Eure-et-Loir. 28 (suite)
Grand département agricole, l’Eure-et-Loir n’a longtemps été qu’un médiocre département industriel. Ses activités se limitaient à la transformation des produits locaux : meunerie, laiterie, sucrerie, laine et feutre, tanneries, fonderies, briqueteries. L’industrie est aujourd’hui son secteur le plus actif (51 700 emplois sur 124 000 en 1968, c’est-à-dire 42 p. 100 contre 39 p. 100 pour le secteur tertiaire et 19 p. 100 pour le secteur primaire). La mutation a été rapide (1954 : 27 p. 100 des emplois). Limitrophe de la région parisienne, bien desservi par le rail (Paris-Le Mans par Chartres, Paris-Granville par Dreux) et la route (nationale 10 Paris-Bayonne par Chartres et Châteaudun), le département a été en France l’un des premiers bénéficiaires de la décentralisation d’après guerre. Ses industries appartiennent à des branches très modernes de fabrication : mécanique de précision, électronique, chimie. Les chefs-lieux ont accueilli les principales : Chartres (lampes électroniques, récepteurs de radio et de télévision, accessoires automobiles, matériel de broyage). Dreux (tubes cathodiques, téléviseurs), Châteaudun (supports caoutchouc), Nogent-le-Rotrou (récepteurs de radio, climatiseurs). Mais elles ont gagné aussi les petits centres (Épernon, Senonches, Illiers-Combray, Brou, Cloyes-sur-le-Loir, Bazoches-les-Hautes), essaimé dans la vallée de l’Eure (Maintenon-Pierres, Nogent-le-Roi-Coulombs), revivifié la vallée de l’Avre (Saint-Lubin-des-Joncherets, Saint-Rémy-sur-Avre). Douze agglomérations urbaines sur dix-sept emploient dans l’industrie plus de la moitié de leur main-d’œuvre. Trente-trois entreprises comptent plus de 200 salariés, dont dix plus de 500. L’Eure-et-Loir est entièrement classé dans la zone V, dite « blanche », sans soutien de l’État, du régime des aides à la décentralisation.
La population, peu dense (57 hab. au km2 ; France, 95), est en croissance rapide (+ 11 p. 100 entre 1968 et 1975), soutenue à la fois par l’excédent naturel et les apports migratoires. En 1968, en baisse dans les campagnes (– 4 p. 100), elle se concentre dans les villes (taux d’urbanisation, 56 p. 100). Chartres, carrefour de routes au passage de l’Eure, important marché, centre administratif, religieux, artistique (cathédrale Notre-Dame), première concentration industrielle du département, connaît une forte expansion (72 246 hab. dans son agglomération ; + 16 p. 100 entre 1968 et 1975). Dreux (34 025 hab. en 1975) a progressé à un rythme exceptionnel. Suivent Châteaudun (16 113 hab.), Nogent-le-Rotrou (13 586 hab.), Bonneval (4 892 hab.). Le tracé des limites départementales regroupe heureusement autour de Chartres, bien centrée, un territoire naturellement écartelé entre Seine (par l’Eure) et Loire (par le Loir). Il sert moins bien la fonction régionale des autres villes, barrées en périphérie, dans leur rayonnement, par les départements voisins (Eure, Yvelines, Essonne, Loiret, Loir-et-Cher, Sarthe, Orne).
Y. B.
➙ Centre / Chartres.