Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Édentés (suite)

Le Paresseux tridactyle, ou Aï (Bradypus), est ainsi appelé à cause des cris stridents qu’il émet. Il a 9 vertèbres cervicales. Il y a plusieurs espèces de Bradypus : toutes se trouvent du Nicaragua au Brésil du Sud. Tous ces animaux sont des végétariens et mangent des feuilles, des bourgeons et des fruits. Certains affectionnent particulièrement les feuilles d’un arbre appelé Cecropia.


Les Fourmiliers (famille des Myrmécophagidés)

Ce sont des animaux de taille petite ou moyenne. Le plus grand est le Grand Fourmilier, ou Tamanoir (Myrmecophaga). Il mesure 70 cm de haut au garrot et a une longueur de plus de 2 m de la tête à la queue. Sa tête, conique, est terminée par un fin museau dont la bouche est représentée par un petit orifice circulaire laissant passer une fine langue vermiforme très protractile, de près de 1 m de long, qu’il insinue dans les fentes et les galeries des termitières et fourmilières. Cette langue est engluée en permanence d’une salive visqueuse fournie par deux glandes sous-maxillaires volumineuses. Le pelage sombre, presque noir, présente deux lignes blanches : l’une va de la gorge à l’épaule, l’autre, plus basse, part des avant-bras pour rejoindre la précédente en arrière de l’épaule.

Les pattes antérieures sont munies de 5 doigts dont les second et troisième sont armés de griffes puissantes, utilisées par l’animal pour ouvrir les nids de Termites et Fourmis, dont il fait sa nourriture exclusive. Sa queue porte de très longs poils raides. Le Grand Fourmilier habite les savanes peuplées d’Insectes. C’est un animal très actif, toujours en mouvement, cherchant sa nourriture, grattant le sol à la recherche des Fourmis. Il se déplace, curieusement, sur le dos de ses énormes griffes recourbées, avec lesquelles il peut éventrer des termitières, faire du terrassement et se défendre efficacement. Il vit en solitaire et, quand il est dérangé, il devient nocturne. Quand il se repose, il rabat sur lui son énorme queue, qui le recouvre comme une couverture.

La femelle porte son petit à califourchon sur son dos. La durée de gestation observée en captivité est de 190 jours.

Le Petit Fourmilier, ou Tamandua, est beaucoup plus petit. Il vit dans les zones semi-boisées (forêt-parc), ses mœurs sont arboricoles. Il se nourrit aussi de Termites et de Fourmis, mais il ajoute à cet ordinaire quelques végétaux.

Le Fourmilier pygmée (Cyclopes) a la taille d’un Écureuil. Il semble qu’il soit aussi un peu végétarien. La biologie de cet animal n’est pas encore éclaircie.


Les Tatous (famille des Dasypodidés)

Ce sont des animaux de taille généralement petite, qui présentent à la face supérieure du corps des écailles cornées épidermiques en relation avec des os dermiques ; cette carapace leur assure une protection particulièrement efficace. Elle présente deux boucliers, l’un scapulaire, l’autre lombaire. Entre ces deux éléments de carapace se trouvent des ceintures ou anneaux dorsaux de la même nature reliés entre eux par une peau souple. La tête, les pattes ainsi que la queue ont leurs parties dorsales également cuirassées. La pilosité des Tatous est assez rare, sauf sur le ventre.

Leur tête est petite, leur museau allongé, la bouche est garnie de 8 dents à chaque demi-mâchoire, mais il peut y avoir parfois plus de 100 dents en tout. Leur langue fine et vermiforme est enduite en permanence d’une salive gluante à l’aide de laquelle les Tatous capturent Termites et Fourmis, base essentielle de leur nourriture. Leurs griffes sont puissantes ; ce sont d’actifs fouisseurs, pour la plupart nocturnes et menant une vie souterraine. Ils creusent leur terrier avec leur museau et leurs pattes de devant ; les déblais s’amassent sous l’abdomen et ils les rejettent en arrière périodiquement. Ils s’appuient sur leurs antérieurs et sur la queue, courbent le dos pour agrandir le diamètre de la galerie et se servent de leurs pattes de derrière pour repousser les déblais vers l’arrière. L’un d’eux, le Dasypus novemcinctus (Tatou à 9 bandes), utilise sept à huit terriers à la fois pour y rechercher des Insectes.

Lorsque ces animaux sont dérangés ou attaqués, ils ont un réflexe de défense qui les immobilise sur place et, grâce à de puissants muscles peauciers, ils se roulent sur eux-mêmes pour protéger les parties les plus vulnérables de leur organisme.

Certains genres comme les Tolypeutes se roulent totalement en boule. Dans d’autres genres comme Chlamydophorus, la carapace n’adhère pas complètement au corps, mais est fixée seulement suivant une ligne médio-dorsale. Les parties latérales de la carapace recouvrent une abondante fourrure. Lorsqu’ils sont attaqués, ces animaux creusent alors rapidement une ébauche de terrier, et la partie supérieure de la carapace en obture l’orifice.

Le géant de la famille est le Priodontes giganteus, qui peut peser jusqu’à 50 kg. Les toutes petites espèces sont nocturnes et ont à peu près la même biologie que nos Taupes.

La reproduction des Tatous est assez curieuse : la fécondation a lieu en juillet-août, mais l’embryon du Dasypus reste 14 semaines avant de s’implanter dans la paroi utérine ; l’implantation n’a donc lieu qu’en décembre, et le petit naît en février-mars.

Les Tatous présentent le curieux phénomène de la « polyembryonie ». À un certain moment, l’embryon se fragmente et donne 4, 8 ou 12 embryons, du même sexe naturellement.

L’aire de répartition des Tatous est l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale. Depuis quelque temps, le Tatou est parti du Mexique pour gagner lentement les États-Unis : le Texas, l’Oklahoma, la Louisiane et l’Arkansas.

Les Tatous hébergent dans leur sang un parasite redoutable, le Schizotrypanum cruzi, qui peut contaminer l’Homme par l’intermédiaire de vecteurs tels que des Punaises ou des Triatomes et déterminer ainsi la maladie de Chagas, bien connue en Amérique du Sud. Elle provoque du myxœdème et des troubles cardiaques fort graves.

P. B.