Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

entreprise (suite)

Depuis quelque temps, on a cherché à étudier la firme sous un angle plus pragmatique et sans disposer d’une théorie proprement dite. On a ainsi élaboré un outil d’analyse rendant possibles des solutions concrètes. Il faut remarquer que c’est grâce aux concours de spécialistes de différentes disciplines — économistes, économistes d’entreprises, psychologues, sociologues, spécialistes de l’organisation — que l’on est arrivé à bâtir un appareil conceptuel permettant de saisir la firme dans sa vie interne et dans ses relations avec l’environnement. C’est en ce sens que la théorie de la firme fait partie de l’ensemble scientifique plus vaste qu’est la théorie des organisations.


L’entreprise expression d’une volonté

L’entreprise est un ensemble d’hommes mus par des motivations économiques ou monétaires. Ces hommes travaillent avec des moyens : les capitaux.

Ce complexe a été voulu dans un but déterminé par un ou des hommes qui sont les entrepreneurs*. Cette notion de volonté, qui est à la base de l’entreprise, a été longtemps considérée comme évidente. L’histoire récente des grosses entreprises nous fait constater qu’elle ne l’est pas : certaines entreprises n’ont plus de véritable chef à leur tête et perdent ainsi peu à peu leur raison d’être essentielle : faire du profit. La fonction d’entrepreneur, longtemps dévalorisée, reprend maintenant ses droits de cité avec les « managers ».

Le rôle de la direction générale sur les décisions de l’entreprise a une telle importance qu’il est nécessaire d’examiner les méthodes nouvelles de direction, et très particulièrement la circulation de l’information dans l’entreprise ainsi que l’échange de l’information avec l’environnement.


L’entreprise système informationnel

L’entreprise moderne est un carrefour qui reçoit un nombre considérable d’informations qui sont traitées et rediffusées à l’intérieur et vers l’extérieur. La tâche primordiale d’une direction générale consiste à mettre en place un réseau de communications : celui-ci lui permettra de saisir l’information provenant de l’environnement et d’émettre l’information vers cet environnement, de faire passer les directives à l’intérieur de la firme et d’être informée de l’impact de ces directives et de ce qui se passe dans l’entreprise. On peut, à la limite, penser que ce qui fait la différence, de nos jours, entre une entreprise dynamique et une entreprise qui ne l’est pas, c’est la qualité des réseaux informationnels mis en place par les dirigeants.


L’entreprise et la communication avec l’environnement

L’entreprise est consommatrice d’informations en provenance de l’extérieur : elle doit connaître la législation, le climat social et syndical, découvrir les opportunités du marché, être informée de l’évolution technique, de l’état du marché financier, etc. Elle est, d’autre part, émettrice elle-même d’informations vers l’administration fiscale, les banques, le marché, etc. Pour traiter l’information destinée à ces diverses entités extérieures ou en provenant, les firmes ont été amenées à mettre en place des services de traitement de l’information très spécialisés, qui constituent pratiquement le gros des services dits « fonctionnels ».


L’entreprise et son réseau informationnel interne

Dans l’entreprise du xixe s. ou encore, de nos jours, dans la petite entreprise, la direction générale est au courant et décide de tous les problèmes. Mais l’évolution de la taille des firmes, la complexité et la spécialisation des tâches ainsi que la nécessité d’un développement continu ont obligé les grandes entreprises à se doter de procédures de prises de décisions radicalement différentes. Il a fallu d’abord donner plus d’autonomie à chaque responsable. Il a été également nécessaire de raccourcir les circuits de décisions.

L’essentiel de cette philosophie se retrouve dans ce que l’on appelle aujourd’hui la direction participative par objectifs (D. P. O.). La direction participative par objectifs est non seulement un système d’informations, mais aussi un outil permettant d’intégrer les différents besoins des hommes qui composent l’entreprise, de les satisfaire, et cela dans un objectif d’accomplissement de la tâche propre de l’entreprise. Elle s’appuie sur la constatation que les hommes ont un certain nombre de besoins (par exemple, selon A. H. Maslow, des besoins physiologiques, des besoins de sécurité, de liens sociaux, d’estime et d’accomplissement).

Elle part aussi de plusieurs hypothèses.

• Une entreprise fonctionne d’autant mieux qu’elle a des objectifs précisément fixés (détermination des objectifs par la direction).

• Les hommes agiront d’autant mieux qu’ils auront une claire conscience de l’impact de l’environnement sur la marche de l’entreprise et sur leur propre situation (information continue).

• Il est nécessaire de faire confiance à l’homme, car celui-ci peut alors développer son initiative et, partant, l’essentiel de ses potentialités (création de cellules de responsabilités).

• Les hommes seront d’autant plus efficaces qu’ils connaîtront les objectifs de l’entreprise et qu’ils en seront les auteurs (fixation des objectifs par méthode participative).

• Il est, cependant, nécessaire de contrôler les résultats (mise en place d’une gestion « budgétaire ») : l’entreprise est jugée — en définitive — par sa réussite sur un marché, concrétisée par des résultats financiers.


Détermination des objectifs de la firme

L’économie de marché telle qu’elle apparaît de nos jours implique une connaissance relativement très précise du marché dans lequel se meut l’entreprise. Cette connaissance une fois acquise, l’entreprise doit avoir une claire idée de la place qu’elle entend avoir sur le ou les marchés ; il faut que cette évaluation volontaire soit chiffrée et qu’elle corresponde aux possibilités réelles de l’entreprise, de façon à éviter de prendre des risques trop grands ou, au contraire, de travailler au-dessous des possibilités concrètes de la firme.

La connaissance des possibilités réelles de l’entreprise ne peut s’établir uniquement à partir de documents (comptables ou autres) ; elle doit se faire à partir des hommes qui composent l’entreprise afin de tenir compte de leurs remarques et de faire en sorte qu’ils se sentent engagés par les objectifs qu’ils auront eux-mêmes fixés.