courants de Foucault et développe sur ces courants des forces qui freinent le disque selon la loi de Lenz.

Comme il a été vu plus haut, l’énergie dissipée par effet Joule dans l’intervalle de temps dt est

k étant une constante qui dépend du système.

Cette énergie est égale à la perte d’énergie cinétique, et, par suite, le couple de freinage est Γ, tel que

Pour une induction donnée, le couple de freinage est proportionnel à la vitesse de rotation. Le freinage électromagnétique est d’autant plus efficace que la vitesse est plus grande et, sur le véhicule, il sert d’appoint aux freins à friction.


Moteurs à champ tournant

Dans ces machines, le stator polyphasé crée un champ magnétique tournant auquel le rotor se trouve soumis. Il y apparaît des courants de Foucault sur lesquels le champ tournant développe des forces qui tendent à s’opposer au mouvement du champ par rapport au rotor. Ce dernier se voit donc appliqué un couple qui l’entraîne à la poursuite du champ tournant. Le rotor prendra une vitesse ω inférieure à la vitesse ω0 du champ tournant, de telle sorte que le couple électromagnétique équilibre le couple résistant appliqué. On appelle glissement la quantité

On établit que le couple électromagnétique dépend de g par une loi de la forme

g0 étant le glissement donnant le couple maximal K.


Écrans électromagnétiques (fig. 3)

Le circuit oscillant LC produit dans son voisinage un champ d’induction variable B0 qui induit des courants de Foucault dans l’enceinte de cuivre. Ces derniers produisent à leur tour un champ d’induction B qui s’oppose à B0.

L’enceinte étant très bonne conductrice, l’opposition de B à B0 est presque totale. Le milieu extérieur ne perçoit pratiquement aucun champ variable : l’enceinte est un écran aux variations d’induction. L’énergie dissipée par effet Joule dans l’écran est fournie par le circuit oscillant qui se trouve ainsi amorti.

C. T.

Foucault (Michel)

Philosophe français (Poitiers 1926).
Professeur aux facultés des lettres et sciences humaines de Clermont-Ferrand, de Tunis et de Paris (Vincennes), il est nommé en 1970 professeur au Collège de France.



La discontinuité

Une nouvelle pratique de la science historique s’est instaurée qui se marque par le changement de statut de la notion de discontinuité. Pour l’historien classique, le discontinu est un élément du donné événementiel, qu’il doit réduire pour laisser apparaître la succession régulière des événements.

La discontinuité est maintenant revendiquée par l’historien comme un des éléments fondamentaux de son analyse. À ce titre, elle se présente comme une opération délibérée de l’historien et non plus comme du matériau à traiter : elle est le résultat de son analyse ; enfin, elle est un concept constamment à reformuler et non plus ce vide toujours identique à lui-même entre deux points seuls positifs.

L’historien distingue différents niveaux d’analyse (économique, social, politique...), s’attache à déterminer pour chacun d’eux leur rythme d’évolution et le critère de leur périodicité, et enfin s’efforce de décrire entre chacun d’eux un système de relation adéquat.

Délivré du préjugé de la continuité, l’historien retrouve l’événement dans sa singularité.


Les faits du discours

Foucault répète cette attitude devant les faits du discours, qui lui offrent un vaste champ d’étude constitué par l’ensemble de tous les énoncés effectifs — parlés et écrits — dans leur dispersion d’événement. « Une description pure des faits du discours », tel est le projet réaffirmé dans la leçon inaugurale professée au Collège de France (déc. 1970). Cette description se distingue de l’analyse de la langue. Tandis que la langue se construit à partir d’un nombre fini de règles qui autorisent une multiplicité infinie de performances, le discours est toujours un ensemble fini, se réduisant aux énoncés effectivement formulés. Une analyse de la langue se demande selon quelles règles cet énoncé a été formé ; une analyse du discours recherche pourquoi tel énoncé, et non un autre à sa place, est apparu.

En appliquant systématiquement la notion de discontinuité, on restitue à l’énoncé son originalité historique, non pour l’isoler, mais pour le mettre en relation avec des événements d’ordre technique, pratique, économique, social ou politique. On se donne la possibilité de décrire le mode d’existence des événements discursifs dans une culture en mettant au jour leurs conditions d’apparition, leur conservation, leur rôle, les principes selon lesquels ils sont oubliés à un moment donné dans une société déterminée.

Si l’on appelle archive le mécanisme qui règle l’apparition ou la disparition des énoncés dans une culture, analyser les faits du discours, c’est les considérer non comme documents, mais comme monuments, et c’est développer une sorte d’archéologie.


Les formations discursives

« J’ai donc entrepris de décrire des relations de coexistence entre des énoncés. J’ai pris soin de ne tenir compte d’aucune de ces unités qui pouvaient en être proposées et que la tradition mettait à ma disposition : que ce soit l’œuvre d’un auteur, la cohésion d’une époque, l’évolution d’une science. Je m’en suis tenu à la seule présence des événements voisins de mon propre discours — certain d’avoir affaire à un ensemble cohérent désormais, si je parvenais à décrire entre eux un système de relations. »