Diptères (suite)
Les myiases qu’ils provoquent chez les Mammifères se développent dans la peau ou à l’intérieur de cavités naturelles (fosses nasales, sinus frontaux, tube digestif). Les Hypodermes pondent leurs œufs sur le pelage des Bovidés, qui les avalent en se léchant ; après avoir migré par le tube digestif, puis, à travers les tissus, par le canal vertébral et les muscles dorsaux, les larves forment des tumeurs sous la peau et la trouent pour s’échapper avant la nymphose (on les appelle alors varrons). Les larves de l’Œstre vivent chez les Moutons, les Chèvres, les Antilopes, d’abord dans les cavités nasales, ensuite dans les cavités du plancher du crâne et à la base des cornes ; elles provoquent des vertiges qualifiés de « faux tournis ». Les Gastérophiles pondent près de la bouche des chevaux ; les œufs avalés donnent des larves qui se fixent sur la paroi de l’estomac ou de l’intestin, serrées par centaines, et déterminent des lésions des muqueuses.
Dans les régions chaudes, l’Homme peut contracter diverses myiases. En Afrique, le ver du Cayor, larve de Cordylobia anthropophaga, pénètre dans la peau, qui réagit en formant un petit furoncle. La Dermatobie d’Amérique du Sud fait transporter ses œufs par un Moustique ou une Mouche qui dépose les jeunes larves sur un Homme (ou sur un Bœuf ou un Chien) ; celles-ci, appelées vers macaques, déterminent la formation de tumeurs cutanées, qui peuvent être le siège d’infections sérieuses. Le « ver des cases » africain pique, la nuit, la peau des personnes allongées sur le sol pour en prélever le sang.
Pour un certain nombre de Diptères, le développement des larves des nymphes se déroule dans l’eau douce. Les Simulies et les Blépharocéridés se rencontrent dans les torrents, fixés aux rochers par des ventouses ; les larves de Moustiques préfèrent les eaux calmes, même de très faible étendue, et restent près de la surface, où elles appliquent leur orifice respiratoire ; celles des Corèthres (Chaoborus), parfaitement transparentes, restent en pleine eau et capturent de petites proies avec leurs antennes. Le « ver de vase » (Chironomus), dont le sang contient de l’hémoglobine, se tient dans les fonds pauvres en oxygène et édifie autour de lui une sorte d’étui, en entremêlant des débris variés dans un réseau soyeux. Les eaux très souillées et les liquides putrides permettent même le développement de certaines formes, comme les « vers à queue de rat », larves de l’Éristale, au long tube respiratoire. Plus extraordinaire encore, Psilopa parvient à vivre dans les mares de pétrole !
On connaît également des larves de Diptères qui évoluent dans les sources thermales, dans les eaux salées ou dans des substances réputées toxiques comme le formol.
Ancienneté et affinités des Diptères
Les premiers Diptères apparaissent dans le Trias d’Australie et appartiennent à la famille des Tanydéridés, encore actuellement représentée en Extrême-Orient ; on les connaît en Europe depuis le Lias. De nombreuses familles sont signalées dans l’ambre de la Baltique.
Le Permien d’Australie a livré une forme voisine des Tipules (Permotipula), mais à quatre ailes ; elle se rapproche des Mécoptères déjà signalés à cette époque et encore actuels (Panorpes). On pense donc que les Mécoptères sont à l’origine des Diptères, et aussi des Trichoptères (Phryganes).
M. D.
➙ Insecte / Mouche / Moustique.
E. Séguy, Biologie des Diptères (Lechevalier, 1950) ; Atlas des Diptères de France, Belgique, Suisse (Boubée, 1951 ; 2 vol.).