Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

L’exploitation forestière

La plus grande partie du bois coupé provient de quatre masses forestières. La forêt du Nord-Est (Nouvelle-Angleterre, nord des Appalaches), qui comprend feuillus et conifères (chêne, frêne ; pin, sapin, épicéa), fournit du bois de menuiserie et du bois à pâte (4 p. 100 de la production de bois des États-Unis). La forêt du Nord central, composée de résineux, donne des bois à pâte (5 p. 100 du bois). La sierra Nevada, le nord des plateaux, les chaînes du Nord-Ouest offrent leurs arbres géants : sapins de Douglas, séquoias, épicéas, pins et cyprès de l’Ouest. C’est la principale source de bois de construction et de menuiserie ; elle donne aussi du bois à pâte ; 58 p. 100 de la production totale viennent de cette forêt. Les États du Sud sont largement boisés, en chênes et pins surtout ; ce sont des peuplements secondaires plus ou moins denses, mais donnant des bois appréciés pour la construction et l’ébénisterie, ou la pâte à papier et la cellulose. Le Sud produit 33 p. 100 du bois des États-Unis.

C’est dans le Nord-Ouest que l’exploitation est la plus mécanisée (matériel de levage et de transport adapté, par nécessité, à la taille des arbres et au relief). Les bûcherons y sont souvent d’origine finnoise ou Scandinave. Le Sud se modernise plus lentement ; le gaspillage y était général avant la guerre ; en Louisiane et en Alabama, on a même pratiqué des coupes à blanc itinérantes avec scieries et villes provisoires. Dans les forêts du Nord et du Nord-Est, la coupe se faisait en hiver, il y a encore peu de temps (facilités de transport par traîneaux à chevaux, saison morte dans l’agriculture). Depuis que les routes sont entretenues en hiver dans ces régions, la coupe et le transport sont des opérations continues et totalement mécanisées.

Avec une coupe de 340 millions de mètres cubes par an, les États-Unis sont au deuxième rang, après l’U. R. S. S., mais avant le Canada.


L’agriculture

Par suite de l’extension en latitude de leur territoire, les États-Unis ont à la fois une agriculture de pays tempéré (blé, betterave à sucre, pomme de terre, bétail laitier) et une agriculture subtropicale (coton, riz, canne à sucre, arachide). Ils occupent les premières places dans le monde pour un grand nombre de denrées de ces deux types, la première pour le maïs, le soja, le tabac, le coton, les agrumes, le lait ; la deuxième pour le blé, la betterave à sucre ; la troisième pour l’arachide. Par contraste, la place de l’agriculture ne cesse de décroître dans l’économie ; les produits agricoles arrivent au deuxième rang en valeur, mais loin derrière l’industrie ; la population agricole n’est plus que de 5,4 p. 100 de l’effectif total (30 p. 100 en 1920), et il n’y a plus que 3 millions de fermes (6,5 millions en 1920).

• Territoire cultivé et population agricole. La superficie du territoire cultivé n’a pas été affectée par le recul rapide de la population agricole et du nombre des fermes. Elle s’est même accrue jusqu’en 1953 ; elle est encore plus étendue aujourd’hui (4,4 millions de km2 ; 8 fois la France) qu’en 1920 (3,8). En conséquence, la superficie moyenne de l’exploitation est passée de 59,5 ha en 1920 à 156 en 1974. Elle est plus petite dans les vieilles régions de l’Est : 57 à 73 ha dans la plaine atlantique, le Piedmont, la Nouvelle-Angleterre (38 dans le Rhode Island) ; elle est comprise entre 160 et 200 ha dans les plaines à l’ouest du Mississippi et sur la côte pacifique ; elle dépasse 800 ha dans les plateaux intérieurs (Nevada et Wyoming, plus de 1 500).

Jusqu’en 1940, l’exode rural n’a porté que sur des excédents, la population agricole variant peu en nombre absolu (entre 30 et 32 millions). Le déclin s’est précipité après 1940 : 23 millions en 1950, 15,6 en 1960, 10 en 1968. Le Sud a été particulièrement affecté par l’exode (3 millions d’exploitations en 1940, 1 million aujourd’hui).

Près des deux tiers des agriculteurs sont propriétaires de leur exploitation ; un sixième, locataires partiels ; un sixième, locataires. Le fermage est surtout développé dans le Sud. Une grande diversité de statuts économiques et sociaux existe. La ferme familiale est souvent un ancien homestead (lot de colonisation de 65 ha selon la loi de 1862) agrandi par achat ou location. La pauvreté ou la prospérité d’une région agricole s’exprime par la proportion de fermes vendant pour plus de 10 000 dollars, limite de rentabilité d’une exploitation familiale commerciale ; le Kentucky et la Virginie-Occidentale, dont l’agriculture est fort retardataire (hillbillies), n’en comptent respectivement qu’une sur dix et une sur vingt, mais l’Iowa en dénombre une sur deux ; dans la riche Californie, un quart des fermes vendent pour plus de 40 000 dollars. Dans l’ensemble des États-Unis, cette dernière catégorie progresse rapidement aux dépens des classes inférieures. Le sidewalk farmer est un agriculteur qui habite en ville et se rend à son travail en auto. Le suitcase farmer est une sorte d’entrepreneur de travaux agricoles (labours, semailles, moissons) qui se déplace sur de grandes distances, par exemple entre la zone du blé d’hiver (Kansas) et celle du blé de printemps (Dakotas, Montana).

• Caractères de l’agriculture. Illustrée par le partage des plaines en zones spécialisées, Dairy Belt, Corn Belt, Wheat Belts, Cotton Belt, la monoculture est regardée comme un trait caractéristique de cette agriculture, quoique la monoculture du maïs et du coton ait fait place à une économie plus diversifiée et que de vastes régions aient toujours pratiqué la polyculture. Il est vrai que de nouvelles monocultures sont apparues : agrumes en Floride, riz en Louisiane et en Arkansas, arachides dans la plaine atlantique.

Autre trait majeur, la haute productivité qui, îlots de pauvreté rurale mis à part, repose sur la sélection des espèces végétales et animales, l’emploi croissant des engrais, l’irrigation, même dans des régions de pluviosité suffisante, la mécanisation enfin. Chaque ferme dispose en moyenne d’une auto, d’un camion, de deux tracteurs. L’exode rural et l’accroissement de la taille des exploitations, l’absence de main-d’œuvre salariée (sauf dans les vergers et vignobles de Californie et les grands domaines du Texas) ont accéléré la mécanisation. Les machines, qui accomplissent les tâches les plus variées, exigent une adaptation morphologique et biologique des plantes (recherches en génétique).