Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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floraison (suite)

La maturité de floraison

La plante doit avoir atteint un certain âge pour que les processus de mise à fleur, qui semblent bloqués jusque-là, puissent s’effectuer ; ce stade, mieux défini par l’état physiologique du végétal que par une date, porte le nom de maturité de floraison.

Chez le Tabac (très étudié en raison de son intérêt économique), il faut environ 20 feuilles avant que les fleurs puissent se former, sauf dans les espèces hâtives, où 8 feuilles suffisent. Chez le Seigle, il faut attendre la pousse de 7 feuilles. Chez le Chêne, ce n’est qu’après plusieurs années de vie végétative, mais, chez l’Arachide, c’est dans l’embryon que ce stade est dépassé : des ébauches florales existent à l’aisselle des cotylédons.

Cependant, le fait d’avoir atteint cet état n’est pas suffisant : la floraison peut être bloquée par certains facteurs ou stimulée par d’autres.


La nutrition

La nutrition de la plante joue un grand rôle. On a attribué aux glucides une importance prédominante, une photosynthèse active favorisant le phénomène ; mais il semble que ce soit surtout le rapport quantitatif entre le carbone et l’azote mis à la disposition des cellules qu’il faille considérer favorise la floraison tandis que la défavoriserait au profit du développement végétatif). Cependant, chacun des deux éléments doit se trouver en quantité suffisante : la Tomate par exemple, sous-alimentée en carbone ou en azote, ne fleurit pas, par déficience générale.

La forte nutrition carbonée correspondant à une insolation importante, on comprend que de nombreuses plantes de nos régions fleurissent au début de l’été, surtout lorsqu’elles sont sensibles presque exclusivement aux facteurs de nutrition, comme il semble que ce soit le cas chez le Séneçon ou la Stellaire.


Température

Des variations de température sont nécessaires à certaines plantes pour leur permettre la mise à fleur. Il faut le plus souvent un refroidissement, qui est appelé vernalisation ; ce sont des études sur les céréales qui sont restées célèbres en ce domaine : les céréales dites « d’hiver » sont plantées à l’automne et fleurissent pendant l’été suivant, après avoir commencé leur développement pendant l’année civile précédente et supporté les froids de l’hiver ; elles achèvent leur cycle végétatif lors de l’année suivante, tandis que les céréales « de printemps » effectuent tout leur développement au cours de la même année. Des Américains, des Allemands, des Russes (T. D. Lyssenko) et des Anglais ont montré que le refroidissement artificiel des jeunes plantes, ou même plus simplement des semences de races d’automne légèrement imbibées d’eau, permettait de les utiliser comme les races de printemps et de leur faire parcourir tout leur cycle en quelques mois. Cette vernalisation est extrêmement intéressante, car elle permet des cultures rapides en des régions où les froids de l’hiver sont si intenses que les plantules ne pourraient y résister. Un séjour d’une trentaine de jours aux environs de + 2 °C à l’humidité suffit à ramener la maturité de floraison assez tôt dans le cycle de végétation pour qu’elle se fasse en temps utile. Sans ce traitement, des céréales d’automne plantées au printemps ont un développement végétatif intense, et ce n’est qu’après l’apparition de la 25e feuille que l’épiaison commencera ; au contraire, après traitement, le même blé forme ses épis après l’apparition de la 7e feuille. Chez les céréales, ce procédé peut être appliqué aussi bien chez les jeunes pousses (à condition que la photosynthèse ait lieu régulièrement et que les méristèmes soient bien ravitaillés en sucre) que sur les graines mûres légèrement humidifiées ou même sur les embryons très jeunes, dans la semence en voie d’achèvement. D’autre part, on a remarqué que, si après avoir fait subir la vernalisation à des graines on les porte à une température élevée (30 °C par exemple) en atmosphère humide, on fait disparaître les effets du premier traitement, et, de nouveau, les semences se comportent comme une race d’automne. On donne à ce réchauffement le nom de dévernalisation.

Ce sont les méristèmes qui subissent la vernalisation et transmettent cet état à leur descendance.

Beaucoup d’espèces ont besoin de vernalisation ; ce sont presque toutes des bisannuelles, ou des vivaces en rosettes ou même des caulescentes. Le traitement (naturel ou non) doit être appliqué, sauf pour les céréales, après la maturité de la graine, et, d’autre part, les possibilités ne sont pas les mêmes sur tous les bourgeons. Les méristèmes terminaux échappent à la mise à fleur et gardent leurs propriétés végétatives ; ainsi, la plante ne meurt pas après la floraison et garde des possibilités de développement ultérieur en donnant des tiges qui pourront être porteuses d’une autre génération de fleurs, après une nouvelle vernalisation (plantes vivaces, arbustes...).


Photopériodisme

Certains végétaux sont très sensibles au temps d’éclairement journalier qu’ils subissent. En particulier, ces rythmes sont importants en ce qui concerne la mise à fleur. Le Chanvre fleurit en jours courts. Une race de Tabac réagit de la même façon ; en prolongeant son éclairement journalier par un éclairage artificiel, on obtient des plantes de plusieurs mètres de haut qui ne fleurissent pas. Si on ramène leur éclairement à 8 ou 10 heures par jour, les fleurs apparaissent.

On distingue des plantes « de jours longs », d’autres « de jours courts » et, enfin, certaines qui sont indifférentes. Il faut signaler également l’effet important des variations du rythme et des alternances de périodes de jours courts et de jours longs.

Le photopériodisme* est ressenti par les feuilles, et c’est au niveau des bourgeons que se manifeste la réponse à cette excitation. De nombreuses études ont été faites sur la transmission, d’un organe à l’autre, des substances de type hormonal.


Thermopériodisme