Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

La marque des climats actuels : végétation et sols

La carte des paysages végétaux reproduit celle des climats, avec l’opposition entre l’Ouest et le reste du pays. Toutefois, le Centre doit être mis à part, parce qu’on y rencontre tous les degrés de transition entre les paysages de l’Est humide et ceux de l’Ouest aride.

Dans l’Ouest, les montagnes très arrosées (Cascades, nord des Chaînes côtières et de la sierra Nevada) portent une forêt luxuriante de conifères géants (sapin de Douglas, épicéa d’Engelmann, séquoia), alors que, dans les montagnes subhumides (Rocheuses, sud de la sierra Nevada, Wasatch), des pins ou des épicéas alternent selon l’altitude et l’exposition. Le sol est fortement podzolisé (conifères, précipitations abondantes). Les montagnes semi-arides (Arizona, chaînons du Nevada) portent des forêts claires, de plus en plus xérophiles vers le sud (pins, genévriers), sur des lithosols et des seroziom (sols gris subdésertiques).

Les bassins intérieurs, caractérisés par une sécheresse extrême, se couvrent d’une steppe à armoise au nord, tandis qu’un désert à épineux règne dans la région du bas Colorado, et le sud de l’Arizona. Le chaparral, sorte de maquis à chênes xérophiles semper virens et à plantes grasses et épineuses, garnit les Chaînes côtières de Californie et les bas versants encadrant la Vallée Centrale, dont le sud était une maigre steppe avant l’irrigation. Les sols de type désertique, gris au nord, rouges au sud, passent aux solonets (sols salés) dans le Nevada et le sud de la Vallée Centrale.

Entre les Rocheuses et le Mississippi, les formations naturelles comprennent des prairies et des steppes à graminacées, denses et hautes à l’est, de plus en plus basses et ouvertes vers le pied des Rocheuses. Remontant les vallées affluentes du Mississippi, des sortes de forêts-galeries sont composées d’espèces de plus en plus xérophiles vers l’ouest. Les types de transition, dans lesquels alternent prairie haute, forêt de chênes, de noyers ou de trembles et prairie boisée, sont plus fréquents près du Mississippi. Une limite d’aridité, correspondant à 500 mm au nord et à 750 au sud, voisine du 100e méridien, sépare les sols à percolation (pedalfers) de la partie humide du pays et les sols à remontées minérales (pedocals) de l’Ouest. Les sols noirs ou brun foncé de la prairie haute appartiennent au premier groupe, et le tchernoziom de la transition à la steppe ainsi que les sols châtains des Grandes Plaines arides au second.

Trois grandes formations forestières couvrent le tiers est du pays. La forêt mixte canadienne (conifères boréaux et arbres à feuilles caduques) déborde sur la Nouvelle-Angleterre, les Adirondacks, le nord des Appalaches et surtout la région des Grands Lacs. C’est une des grandes réserves de bois des États-Unis. Plus au sud, du haut Mississippi à la côte moyenne atlantique, s’étend la forêt caducifoliée de chênes, de hêtres, de noyers, d’érables, de tilleuls, de tulipiers, de frênes. Sauf dans les Appalaches, elle a été presque entièrement défrichée (en Illinois, une enclave naturelle de prairie dans cette forêt a joué un rôle capital dans l’histoire du peuplement). Du Texas à la Virginie, le Sud possède encore de grandes forêts d’espèces subtropicales de chênes et de pins, souvent dégradées par abus d’exploitation en forêts ouvertes de pins. Les sols, d’un type podzolique accentué dans la forêt mixte, passent aux sols gris-brun et bruns forestiers dans la forêt tempérée caducifoliée, puis à des latosols subtropicaux, rouges et jaunes, dans le Sud.

Il faut encore mentionner les associations des vallées inondables du Sud (Mississippi notamment), les forêts de pins et de cyprès des côtes marécageuses de l’Atlantique et du Golfe ainsi que la mangrove tropicale de l’extrême sud de la Floride.

P. B.


L’histoire des États-Unis


L’émancipation des colonies britanniques d’Amérique du Nord

Au début du xviie s., l’Angleterre ne possède pas de colonies dans le Nouveau Monde. Une première tentative d’implantation vient d’échouer : la métropole n’est pas assez puissante, ni l’outre-mer assez attirant. En 1763, au terme de la guerre de Sept Ans, l’empire nord-américain de l’Angleterre s’étend de la côte atlantique à la vallée du Mississippi, de la Floride à la baie d’Hudson.


La fondation des colonies

Au cours de ces cent cinquante ans, l’Angleterre a fondé des colonies de peuplement. La Virginie et la colonie de Plymouth, absorbée par le Massachusetts en 1691, groupent 2 000 Blancs en 1625, 50 000 en 1640 et 450 000 en 1715. En 1775, on évalue la population à 3 millions d’habitants. En 1790, le premier recensement attribue à la jeune République 4 millions d’habitants.

Pour expliquer cet afflux d’immigrants, on invoque : le surpeuplement de l’Angleterre, qui tient à des raisons économiques et sociales ; la recherche de l’or, qui, au xvie s., a poussé les explorateurs sur la route des Indes ; la volonté d’une puissance protestante de combattre l’influence catholique des Espagnols et des Français. Quelques précisions sont nécessaires.

L’Angleterre du xviie s. traverse une profonde crise religieuse. Aussi les groupes minoritaires ou menacés recherchent-ils la terre sur laquelle ils pourront bâtir la nouvelle Sion (puritains mécontents des réformes de l’archevêque William Laud ; anglicans persécutés par Cromwell ; catholiques en butte aux mesures antipapistes ; dissidents de toutes sortes).

Mais, chez les uns et les autres, les préoccupations économiques ne sont pas absentes. Les puritains sont des commerçants et des artisans avisés qui émigrent après une crise grave dans le textile. Les quakers espèrent tirer profit de la mise en valeur de la Pennsylvanie. Les presbytériens d’Écosse et d’Irlande fuient le système d’exploitation des terres. Beaucoup de paysans, réduits à la misère par le mouvement des clôtures, se vendent au capitaine d’un navire et remboursent leur dette une fois arrivés en Amérique. Enfin, des compagnies commerciales drainent les ressources disponibles et les investissent outre-mer ; elles poussent ainsi à la colonisation.

Les colonies d’Amérique sont, dans une certaine mesure, une anti-Angleterre. Cependant, le seul idéalisme n’explique pas l’immigration, qui est la conséquence également des troubles économiques et sociaux d’une Angleterre en pleine mutation.