Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

La moyenne montagne ne présente pas un aspect continu et homogène. Le Massif schisteux rhénan est l’élément essentiel, mais offre des paysages variés. Il se fractionne, grâce au découpement dû aux vallées et, secondairement, à la nature des roches, en une série d’unités naturelles : Eifel, Hunsrück, Taunus, Westerwald, Siebengebirge, Bergisches Land, Sauerland, Siegerland. Les vallées entaillent profondément les massifs, ce qui n’exclut pas la formation de méandres pittoresques et grandioses. Moselle, Rhin, Lahn, Sieg, Wupper, Ruhr font affleurer les roches essentiellement schisteuses. Les sommets correspondent à des arêtes formées de roches plus dures, les quartzites. L’orogenèse hercynienne a été suivie par une phase de pénéplanation. L’altitude actuelle est le résultat de soulèvements inégaux datant du Tertiaire ; bien des compartiments ont vu continuer ces derniers jusqu’au début du Quaternaire. Les mouvements tertiaires ont été accompagnés d’effondrements et de manifestations volcaniques. Dômes, coulées basaltiques, plateaux de tufs ont déterminé les paysages souvent pittoresques de l’Eifel oriental, des Siebengebirge et du Westerwald. Rhön et Vogelsberg sont des constructions volcaniques, rappelant le Cantal. L’Eifel reste, peut-être, la région la plus originale. À côté des volcans, deux autres formes contribuent à l’originalité de ses paysages. Ce sont d’abord les Maare (régions de Daun et du Laacher See), dépressions circulaires provenant de l’effondrement et de l’explosion du socle schisteux. La plupart d’entre eux sont remplis d’eau et bordés d’un cratère constitué par des roches volcaniques non consolidées. En contrebas des Maare et volcans de l’Eifel oriental s’étendent, surtout dans le bassin de Neuwied, des masses énormes de tufs non consolidés, le Bims des géologues. Les tufs forment un tapis épais de plusieurs mètres. Des restes de civilisations préhistoriques ont été trouvés dans certaines couches. Le Bims constitue un matériau de construction (agglomérés) léger, résistant et bon marché. Son extraction donne lieu à une véritable industrie autour de Mayen et de Neuwied. La complexité morphologique contribue au pittoresque et à la variété des paysages, qui favorisent le développement touristique.

Les autres massifs anciens sont d’ampleur moindre. Le Harz (partagé entre les deux Allemagnes), vu de la plaine du Nord, est comparable à une gigantesque île. Les sommets forment plus un plateau qu’une montagne. L’impression de relief procède, surtout, de l’encaissement des vallées. À l’origine, le massif était couvert d’un manteau forestier presque continu. La profonde minéralisation du socle explique la richesse et la variété des minerais (fer, étain, cuivre, argent, zinc, etc.). C’est le type du massif minier. L’extraction est relativement ancienne ; le Harz est évoqué, dès le xe s., comme région minière. La prospérité survint au xvie s. La mine s’appelle en allemand Bergwerk (« l’établissement dans la montagne »), et le mineur Bergmann. C’est ici que bien des aspects de la technique minière ont été mis au point, de même que des expressions du vocabulaire minier.

La Forêt-Noire est la réplique des Vosges. Plus élevée au sud, elle voit affleurer les roches cristallines dans le sud, les grès épais dans le nord. La lente descente de ces derniers est interrompue par le couloir d’effondrement du Kraichgau, importante zone de passage entre le fossé rhénan et le Wurtemberg.

Les surfaces gréseuses reprennent au nord et déterminent l’Odenwald, qui fait le lien avec les massifs entourant le Main.

Entre l’Odenwald et le Taunus se dessine une zone déprimée, la Wetterau. Bien encadrée par la montagne, elle est une des grandes voies de passage vers l’est et le nord (Hanovre, Hambourg, Berlin). C’est aussi un « bon pays » aux sols variés et riches et au climat favorable. Elle est un élément de la hessische Senke (dépression de Hesse), dont le socle triasique affaissé a été, en partie, recouvert par des formations tertiaires comprenant des lignites. L’évolution quaternaire a déterminé, localement, la formation de lœss. C’est dans les environs plus élevés, le hessisches Bergland, qu’est né le monde des gnomes (Zwerge) des frères Grimm.

La vallée du Rhin présente, dans le monde hercynien, deux aspects. Dans le sud, le fossé rhénan est partagé entre la France et l’Allemagne fédérale. Encadré par deux blocs soulevés (Vosges et Forêt-Noire), il présente trois paysages qui se déroulent parallèlement au Rhin. La basse vallée, mal drainée, a vu la correction du cours d’eau dans la seconde moitié du xixe s. Elle est dominée par une terrasse caillouteuse, la Hardt (ou Haardt), abandonnée à la forêt le plus souvent. Plus à l’est, l’aspect de plaine ondulée domine. Saupoudrée de lœss, elle n’est interrompue que par les cônes alluviaux dus aux cours d’eau issus des massifs tout proches. En bordure de la montagne, le troisième niveau est formé par les collines aux versants en glacis correspondant aux paquets de couches effondrées lors de l’élaboration du fossé. Celui-ci correspond à une zone de subsidence, dont le centre de gravité se situe dans le bassin de Mayence. Le pays des collines est marqué par le vignoble (Weinstrasse). Jadis, à l’époque de l’insécurité, le trafic passait le long de la bordure de la montagne, ce qui explique la vitalité de cette zone.

Le second aspect, plus grandiose, s’offre au passage du massif schisteux par le Rhin. La « trouée héroïque » de Bingen amène un rétrécissement de la vallée. Les restes de terrasses fluviales s’accrochent aux flancs schisteux dominés par la surface ondulée du plateau. À partir de Bonn, la vallée s’élargit, menant vers la grande plaine du Nord.

Le bassin de Souabe-Franconie appartient au monde hercynien. Il ne s’agit pas d’un bassin au sens topographique, mais seulement géologique. Sa forme quasi triangulaire est délimitée par le Danube au sud, le Main au nord et la Forêt-Noire à l’ouest. L’ensemble sédimentaire a été affecté par des accidents tectoniques qui ont déterminé les principaux reliefs actuels. Le fait marquant est une sorte de S gigantesque, partant des environs de Bamberg pour s’effacer sur les premiers contreforts de la Forêt-Noire. De Bamberg jusqu’au Ries, vaste dépression circulaire d’origine tectonique, la cuesta prend le nom de Fränkische Alb. Sa continuation vers l’ouest prend l’appellation de Schwäbische Alb. Aux approches de la Forêt-Noire, elle dépasse 1 000 m d’altitude. Le Danube coule sur le revers de cette dernière. Les différences lithologiques, les tracés hydrographiques délimitent de petites unités naturelles qu’en Souabe on appelle Gau ou Gäu ; Klettgau, Strohgäu. Des buttes témoins, restes des plateaux précèdent les cuestas. Sur l’une d’elles, près d’Hechingen, se trouve le château des Hohenzollern, berceau de la célèbre dynastie. Pays des cuestas et des plateaux, le « bassin » de Souabe-Franconie est appelé Stufenland (Stufe = cuesta = côte).

Par ses altitudes, cette région fait transition avec la montagne moyenne. Plongeant vers le sud, elle fait aussi le raccord avec la troisième grande région morphologique de l’Allemagne fédérale : la zone alpine.