Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Diptères (suite)

Beaucoup d’espèces ont un régime très varié elles affectionnent souvent les matières en décomposition, dont elles pompent les sucs ; on sait l’attraction qu’exercent les excréments animaux et les cadavres sur de nombreuses Mouches, soit pour y trouver de la nourriture, soit pour y déposer leurs œufs. Quelques espèces sont attirées par les matières sucrées ou par les produits fermentes (Drosophile du vinaigre).

Sur les arbustes et les fleurs, spécialement les Ombellifères et les Composées, viennent se poser de nombreux Diptères. Les uns y puisent le nectar des fleurs ou bien les sucs des plantes : Bibionidés, Syrphidés, Calliphoridés, Tachinidés des deux sexes, auxquels il faut joindre les mâles des Moustiques, des Taons, des Simulies, dont les femelles seules sont hématophages ; en circulant d’une fleur à l’autre, ces Insectes interviennent dans la pollinisation.

D’autres sont à l’affût, prêts à foncer sur toute proie : les Asilidés sont d’une rapidité extraordinaire, poursuivant au vol des Insectes parfois plus gros qu’eux et les suçant dès leur capture ; chez les Cératopogonidés, il y a de nombreuses formes prédatrices d’Insectes, qu’elles piquent de leur trompe ; Libellules, chenilles et Papillons, Orthoptères ou autres Diptères sont leurs victimes habituelles ; Culicoides anophelis attaque des Moustiques pour aspirer le sang dont ils sont gorgés.

Plusieurs Mouches pénètrent à l’intérieur de nos habitations et propagent sur les aliments des germes pathogènes qu’elles peuvent transporter sur leur trompe ou sur leurs pattes : la Mouche domestique, la Fannie, la Mouche bleue (Calliphora erythrocephala) et bien d’autres sont parmi les plus fréquentes, sans compter les Moustiques et parfois les Tipules.

On connaît quelques Diptères qui vivent en association avec les Termites, en particulier les curieux Termitoxenia ; d’autres sont myrmécophiles, tel l’Harpagomyia, qui introduit sa trompe entre les mâchoires des Fourmis au moment où elles vident leur jabot. Braula cæca, aveugle et sans ailes ni balanciers, vit dans les ruches d’Abeilles.

À part les Simulies, qui pénètrent dans l’eau pour pondre, on ne signale guère de Diptères totalement aquatiques. Par contre, quelques-uns sautent ou glissent à la surface des eaux. Sur les rivages, certaines formes fréquentent les Algues laissées par la mer et chassent de petits animaux marins.


Biologie des larves

De nombreuses larves de Diptères vivent dans les substances en décomposition (humus, bois pourri, fumier, excréments animaux, cadavres) et jouent ainsi dans les cycles alimentaires un rôle très particulier ; à titre d’exemples, on peut citer comme Mouches à larves coprophages ou saprophages la Mouche domestique, la Fannie, la Scatophage, la Mouche à damier (Sarcophaga), la Mouche verte (Lucilia). Généralement, de telles larves évoluent sans se déplacer sur les lieux de ponte ; on connaît cependant un cas de migration collective, celui des « Vers militaires », larves de Sciara militaris, qui, dans les forêts, partent à la recherche de nourriture par milliers en formant un ruban grouillant.

Le régime devient plus strict dans certains cas : la Mouche bleue (Calliphora) se développe de préférence sur la viande fraîche ; Lucilia sericata s’établit sur les plaies, si bien qu’on a songé à l’utiliser en chirurgie pour contribuer à les assainir.

Un grand nombre d’espèces se nourrissent aux dépens d’êtres vivants ; on distingue des formes simplement prédatrices et d’autres véritables parasites de végétaux, d’Invertébrés, souvent nuisibles aux cultures, aux animaux domestiques ou directement à l’Homme.

Les Mycétophilidés doivent leur nom au fait que leurs larves vivent dans les Champignons ; quelques Diptères consomment des Mousses. Mais les phytophages les plus intéressants s’attaquent aux plantes supérieures. On connaît des formes mineuses de feuilles, par exemple chez les Agromyzidés, où chaque espèce atteint un végétal particulier. Les Cécidomyiidés provoquent la formation de galles, ou cécidies : Mikiola fagi sur les feuilles de Hêtres, Harmandia sur les pétioles du Tremble. La même famille renferme des parasites dangereux pour les plantes cultivées : les céréales voient leurs grains détruits par Contarinia tritici et leur tige atrophiée sous l’effet des larves de la redoutable mouche de Hesse (Mayetiola destructor) ; Contarinia pyrivora fait avorter les poires. D’autres familles fournissent des parasites des cultures : l’Oscinie, qui atrophie le chaume des céréales, puis fait avorter les épis ; Dacus oleæ, dont la larve ronge les olives ; la Mouche des fruits (Ceratitis capitata), qui détruit la pulpe de divers fruits méditerranéens (abricots, pêches, kakis) ; le « ver » des cerises, larve de Rhagoletis cerasi, qui se développe pendant la maturation des fruits ; la larve de Tipula oleracea, qui ronge les racines des plantes potagères.

Abordons le cas des Diptères dont les larves se nourrissent aux dépens d’autres Invertébrés, soit en les ingérant, soit en les parasitant. Les Insectes sont les victimes le plus souvent atteintes : les larves des Tachinidés vivent en endoparasites de nombreuses chenilles ou de Punaises ; celles des Bombyliidés parasitent les larves d’Abeilles solitaires ou les œufs d’Orthoptères ; les Pucerons sont consommés par les larves de plusieurs Syrphidés et Cécidomyiidés. D’autres groupes peuvent être attaqués, Acariens, œufs d’Araignées et même des Mollusques ou des Vers (le Lombric est parasité par les larves de Pollenia radis).

Quelques espèces construisent des pièges, comme Vermileo degeeri, le « ver lion », qui creuse dans le sable sec des entonnoirs rappelant ceux du Fourmi-Lion, ou Arachnocampa luminosa, qui édifie une toile de soie dans les grottes de Nouvelle-Zélande.

Si plusieurs de ces Diptères zoophages peuvent être considérés comme utiles dans la mesure où ils détruisent chenilles ou Pucerons nuisibles aux récoltes, ceux qui parasitent les animaux domestiques sont toujours redoutés.