Edda (suite)
Þrymskviða est consacré au dieu Thor. Ce chant, qui avait pour but d’amuser, a survécu très longtemps dans la tradition populaire. L’histoire raconte qu’un géant (Þrymr) a dérobé le marteau de Thor. Il ne le rendra que s’il a la déesse Freyja pour épouse. Thor, déguisé en Freyja, se présente chez les géants. Durant le repas de noce, la fiancée engloutit une incroyable quantité de nourriture. Après une suite d’épisodes, Thor retrouve son marteau et assomme les convives. Quant au chant de Rígr (Rígsþula), il explique l’origine des classes sociales, des esclaves, des paysans et des nobles.
• Les chants héroïques. Une très grande partie des poèmes épiques est consacrée à la famille des Völsung et à l’histoire de Sigurd en particulier. Quelques-uns des héros des poèmes eddiques sont historiques, comme Gunnar (Gundahar) de Atlakviða, qui fut battu par les Huns d’Aetius vers 436. La légende de Sigurd le Völsung est née sur les rives du Rhin, mais son historicité est obscure. Sigurd est l’homologue du Siegfried du Nibelungenlied. Ces légendes ne se trouvent pas uniquement dans l’Edda poétique. Une saga, la Völsunga Saga, écrite au xiiie s., relate les mêmes légendes dans une version plus complète quoique plus récente. Les poèmes sur Sigurd peuvent être groupés en deux parties ; d’une part, les poèmes consacrés à sa jeunesse, une trilogie : Reginsmál, où il venge son père Sigmund ; Fáfnismál, où il tue le dragon, Fáfnir ; Sigrdrífomál, où il traverse le mur de flammes et délivre la Valkyrie Sigrdrífa (Brynhildr), piquée par l’épine du sommeil ; d’autre part, les poèmes consacrés à sa mort et à la lutte des deux femmes (Brynhildr et Guðrún) qui se battent pour lui. L’ensemble des poèmes héroïques peut être classé en trois catégories : les chants anciens et historiques (par exemple Atlakviða, Hlöðskviða [la Bataille des Huns], Hamðismál [la Mort de Jörmunrekkr, probablement le roi goth Hermonaric, mort vers 375] et Völundskviða [le Welund des Saxons]) ; les chants sur Helgi et la trilogie sur la jeunesse de Sigurd ; les chants sur sa mort et le destin des deux femmes qui l’aimaient. Une sombre et tragique grandeur se dégage de ces légendes dont le thème fondamental est l’action héroïque et l’homme qui se mesure à son destin. Sorti de la nuit germanique, le chant héroïque évoque les grandes scènes de son passé obscur et grandiose. L’importance de l’ancienne poésie eddique est capitale, car c’est la littérature nordique ancienne qui a conservé et transmis l’expression la plus riche et la plus complète de l’héritage païen germanique.
S. C.
➙ Épopée / Scandinaves (littératures).
F. Jónsson, Den oldnordiske og oldislanske Litteraturs Histoirie (Copenhague, 1920). / G. Turville-Petre, Origins of Icelandic Literature (Oxford, 1953). / S. Einarsson, A History of Icelandic Literature (Baltimore, 1957). / M. Renauld-Krantz, Anthologie de la poésie nordique ancienne (Gallimard, 1964). / J. L. Borges, Antiguas literaturas germanicas (Buenos Aires, 1965 ; trad. fr. Essai sur les anciennes littératures germaniques, C. Bourgois, 1966). / R. Guichard, De la mythologie scandinave (Picard, 1971).