Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

eczéma (suite)

• Eczéma professionnel. La multitude des produits usités dans l’industrie moderne explique sa fréquence. De nombreux facteurs acquis ou héréditaires (endocriniens, viscéraux, métaboliques) président à l’établissement du terrain « eczématisable » nécessaire à sa survenue. Il existe de plus un facteur local constant, à savoir la porosité épidermique. Comme pour tout eczéma, l’eczéma professionnel est d’un polymorphisme lésionnel extraordinaire. Il est plus fréquent chez les ouvriers travaillant à l’humidité.

• Eczéma dû à des médications externes. Sont particulièrement eczématogènes les poudres sulfamidées et les crèmes à base d’antihistaminiques de synthèse, lesquelles peuvent en outre déclencher à distance, sur les régions découvertes, de l’eczéma par photosensibilisation. Sont également parfois nocifs les antiprurigineux à base de procaïne, les révulsifs contenant des terpènes, l’acide picrique, l’iodoforme, l’onguent gris, l’oxyde jaune de mercure ainsi que la streptomycine.

• Eczéma microbien. C’est au niveau des plis qu’il est le plus fréquent, et nombreux sont les intertrigos streptococciques qui s’eczématisent secondairement. Les dermites microbiennes localisées peuvent à titre de réaction seconde provoquer de l’eczéma à distance. Celui-ci, de nature allergique, s’efface avec la guérison du foyer primitif.

• Eczéma mycosique. Il connaît les mêmes mécanismes que le précédent. L’athletic foot (pied d’athlète) est une dermatose complexe mycosique et eczémateuse microbienne.

• Eczéma parasitaire. La gale, la phtiriase (morpions), la pédiculose (poux) sont des causes fréquentes d’eczéma. Celui de l’anus doit faire soupçonner une oxyurose.


Eczémas d’origine interne

Parmi les eczémas dus à l’ingestion de substances, l’eczéma d’origine alimentaire est rarement observé. Par contre, nombreux sont les médicaments susceptibles d’être eczématogènes, soit par ingestion (arsenic, iodure), soit par injections parentérales (arsénobenzol, sels d’or). Ces derniers eczémas sont rapidement généralisés.


Eczéma constitutionnel, ou atopique

Cette dénomination concerne tout eczéma ne pouvant être rapporté à un réactogène externe ou interne bien déterminé, ou à une diathèse familiale ou héréditaire ; il apparaît dans le jeune âge et évolue par poussées quelquefois en rapport avec les changements de saisons ou de conditions climatiques. Son alternance avec des crises d’asthme est fréquente.

L’eczéma du nourrisson

Apparaissant autour du 2e ou du 3e mois, il débute toujours par les joues, lesquelles se couvrent de placards rouges parsemés de vésiculettes. Les orifices naturels de la face sont toujours respectés. Il est très prurigineux et le grattage continuel favorise l’impétiginisation (l’infection). L’évolution s’opère par poussées coïncidant souvent avec des poussées dentaires. Quelle que soit l’intensité de la maladie, le nourrisson eczémateux est toujours d’aspect floride. Rebelle aux régimes savants ou carentiels, cet eczéma guérit spontanément à l’âge de 18 mois. Plus rarement, l’asthme lui succède. Dans 7 à 10 p. 100 des cas, il persiste pour guérir à la puberté. Sa cause n’est pas exactement connue et sa pathogénie reste obscure.


Le traitement


Préventif

Il consiste dans la suppression du réactogène causal. Quand celui-ci n’est pas évident, il est à rechercher par un examen clinique approfondi et la pratique des tests cutanés. Seul un test positif garde sa valeur, alors qu’un test négatif n’en comporte pas d’absolue. En cas d’eczéma de contact, des pommades ou des pâtes protectrices ainsi que le port de gants de caoutchouc hypoallergiques peuvent être bénéfiques.


Curatif

• Traitement local. Il varie avec chaque cas, mais certaines règles sont à retenir. L’eczéma des néphrétiques emphysémateux, asthmatiques, goutteux avérés doit être localement respecté, car il constitue une voie de dérivation indispensable. Pour ces malades, c’est le traitement de désintoxication qui s’impose. Toute préparation locale irritante d’emblée doit être suspendue. Les réducteurs forts (résorcine, salicylés) ne sont à utiliser qu’à des concentrations croissantes. Les produits pour la toilette de même que les crèmes, pommades, lotions employés doivent avant tout être non irritants.

• Traitement général. La méthode idéale est la désensibilisation spécifique (applications répétées d’allergène par voie épicutanée ou en scarifications [v. allergie]). Mais cette méthode est vouée à beaucoup d’échecs (difficultés pratiques, fréquence des plurisensibilisations). La désensibilisation non spécifique est la plus usitée (autohémothérapie, injections de gluconate de calcium, d’extraits tissulaires [rate], antihistaminiques de synthèse, peptonothérapie buccale). Si la corticothérapie locale, peu dangereuse, calme passagèrement un eczéma localisé, la corticothérapie générale n’est à prescrire qu’avec réserve. Elle est contre-indiquée en cures prolongées, car elle n’est alors qu’une solution de facilité, d’efficacité passagère et hypothéquée d’accidents parfois graves.

L’eczéma du nourrisson contre-indique toute vaccination autre que le B. C. G., et les sérums antitoxiques ne sont à injecter que pour des indications majeures. Les régimes restrictifs sont inutiles. La corticothérapie générale en cures prolongées doit être rejetée, mais des sédatifs légers et des antihistaminiques en sirop sont indiqués. Des rouleaux cartonnés ou en plastique entourant les bras et avant-bras empêcheront le grattage, mais il ne faut jamais attacher les mains des enfants.

A. C.

 J. Charpy, le Mécanisme physiopathologique de l’eczéma (Masson, 1954). / M. Bolgert, les Eczémas (Monographies médicales et scientifiques, 1965). / A. Basset et J. Maleville, les Eczémas et leur traitement (Maloine, 1970). / J. Foussereau et C. Benezra, les Eczémas allergiques professionnels (Masson, 1970).