Fāṭimides (suite)
Sous les Fāṭimides, l’Égypte entretient des relations commerciales avec de nombreux pays, notamment l’Inde, l’Abyssinie et les villes d’Italie (Amalfi, Pise, Gênes, Venise). L’Inde lui fournit des épices, qu’elle exporte avec ses tissus en Europe. Celle-ci lui vend en échange du blé, du fer, du bois, de la laine et de la soie. Cette situation d’intermédiaire entre l’Europe et le Moyen-Orient assurera la prospérité de l’Égypte jusqu’à la découverte de la route des Indes à la fin du xve s.
Toutefois, cette prospérité ne profite qu’à une minorité de privilégiés. Le faste des fonctionnaires richement dotés contraste avec la misère de la grande majorité de la population. Ecrasé par l’impôt, le peuple égyptien reste à la merci des famines, dont l’Égypte souffre périodiquement dès que l’inondation du Nil est insuffisante et qui s’accompagnent, comme en 1054-55 et de 1065 à 1072, de troubles et d’épidémies.
La chute des Fāṭimides
Dans ces conditions, l’État fāṭimide ne jouit pas de l’appui de la population, dont la grande majorité reste fidèle au sunnisme. Ainsi, privé d’assises sociales, affaibli par les révoltes populaires et les troubles militaires qu’accusent les rivalités sociales au sein d’une armée composée de Berbères, de Turcs et de Noirs, l’Empire fāṭimide décline-t-il pour succomber dans la seconde moitié du xiie s. sous les coups des croisés. Le maître de Damas, Nūr al-Dīn, envoie à son secours une armée dirigée par Chīrkuh et Saladin (Ṣalāḥ al-Dīn). Chīrkuh obtient en 1169 l’évacuation du pays par les Francs et devient le vizir des Fāṭimides. À sa mort, la même année, son neveu Saladin lui succède à la tête de l’Empire. En 1171, il décide de mettre fin au califat fāṭimide, devenu une pure fiction, pour restaurer dans la vallée du Nil le sunnisme et la suzeraineté ‘abbāsside.
Les Fāṭimides laissent une réputation de constructeurs (fondation de deux capitales : Mahdia en Ifrīqiya et Le Caire en Égypte) et de tolérance en matière religieuse (plusieurs juifs et chrétiens purent accéder au poste de vizir).
M. A.
➙ Algérie / Chī‘isme / Égypte / Ismaéliens / Sunnites / Tunisie.
L. E. O’Leary, A Short History of the Fatimid Khalifate (Londres, 1923). / G. Wiet, l’Égypte arabe, t. IV : Histoire de la nation égyptienne, sous la dir. de G. Hanotaux (Plon, 1937). / V. A. Ivanov, Ismaili Tradition concerning the Rise of the Fatimids (Londres, 1942). / Manṣūr al-‘Azīzī, Vie de l’ustâdh Jaudhar (trad. de l’arabe, Carbonel, Alger, 1958). / S. M. Stern, Fatimid Decrees, Original Documents from the Fatimid Chancery (Londres, 1964).