Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

La zone alpine

Elle n’est pas uniforme. Deux éléments la composent : le plateau bavarois et les Préalpes calcaires. Le Danube coule presque en étranger au contact du bassin de Souabe-Franconie et du piémont alpin ourlé par les moraines. Le piémont est solidaire de la montagne. La Bavière porte l’empreinte alpine, ce qui l’individualise.

• Les Préalpes. L’Allemagne ne possède qu’une mince frange de Préalpes calcaires du Nord. Le paysage est grandiose, traduisant l’effort tectonique tertiaire. Des murailles calcaires dominent les vallées étroites. Les glaciers sont pratiquement absents de la partie allemande des Alpes. Par contre, au Quaternaire, ils ont sculpté des cirques, des replats, et surcreusé les vallées. Les lacs, même ceux du plateau, sont liés à la morphogenèse glaciaire. Malgré la petitesse de la frange alpine, trois nuances régionales peuvent être distinguées. Les Allgäuer Alpen sont axées sur le bassin de l’Iller. Les surfaces mollement ondulées correspondent aux affleurements argileux. Du nord au sud, molasse, flysch et calcaire déterminent des pentes de plus en plus fortes. Les calcaires ont été portés à plus de 2 000 m et sont découpés en arêtes et crêtes. Aux altitudes plus basses, les longues pentes douces favorisent les herbages, qui font l’originalité de l’Allgäu. Les Alpes bavaroises, stricto sensu, sont limitées par le Lech à l’ouest et l’Inn à l’est. La montagne domine l’avant-pays par des versants abrupts, alors qu’à l’intérieur les paysages présentent plus de douceur. À l’est de l’Inn, les calcaires violemment plissés l’emportent et donnent des paysages sauvages et grandioses. Les vicissitudes tectoniques ainsi que le réseau hydrographique ont élaboré un quadrillage de vallées et dépressions qui ouvrent la montagne sur l’avant-pays. De ce fait, la mise en valeur a été précoce. La troisième nuance correspond aux Berchtesgadener Alpen, dont l’aspect tranche avec les régions précédentes. L’énorme masse de calcaires, plissée par la tectogenèse tertiaire, a été la proie de l’érosion. Les formes karstiques couvrent de vastes étendues (Steinernes Meer). Les sites grandioses rappellent les Alpes de Salzbourg toutes proches. C’est sur l’Obersalzberg, d’accès difficile, qu’Adolf Hitler avait établi sa retraite favorite, son « nid d’aigle ».

• Le plateau. Les glaciations alpines ont atteint, à l’ouest, le lac de Constance. Ses 252 m de profondeur sont dus au surcreusement glaciaire. Les glaciations ont laissé des traces profondes, quoique inégales, sur le plateau ou piémont bavarois. Günz, Mindel, Riss, Würm sont des rivières bavaroises ayant donné leur nom aux quatre glaciations alpines. C’est à l’époque Riss que les masses glacées ont atteint leur maximum d’extension, atteignant les bords du Danube actuel. Au Würm, par contre, les glaciers ont à peine dépassé les vallées alpines. Les oscillations glaciaires ont contribué à diversifier la topographie et à introduire une large variété pédologique. La vallée du Danube est flanquée d’un système de terrasses fluvio-glaciaires entaillées par ses affluents. La basse vallée est en partie mal drainée et occupée par des marécages (Donauried). Des accidents tectoniques ont donné naissance, vers l’aval, au Dungau partiellement saupoudré de lœss. Ailleurs, les tourbières ne sont pas absentes ; on les appelle Ried dans la zone du parler souabe, à l’ouest, et Moos en Bavière. À l’arrière des terrasses, le paysage ondulé correspond à la topographie glaciaire des moraines. Les barrages morainiques ou le surcreusement glaciaire arrêtent les eaux, qui s’étalent en vastes lacs (Ammersee, Starnberger See [ou Würmsee]). Les moraines les plus fraîches sont localisées à proximité de la montagne. L’altitude augmente au fur et à mesure qu’on s’approche des Alpes, et l’influence de la montagne se lit davantage dans les paysages. La couleur des forêts et des pâturages bien soignés ajoute au pittoresque, à l’approche des massifs calcaires qui se profilent à l’arrière-plan.


Le climat

L’Allemagne fédérale est le lieu d’affrontement des influences océaniques et continentales. Leur puissance respective détermine les types de temps. En hiver, l’anticyclone de Sibérie étend ses masses d’air froid sur l’Europe centrale, provoquant de belles journées ensoleillées, mais froides. Au contact avec l’air océanique humide se produisent les chutes de neige. En été, les hautes pressions des Açores amènent un air tiède et humide. L’automne voit l’arrivée des dépressions d’Islande, avec leurs abondantes pluies. L’intrusion d’air tropical, en été, peut provoquer des périodes de sécheresse, exceptionnelles pour ces latitudes. L’instabilité des masses d’air est cause du caractère changeant des conditions météorologiques. Les contacts entre masses d’air de nature différente se font le long de fronts, où, sur peu de kilomètres, les conditions thermiques et pluviométriques peuvent changer en peu de temps. Les nuances régionales sont nombreuses ; elles sont dues, en partie, au morcellement du relief ou aux directions dominantes de celui-ci.

La plaine du Nord présente des conditions nettement océaniques. Les températures de janvier sont douces (compte tenu de la latitude) : 0,3 °C en moyenne à Hambourg. Les étés ne sont pas très chauds (17,1 °C dans la même station). Le nombre de jours de gel, de l’ordre de 65 par an en moyenne sur le littoral, a tendance à augmenter vers l’intérieur. Les précipitations oscillent aux alentours de 750 mm. C’est leur répartition qui fait attribuer à ces régions le caractère humide ou pluvieux (198 jours de pluie à Hambourg). Les conditions climatiques favorisent la vocation herbagère de l’Allemagne du Nord.

Würzburg (179 m d’altitude) peut être pris comme exemple de conditions climatiques des régions basses de la moyenne montagne. La moyenne de janvier est de – 0,1 °C ; celle de juillet de 18,3 °C. Le nombre de jours de gel est de 81 par an. Les pluies subissent l’influence de la situation de vallée. Avec 560 mm, elles correspondent aux régions basses des massifs anciens. Juillet est le mois le plus pluvieux, ce qui dénote une influence déjà continentale. Les précipitations s’étalent sur 171 jours. Ainsi les étés sont plus chauds que dans le Nord et le caractère pluvieux est moindre.