Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Duisburg (suite)

D’autres konzerns ont leur direction à Duisburg : Klöckner, Demag. Ces derniers, à dominante horizontale, sont complétés par les konzerns plus spécialisés dans le commerce et les transports, comme Spaeter et Haniel, dont le nom est porté par toute une flottille rhénane. La société Demag domine le marché allemand des machines et équipements lourds. Sur les 30 000 employés du konzern, une grande partie travaille à Duisburg. Le port est un des instruments de la prospérité de la ville. Le charbon vient d’amont (de la Ruhr) mais repart en partie, soit vers les pays rhénans, soit vers les pays du haut Rhin. Les minerais constituent à présent environ la moitié du trafic, remplaçant de plus en plus le charbon. Les produits métallurgiques occupent le troisième poste, avant les céréales.

Duisburg est la métropole du bas Rhin. Dans le cadre de l’aménagement de la Ruhr, elle a été proclamée métropole à fonctions centrales au même titre que Essen, Bochum et Dortmund. De son passé hanséatique, il lui est resté d’importantes fonctions commerciales. Maisons de transport, de navigation, de commerce, d’importation et d’exportation ont leur siège ici. Au total, on compte plus de 1 350 sociétés de commerce de gros. L’autonomie bancaire est moins grande qu’à Düsseldorf, mais l’équipement en instituts bancaires est très développé. Dans le domaine du commerce de détail, Duisburg est le principal centre des pays du bas Rhin. La city abrite l’essentiel des magasins.

Mais Duisburg est plus qu’une ville industrielle et commerciale. Ses installations culturelles ont grande renommée. L’Opéra (Deutsche Oper am Rhein), les musées attirent une clientèle située hors de la ville. Les salles de concerts et de congrès en font une ville de réunions recherchée. Ses équipements sportifs la placent au tout premier rang en Allemagne occidentale.

Si 32 p. 10 de la fonte, 27 p. 100 de l’acier, 15 p. 100 des laminés produits en R. F. A. sortent des usines de Duisburg, la ville n’est pas dominée par les paysages industriels. L’urbanisme a su ménager des havres de paix et de tranquillité. 45 p. 100 de la surface totale de la ville sont réservés à des espaces verts.

F. R.

➙ Rhénanie-du-Nord - Westphalie / Rhin / Ruhr.

Dukas (Paul)

Compositeur français (Paris 1865 - id. 1935).


Paul Dukas acquiert d’abord une bonne culture classique au collège Turgot, puis au lycée Charlemagne. « Naturellement, a-t-il raconté, je n’étais pas destiné à faire de la musique, et c’est seulement vers ma quatorzième année que je commençai à manifester quelques dispositions sérieuses. »

Il a dix-sept ans lorsqu’il entre au Conservatoire de Paris, où il travaille le piano avec Mathias, l’harmonie dans la classe de Théodore Dubois et la composition chez Ernest Guiraud, en même temps que Claude Debussy — son aîné de trois ans —, avec lequel, durant toute son existence, il entretiendra la plus vive amitié.

D’esprit indépendant, il n’obtient que peu de récompenses durant ses sept années d’études au Conservatoire, mais il en sort nanti d’une solide technique de compositeur. Tourné d’emblée vers l’avant-garde, il s’enthousiasme alors pour les artistes les plus audacieux du moment : Edouard Lalo, Emmanuel Chabrier, Vincent d’Indy et aussi Richard Wagner, dont il a la révélation à Bayreuth, au cours de l’été 1886.

Sa première œuvre présentée en public, Polyeucte (ouverture pour la tragédie de Corneille), est favorablement accueillie aux Concerts Lamoureux, en 1892. Après la symphonie en ut majeur, donnée aux Concerts de l’Opéra en janvier 1897, il connaît un grand succès avec l’Apprenti sorcier, scherzo symphonique d’après une ballade de Goethe, qu’il dirige lui-même à la Société nationale, le 18 mai 1897. Presque inconnu la veille, Dukas se voit aussitôt classé parmi les chefs de file de sa génération, et sa renommée se trouve désormais bien établie.

Durant les quinze années suivantes, ses œuvres nouvelles — peu nombreuses, mais toutes d’une rare élévation de pensée et d’une écriture personnelle — vont apparaître après de longues périodes de silence et de méditation. Ce sont la sonate pour piano en 1901, les Variations, interlude et finale sur un thème de Rameau en 1903, Ariane et Barbe-Bleue, conte lyrique en trois actes, sur un livret de Maurice Maeterlinck, en 1907, et enfin la Péri, poème dansé, en 1912, qui le placent au faîte de la notoriété.

Un profond changement se manifeste alors dans son existence. À l’étonnement du monde musical, P. Dukas se confine désormais dans un silence presque absolu. Ses amis savent pourtant qu’il n’a jamais cessé de composer durant les vingt-trois années qui lui restent encore à vivre. Ils ont vu et entendu plusieurs ouvrages importants, mais que l’artiste n’a jamais voulu révéler et qu’il a brûlés peu de temps avant sa mort, en 1935.

À l’instigation de son ami Gabriel Fauré — qui voulait rajeunir les cadres du Conservatoire —, Dukas avait accepté en 1910 la place de professeur de la classe d’orchestre. Mais il démissionna en 1913. Un peu plus tard, en 1924, le sous-secrétariat aux Beaux-Arts le nomma inspecteur de l’enseignement musical pour les conservatoires de province. En 1928, il revint au Conservatoire de Paris, où il succéda à Charles-Marie Widor à la classe de composition. Durant sept années, il groupa autour de lui de nombreux et fervents disciples, leur distribuant un enseignement substantiel, d’une rare plénitude.

Bien que dédaignant les honneurs officiels — mais cédant à de pressantes et amicales sollicitations —, il finit par consentir, un an avant sa mort, en 1934, à poser sa candidature à l’Académie des beaux-arts. Sans avoir fait les traditionnelles visites, il fut élu à une forte majorité au fauteuil d’Alfred Bruneau.

La créatrice du rôle d’Ariane, Georgette Leblanc, esquisse ainsi son portrait : « Ramassé, tassé, concentré. Rien ne dépasse, rien ne s’offre, et même le faciès recule. La volonté maintient le regard au plan de l’œil. Un bloc carré est là, plein de probité, de loyauté sans failles. » Son ami, le musicologue Henry Prunières, note : « Avec sa face camuse, ses yeux intelligents et tendres, son sourire si fin, sa barbe pointue, il ressemble aux bons satyres qu’adoraient familièrement les paysans grecs. Il ressemble plus encore à Socrate tel que nous le dépeint Platon. »