Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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faune (suite)

Les steppes

Elles occupent en Eurasie une vaste zone ininterrompue qui s’étend de la Hongrie à la Mongolie et au Tibet. Ce paysage ouvert, qui s’oppose en cela au précédent, possède une faune bien différente. Les conditions climatiques des steppes de l’Asie centrale sont bien particulières. La température est très basse et peut atteindre – 20 à – 40 °C. En été, elle est fréquemment supérieure à 40 °C. Si au printemps la steppe, prairie émaillée de mille fleurs, est un enchantement, en été c’est un paysage brûlé par le soleil qui s’offre aux yeux du voyageur. Les éléments les plus typiques de la steppe sont l’Hémione, véritable Ane sauvage (Hemionus hemippus), le Cheval de Prjevalski (Equus caballus Prjevalskii), le Chameau (Camelus bactrianus), la Saïga (Saiga tatarica), des Gazelles. Une Antilope (Procapra picticaudata) et un Mouflon (Ovis ammon) peuplent les steppes d’altitude. Les Rongeurs sont également les hôtes typiques de la steppe. Ils vivent généralement en colonie pouvant atteindre un millier d’individus. Il convient de citer d’abord les Marmottes des steppes (Marmota bobac) et les Sousliks (Citellus citellus, C. suslicus, C. pygmœus...). Les Campagnols, les Hamsters, les Souris des steppes, les Gerboises, les Mérions sont également nombreux. Les genres Ellobius et Spalax, endémiques remarquables, forment un groupe très spécial. Ces Rongeurs, en effet, miment curieusement les Taupes. Leur vie est exclusivement souterraine, et leurs yeux sont réduits à l’extrême. Ce sont en outre des fouisseurs extraordinaires, puisque les galeries de leurs terriers s’enfoncent jusqu’à 4 ou 5 m de profondeur. Toute une faune de prédateurs est liée à ce peuple de Rongeurs, dont la pullulation se trouve ainsi contenue. La plupart des prédateurs sont des formes propres à cette région : un Renard du désert (Vulpes corsac), un Putois (Mustela Eversmanni), un Chat (Felis manul). Les Oiseaux les plus typiques sont l’Aigle des steppes (Aquila nepalensis), l’Aigle impérial (A. heliaca), la Buse (Buteo buteo), des Faucons (Falco tinnunculus, F. Naumanni, F. subbuteo, F. cherrug) et le Grand Duc. Beaucoup d’autres Oiseaux hantent encore les steppes. La Grande Outarde, l’Outarde canepetière, des Perdrix, des Cailles, des Gangas, des Alouettes, la Corneille mantelée. Les Reptiles sont relativement peu abondants. Signalons cependant une Vipère des steppes (Vipera ursini) et un énorme Orvet (Ophisaurus apodus).


Les déserts

Ils occupent en Asie de vastes espaces. Physionomiquement, il est parfois difficile de les séparer de la steppe. Leur faune diffère pourtant de façon assez nette de celle de la steppe. D’une façon très générale, les températures sont en hiver moins basses dans les déserts que dans la steppe. Elles s’élèvent, par contre, davantage en été dans les déserts. La température du sol atteint cependant des valeurs peu élevées. Enfin, la présence de massifs dunaires souvent très étendus donne un aspect bien spécial à ces immenses étendues. La faune doit à ces sables bon nombre de ses éléments propres, notamment des Insectes Ténébrionidés. En Asie, le Chameau* de Bactriane pénètre dans les déserts. Mais son cousin le Dromadaire le supplante dans les zones les plus arides (Syrie, Arabie, Iran, Afghānistān, Pakistan de l’Ouest et nord de l’Inde). En fait, Camelus bactrianus est surtout un animal de steppe qui supporte mieux le froid que la grande chaleur. Parmi les espèces les plus typiques des déserts de l’Asie, il faut citer l’Onagre des déserts d’Iran (Hemionus onager), l’Oryx d’Arabie (Oryx leucoryx), d’affinité africaine. Les Rongeurs forment toujours dans les déserts un élément important. Là, comme dans les steppes, nous trouvons beaucoup d’endémiques : le Lérot d’Arabie (Eliomys melanurus), le Mérion royal (Meriones rex), des Gerbilles (Gerbillus pœcilops et G. famulus), un Acomys doré (Acomys russatus). Certains éléments, enfin, sont communs aux déserts d’Asie centrale et au Sahara : la Gerboise (Jaculus jaculus) et un Psammomys (Psammomys obesus) par exemple. Parmi les prédateurs, nous notons deux Renards (Vulpes leucopus, V. famelicus), le Caracal et quatre espèces de Chats : le Chat de la jungle (Felis chaus), le Chat ganté (F. libyca), le Chat du désert (F. margarita) et un autre Chat (F. manul), faune que nous retrouvons en majeure partie au Sahara. Oiseaux et Reptiles présentent aussi beaucoup d’affinités avec la faune saharienne ; mais il existe de nombreux éléments propres à l’Asie. Le Podoces Panderi (et ses races) est sans doute l’espèce la plus typique. Nous signalerons également un Ganga (Pterocles orientalis), qui présente sur la face sternale, entre la peau et les muscles, une chambre remplie d’air. C’est à la faveur de ce dispositif que l’Oiseau aurait la possibilité de se reposer sur les sols surchauffés. De nombreuses espèces d’Alouettes, des Traquets, des Fauvettes, des Moineaux, des Saxouls (Passer ammodendri), des Pies-Grièches se maintiennent également dans ces déserts et sont, par places, abondants. Nous noterons encore l’Outarde du désert (Otis undulata) et quelques Oiseaux de proie : Aigle impérial, Aigle des steppes, Chevêche du désert.


Les montagnes

En Eurasie, elles ont un rôle important non seulement en tant que refuge pour beaucoup d’espèces menacées de disparition, mais aussi en tant qu’habitat de nombreux éléments originaux. Bien des groupes ont pu s’y différencier à l’extrême, notamment parmi les Insectes (Carabes). En Europe, le Chamois (Rupicapra rupicapra) et son vicariant pyrénéen, l’Isard, dont la distribution vers l’est ne dépasse pas le Caucase, peuvent être considérés comme endémiques. Le Bouquetin, par contre, est distribué dans toute l’Eurasie. Malgré l’apparition çà et là de races tout juste isolées, l’espèce demeure la même de l’Éthiopie à la Mongolie. La forme de l’Afghānistān, Capra Falconeri, constitue peut-être une espèce distincte. Parmi ces éléments montagnards de l’Asie, il convient de citer le Mouflon (Ovis ammon), quelques espèces de Marmottes et des Desmans. En Asie centrale, trois grands Ongulés sont habituellement considérés comme des éléments très caractéristiques des hauts plateaux. Ce sont le Yack (Poephagus grunniens), le Chiru (Pantholops Hodgsoni), Antilope à faciès de Saïga, et la Gazelle de Prjevalski (Procapra picticaudata). L’Once, ou Panthère des neiges (Panthera uncia), est un prédateur redoutable des Bouquetins et des Marmottes. Mais les éléments les plus remarquables s’observent dans l’Himālaya. Ce sont le Mouton bleu, ou Bharal (Pseudois nayaur), le Takin (Budorcas taxicolor) et trois Ongulés : le Goral (Nemorhœdus goral), le Thar (Hemitragus jemlahicus) et le Serow (Capricornis sumatraensis). L’Ours à collier (Selenarctos tibetanus), plusieurs Singes, le Grand et le Petit Panda figurent aussi parmi les espèces les plus intéressantes de l’Himālaya. Ajoutons que dans les montagnes de l’Asie se sont différenciés de nombreux Gallinacés, dont la Poule de Bankiva (Gallus gallus), ancêtre supposé de la Poule domestique. Une partie de la faune de ces montagnes est constituée par des éléments steppiques. Le Kiang, ou Hémione du Tibet (Hemionus kiang), un Souslik (Citellus relictus), des Gangas, un Agame (Phrynocephalus Theobaldi), qui se rencontre jusqu’à 5 400 m d’altitude, sont des exemples de cette faune subdésertique, qui conquiert les montagnes à la faveur des influences steppiques se manifestant parfois en altitude. De même se retrouvent dans certaines montagnes, les conditions écologiques étant parfois comparables, des éléments de la toundra ou de la taïga.