eucharistie (suite)
Cependant, un certain retour s’opère aujourd’hui sur ces affirmations de Luther et Calvin grâce à l’affirmation du sacrifice « sacramentel » ou « en mémorial » (Leenhardt, Thurian), à laquelle les catholiques se rallient également. Touchant la présence réelle, le rapprochement, sans doute possible, paraît plus délicat. Si Luther a défendu la présence réelle, au sens de l’impanation, assez proche du sens traditionnel, Zwingli s’en est tenu à une présence spirituelle du Christ « dans le communiant ». Calvin, rejetant cette dernière position, est revenu à la présence réelle, où le pain et le vin sont « tellement signes que la vérité est jointe avec ». Il y a bien présence réelle dans les espèces, mais l’accent est mis sur la foi, et la durée de cette présence ne dépasse pas le moment de sa célébration. Si le protestantisme laissait de côté ses tendances zwingliennes, l’accord pourrait sans doute se réaliser entre chrétiens sur cette controverse qui entrave encore aujourd’hui les efforts vers l’unité chrétienne.
Communion et unité
La communion au corps et au sang du Christ est le rite essentiel et le but de l’eucharistie. Seule une déformation profonde du sens de la messe a pu conduire les fidèles, à certaines époques et dans certaines contrées, à se suffire d’une assistance spirituelle ou à s’abstenir de communier dans un sentiment d’humilité. L’eucharistie est le sacrement de l’unité. Non seulement tous les présents sont invités à communier, mais les absents sont considérés comme en communion avec les présents si des impossibilités diverses les retiennent au-dehors. C’est pourquoi il n’y avait, à l’origine, qu’un autel par église (c’est encore la règle en Orient) et qu’un seul office eucharistique par jour. Lorsque plusieurs prêtres sont présents, ils doivent normalement « concélébrer ». Cette coutume antique, toujours gardée dans l’orthodoxie, a été reprise dans le catholicisme depuis le deuxième concile du Vatican.
L’eucharistie a enfin une signification eschatologique. La plus ancienne prière eucharistique connue, celle de la Didakhê (fin du ier s.), l’exprime nettement : « Comme ce pain rompu, autrefois disséminé sur les montagnes, a été recueilli pour devenir un seul tout, qu’ainsi ton Église soit rassemblée des extrémités de la terre dans ton royaume » (Did., ix, 4). Comme la fête juive des Tabernacles, l’eucharistie a une signification de « rassemblement des exilés » : elle annonce et signifie la réunion de l’humanité entière en un seul corps, dans le royaume de Dieu.
B.-D. D.
➙ Christianisme / Jésus.
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