Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Algérie (suite)

Mais, pour s’arracher au sous-développement, l’Algérie s’engage maintenant dans la voie du socialisme en tentant quelques expériences originales : ainsi, l’autogestion agricole et industrielle, solution improvisée au cours des premiers mois qui suivirent l’indépendance ; de même, l’industrialisation réalisée surtout avec des capitaux publics et la coopération de pays étrangers de divers horizons. De redoutables obstacles n’en demeurent pas moins sur la voie du progrès de l’économie et des hommes. Ainsi, le problème de l’agriculture reste-t-il entier, un secteur moderne (mais qui doit être converti) se juxtaposant, sans l’intégrer, à un secteur traditionnel qui évolue difficilement et dont certaines structures semblent fort peu conformes aux schémas socialistes. L’industrialisation coûte d’autant plus cher que l’Algérie a choisi la voie difficile des grands complexes d’industries de base, qui exigent des investissements élevés, emploient relativement peu de main-d’œuvre et doivent chercher des débouchés extérieurs pour écouler une partie de leur production, celle-ci ne trouvant pas place sur un marché intérieur trop limité. Comme le pétrole ne peut être la seule source de crédit, l’Algérie doit soigner ses autres exportations (et notamment ses exportations agricoles) et favoriser le développement du tourisme sur les rivages méditerranéens et au Sahara. Le socialisme algérien, enfin, hésite entre plusieurs tendances. L’expérience de l’autogestion avait confié aux travailleurs de larges responsabilités à la base de l’édifice économique. Au contraire, les grandes sociétés d’État centralisent les pouvoirs de décision pour plus d’efficacité.

A. F.

Le tourisme en Algérie

L’Algérie possède d’indéniables possibilités touristiques : leur exploitation est apparue indispensable pour l’apport de devises et pour contribuer à résorber le chômage.

Cependant, afin d’éviter un développement anarchique, le ministère du Tourisme a très vite entrepris de recenser toutes les richesses naturelles et culturelles susceptibles de devenir des « valeurs d’échange » pour les Européens assoiffés d’exotisme. Ces études ont conduit à l’élaboration d’un plan septennal (1967-1973) qui prévoyait la création d’une infrastructure hôtelière représentant une capacité d’accueil de 30 000 lits. Le nombre de touristes devait alors atteindre le million au terme de ce plan. Le principe retenu est de concentrer les investissements publics sur quelques grandes opérations afin de créer des stations complètes intégrant une gamme d’équipements récréatifs et sportifs.

Le premier plan triennal (1967-1970) portait essentiellement sur deux points : la Méditerranée et ses plages, le Sahara et ses oasis ; il a abouti à la création de près de 13 000 lits (3 200 en 1967). La mise en œuvre de ce vaste programme a été confiée à Fernand Pouillon ; 20 000 personnes, réparties sur une cinquantaine de chantiers, travaillent pour l’État algérien, seul promoteur des opérations. La première tranche comportait la création de sept villages sur la côte : Moretti, Sidi-Ferruch, Zeralda et Tipasa, à l’ouest d’Alger ; les Andalouses, non loin d’Oran ; Tichi, sur la côte kabyle ; enfin Annaba, à l’est du pays. À cela s’ajoutent les douze caravansérails du Sahara.

La première réalisation, Zeralda, a été inaugurée en septembre 1968. Cette « casbah marine », faite en six mois, peut abriter 3 500 personnes : une multitude de petites maisons à colonnades et patios, des escaliers suspendus, des ruelles descendant vers la mer créent le « climat » que les touristes sont venus chercher. C’est à Tipasa que les réminiscences du passé sont le plus caractéristiques. Formé de quatre hameaux, le nouveau village a cherché à s’intégrer d’emblée au paysage à l’exemple de la ville antique : c’est blanc, doux, bas et épais tout à la fois ; pas de ligne droite trop dure au regard, mais des recoins pleins d’ombre, des décrochements fantaisistes semblables aux villages modelés au fil des années.

Ghardaïa et les oasis du Sud ont été les inspiratrices de ces œuvres : les instigateurs de ces centres de loisirs ont su retenir les leçons d’un urbanisme « sage et raisonnable », aux formes architecturales simples dans la pure tradition arabe. Ces cubes, ces murs blancs sont agencés de telle sorte qu’ils épousent la roche en place, se fondent dans la mer, rythmant le paysage, révélant une harmonie heureuse entre l’espace bâti et son environnement.

M.-M. F.

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 C. A. Julien, Histoire de l’Afrique du Nord (Payot, 1931 ; nouv. éd. revue par C. Courtois et R. Le Tourneau, 1952-1953 ; 2 vol.) ; l’Afrique du Nord en marche. Nationalisme musulman et souveraineté française (Julliard, 1952). / G. Marçais, la Berbérie musulmane et l’Orient au Moyen Âge (Aubier, 1946). / C. Courtois, les Vandales et l’Afrique (Arts et métiers graphiques, 1955). / P. Bourdieu, Sociologie de l’Algérie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 3e éd., 1970). / J. Dresch, C. A. Julien, H. Marrou, A. Sauvy et P. Stibbe, la Question algérienne (Éd. de Minuit, 1958). / P. Boyer, l’Évolution de l’Algérie médiane de 1830 à 1956 (A. Maisonneuve, 1960). / R. Aron, F. de Lavagne, J. Feller et Y. Garnier-Rivet, les Origines de la guerre d’Algérie (Fayard, 1962). / R. Le Tourneau, Évolution politique de l’Afrique du Nord musulmane, 1920-1961 (A. Colin, 1962). / A. Nouschi, la Naissance du nationalisme algérien, 1914-1954 (Éd. de Minuit, 1962). / C. R. Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 4e éd., 1970) ; les Algériens musulmans et la France, 1871-1919 (P. U. F., 1968 ; 2 vol.). / A. Darbel, J. P. Rivet, C. Seibel et P. Bourdieu, Travail et travailleurs en Algérie (Mouton, 1964). / F. Buy, la République algérienne démocratique et populaire (Librairie française, 1965). / M. Lacheraf, l’Algérie : nation et société (Maspéro, 1965). / R. Merle, Ahmed Ben Bella (Gallimard, 1965). / H. Isnard, le Maghreb (P. U. F., coll. « Magellan », 1966). / J. Despois et R. Raynal, Géographie de l’Afrique du Nord-Ouest (Payot, 1967). / A. Mérad, le Réformisme musulman en Algérie de 1925 à 1940 (Mouton, 1969). / T. Tidafi, l’Agriculture algérienne et ses perspectives de développement (Maspéro, 1969). / Institut pédagogique national, Géographie de l’Algérie (Alger, 1969). / M. Lebjaoui, Vérités sur la révolution algérienne (Gallimard, 1970). / G. Viratelle, l’Algérie algérienne (Éd. ouvrières, 1970). / C. Chaliand et J. Minces, l’Algérie indépendante (Maspéro, 1972).