Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

L’Est et le Centre

Le socle précambrien n’affleure largement que dans la région du lac Supérieur (partie du bouclier canadien), en Nouvelle-Angleterre, dans les Adirondacks et dans le Piedmont appalachien ; dans les monts Ozark et les Black Hills, il pointe à travers la couverture sédimentaire. Entre Rocheuses et Appalaches, celle-ci comprend un empilement de terrains d’âge primaire au centre et à l’est, d’âges secondaire et tertiaire à l’ouest. La structure calme donne un relief de très vastes plaines et de cuestas (coteau du Missouri, cuesta Michigan-Niagara franchie par les chutes célèbres). Les bassins du Mississippi, du Missouri et de l’Ohio occupent ces plaines centrales. La couverture sédimentaire est plissée dans les monts Ozark-Ouachita (à peine 800 m) et se relève dans les plateaux Allegheny et de Cumberland (500 à 800 m), qui appartiennent déjà aux Appalaches*. Entre ces reliefs et la mer s’étend la plaine côtière du golfe du Mexique et de l’Atlantique ; elle est formée de sédiments tertiaires et d’alluvions quaternaires, les premiers donnant un système de cuestas.

Le littoral comprend de gigantesques estuaires composites (baies Delaware et Chesapeake), le delta digité du Mississippi et surtout des lagunes isolées de la mer par des cordons de sable (Pamlico Sound, côtes du golfe du Mexique).


L’empreinte des climats anciens et actuels


Conséquences géographiques des climats quaternaires

Au cours de quatre périodes humides et froides (Nebraska, Kansas, Illinois, Wisconsin), des inlandsis et des glaciers de montagne ont couvert près de la moitié du territoire des États-Unis. La glaciation Illinois a été la plus étendue (jusqu’à une ligne Williston-Saint Louis-New York) ; les formes de la dernière sont les plus fraîches. Dans les plaines centrales, les glaciers ont déposé des champs de drumlins et des guirlandes morainiques, comme les bourrelets parallèles qui entourent le sud du lac Michigan. La forme même des Grands Lacs est en partie héritée de celle d’anciens lobes glaciaires. L’Ohio et le Missouri ont adapté leur cours au front glaciaire Illinois. Dans les régions septentrionales, le socle précambrien a été raclé par la glace (roches moutonnées) et ses débris, mêlés parfois à des matériaux sédimentaires (calcaires), étalés jusqu’au front de l’inlandsis (drift).

Les cordillères de l’Ouest et le nord des plateaux n’ont pas échappé aux glaciers, qui ont sculpté cirques et vallées glaciaires dans les premières, et désorganisé l’hydrographie dans les seconds (Grand Coulee, ancien passage du fleuve Columbia détourné de son cours normal par un lobe glaciaire).

Aux périodes glaciaires a succédé une phase sèche, responsable de la désertification de l’Ouest. Le Grand Lac Salé est l’héritier d’un Lac Bonneville postglaciaire, dix fois plus étendu et qui se déversait dans la Snake ; les lacs de l’ouest du Nevada sont les témoins d’un ancien lac Lahontan.


Les climats actuels

La plus grande partie du territoire est située aux latitudes où domine la circulation d’ouest, caractérisée par le jet-stream en altitude et les perturbations du front polaire au niveau du sol. Un grand nombre de perturbations naissent au pied des Rocheuses et se développent sur la côte atlantique ; aussi les précipitations augmentent-elles de l’ouest à l’est dans cette partie des États-Unis. La côte pacifique est également exposée aux perturbations d’ouest, tandis que les plateaux intramontains et les Grandes Plaines, sous le vent des reliefs, sont très peu arrosés. La position moyenne du front polaire variant selon les saisons, les perturbations circulent plutôt au sud en hiver et au nord en été, avec des exceptions fréquentes. En été, des pluies orageuses de convection se produisent dans le Sud et le Sud-Est, qui sont soumis en fin d’été et en début d’automne au passage des typhons tropicaux.

À l’est des Rocheuses, le relief permet la libre circulation de l’air polaire et arctique vers le sud ou de l’air tropical vers le nord ; d’où le caractère brutal et contrasté du climat des plaines centrales. Le rôle climatique des mers bordières, modérateur dans le Nord-Ouest, est surtout négatif ailleurs par suite des courants froids : l’été reste frais sur les côtes de Nouvelle-Angleterre (courant du Labrador) et même sur celles de Californie (remontée d’eaux de fond).

Les climats de l’Ouest (dont la limite se situe vers le 100e méridien), à la bordure est des Grandes Plaines) sont caractérisés par une aridité plus ou moins accusée, sauf dans le Nord-Ouest. La côte de cette région jouit en effet d’un climat tempéré maritime comparable à celui de l’Europe occidentale. La chaîne des Cascades doit à son altitude et à son exposition des précipitations considérables (jusqu’à 3 et 4 m, en partie sous forme de neige). La Californie a un climat de type méditerranéen ; les pluies, peu abondantes, tombent surtout en hiver ; l’été est sec et torride dans la Vallée Centrale (moyenne de juillet : 28,5 °C à Bakersfield), frais et souvent brumeux sur une très mince bande côtière (moins de 15 °C à l’orée de la baie de San Francisco). Les plateaux intérieurs et les Grandes Plaines, très peu arrosés, sont désertiques dans le Sud du fait des températures élevées (celles-ci peuvent rester des semaines au-dessus de 38 °C à Yuma et à Phoenix, dans l’Arizona ; maximum absolu mondial : 56,6 °C dans la Vallée de la Mort, en Californie) et semi-arides dans le Nord (dans le nord des Grandes Plaines, envahi par l’air arctique, l’hiver est très froid : – 14,4 °C en janvier à Williston, dans le Dakota du Nord). Les hautes montagnes, surtout les versants exposés à l’ouest, reçoivent des précipitations notables (de 1,5 à 2 m dans le nord de la sierra Nevada), ce qui en fait les châteaux d’eau de ces régions arides.

Les climats de l’Est sont de plus en plus humides vers le sud-est, effet combiné de l’activité dépressionnaire augmentant vers l’est et de l’influence croissante des conditions tropicales vers le sud. Le nord des plaines centrales est soumis au climat continental humide. Dans la région des Grands Lacs (Marquette), les hivers sont froids, les étés frais, et la saison sans gelée est courte (de 100 à 150 jours) ; l’exploitation forestière et l’élevage s’y développeront mieux que l’agriculture. Dans le centre des plaines intérieures (Peoria), l’été est humide et très chaud ; on compte de 160 à 200 jours sans gelée ; c’est le climat du maïs. Sur la côte atlantique, le temps est très instable par suite de l’activité dépressionnaire ; en hiver alternent invasions d’air continental très froid et afflux d’air océanique relevant les températures ou apportant de la neige (abondante en Nouvelle-Angleterre). Le climat subtropical humide (Galveston) règne dans le Sud : hiver doux (plus de 240 jours sans gelée), été très chaud et moite, avec des pluies abondantes et parfois le passage dévastateur des typhons. C’est le climat du coton, du riz, de la canne à sucre. L’extrême sud de la Floride appartient au climat tropical (Miami) : température presque toujours supérieure à 20 °C ; pluies copieuses, tombant surtout en été et en automne.