Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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football (suite)

Les pays latino-américains ont créé cinq ans plus tard une Coupe d’Amérique du Sud, dont le vainqueur dispute une rencontre contre son homologue européen, appelée Coupe intercontinentale. Cette rencontre est disputée en deux matches aller et retour avec une éventuelle rencontre d’appui, une année en Amérique du Sud, l’autre en Europe. Mais ces matches, souvent heurtés, n’ont aucun caractère officiel.

La compétition la plus importante du football est évidemment la Coupe du monde. C’est un Français, Henri Delaunay, qui jeta les bases de cette entreprise, mais celle-ci n’avait pas reçu l’approbation de la toute-puissante fédération anglaise. Néanmoins, la première Coupe du monde se déroula en 1930 à Montevideo, avec la France et la Suède comme uniques représentants européens.

Seule la Seconde Guerre mondiale a interrompu cette compétition, dont l’alternance est quadriennale comme celle des jeux Olympiques et qui vit trois fois le triomphe du Brésil (1958, 1962, 1970), deux fois celui de l’Uruguay (1930 et 1950), de l’Italie (1934 et 1938), de l’Allemagne fédérale (1954 et 1974), et une fois celui de l’Angleterre (1966).

Jusqu’à maintenant, la Coupe du monde s’est déroulée uniquement en Europe et en Amérique du Sud : Montevideo (1930), Rome (1934), Paris (1938), Rio de Janeiro (1950), Berne (1954), Stockholm (1958), Santiago du Chili (1962), Londres (1966), Mexico (1970). Si le dixième épisode, en 1974, a eu pour la sixième fois l’Europe pour cadre (Munich), cette alternance Europe-Amérique latine ne manquera pas d’être troublée par l’Afrique, dont l’engouement pour le football imposera la candidature du continent noir, peut-être après la onzième Coupe du monde, qui se disputera très probablement en Argentine en 1978.

Tactique et évolution

Il y a un siècle, une équipe comptait un gardien de but, un arrière et neuf avants. La seule préoccupation des joueurs était de marquer des buts, si possible plus que les adversaires. Puis les marchés attirèrent des spectateurs, auxquels on fit payer un droit d’entrée. C’était le début du spectacle commercial. On s’aperçut vite que les équipes qui gagnaient le plus souvent étaient les plus rentables !

Or, si, pour remporter la victoire, il est nécessaire de marquer un but de plus que l’adversaire, la proposition peut être inversée, c’est-à-dire qu’est déclarée vainqueur l’équipe qui a encaissé un but de moins que l’autre. C’est une nuance fondamentale qui allait donner lieu à une prodigieuse évolution.

Nul ne sera surpris que les Anglais aient réalisé l’une des plus importantes révolutions tactiques avec l’introduction du WM. Cette appellation mérite explication. Après l’arrière unique, on était passé à deux arrières, un de chaque côté. C’est alors que Herbert Chapman, l’inventeur de cette nouvelle tactique, eut l’idée de placer un troisième arrière dans l’équipe londonienne d’Arsenal, dont il était le manager. On le nomma demi centre, ancêtre de l’arrière central d’aujourd’hui, ce qui correspond à une appellation plus correcte. Entre ces trois arrières et les cinq avants, deux demis occupaient le centre du terrain. Or, si l’on relie d’un trait de plume le point figuratif des trois arrières à celui des deux demis, on obtient un M, et si l’on relie également la position des cinq avants (deux inters, deux ailiers et un avant centre), on obtient un W (v. ci-dessous).

C’est à partir de cette époque, au cours des années 1930, que le football entra résolument dans sa phase moderne. L’introduction en France de cette tactique dite « du WM » s’opéra à Paris dans l’équipe du Racing, qui « trusta » alors et immédiatement les victoires en championnat et en Coupe de France. On peut écrire que l’ère du WM dura plus de quinze ans, exactement jusqu’en 1953, date à laquelle l’équipe de Hongrie, la première, triompha de l’Angleterre sur son sol.

Or, les Hongrois avaient depuis quelque temps modifié le sacro-saint dispositif du WM, en décrochant un demi pour en faire un second arrière central. De surcroît, ils avaient fait jouer en retrait leur avant centre, Hidekguti, mais en possédaient en fait deux autres en les personnes de Puskas et de Kocsis. Les Anglais ne comprirent rien à cette véritable révolution tactique (le 4-2-4, v. ci-dessous). Ils encaissèrent une défaite (6-3) qualifiée d’historique.

Depuis cette date, une évolution continue s’est établie, mais autour de ce schéma et à partir de données économiques nouvelles que procura la Coupe d’Europe. Cette épreuve entraîna une véritable révolution économique et tactique. En effet, chaque club gardant le montant de la recette du match disputé, il en résulta un énorme mouvement de fonds, une espèce de surenchère aussi bien sportive qu’économique. Les clubs les plus riches s’assurèrent les services des plus grands joueurs, moyennant des transferts qui franchirent dès 1960 le cap des cent millions de francs anciens. Une élimination de la Coupe d’Europe prenait des allures de catastrophe économique. L’objectif principal n’était donc plus de vaincre, mais de ne pas perdre. Pour cela, on renforça les dispositifs défensifs avec un joueur situé derrière les arrières et appelé couvreur, ou libero, comme en Italie : le joueur, libre de ses mouvements, était destiné à colmater les brèches qui pouvaient se faire jour au cours d’un match (1-4-2-3, souvent mué plus récemment en 4-3-3).

En fait, progressivement, la notion d’attaquants et de défenseurs a disparu au profit d’une notion de possession (ou de perte) du ballon, la première permettant l’attaque, la seconde imposant la défense du but par tous les joueurs.

L’arbitrage

Après que les règles du football eurent été établies, on s’aperçut rapidement qu’il fallait un homme sur le terrain pour les faire appliquer : l’arbitre, dont le rôle devint de plus en plus difficile au fil des années.

Ces règles ne présentaient pas a priori des difficultés particulières. Mais trois soucis majeurs surgirent assez rapidement : l’interprétation qui en est faite dans un moment donné ; la position des joueurs au moment où l’arbitre prend sa décision ; la rapidité avec laquelle cette décision doit être prise le plus souvent.

Ce sont ces trois éléments que nous allons essayer de préciser.