Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

dent (suite)

Après la trépanation de la chambre pulpaire, la pulpe est retirée avec des excavateurs. L’ablation des filets radiculaires est ensuite pratiquée à l’aide de sondes barbelées appelées improprement tire-nerfs. Les canaux à l’intérieur des racines sont alésés et décapés au moyen d’instruments spiralés à pas long, les broches, puis avec des instruments spirales à pas court, les limes.

Les broches sont utilisées avant les limes en les faisant tourner d’un quart de tour avec un mouvement de va-et-vient pour découvrir et dilater les canaux. Les limes terminent l’alésage mécanique ; elles sont employées surtout avec un mouvement de va-et-vient, sans tourner.

La désinfection des canaux est assurée par des sondes lisses et fines appelées sondes équarrissoires. Ces sondes sont enrobées de coton et imprégnées de solutions antiseptiques.

Le traitement des canaux est terminé par l’obturation, en longueur et en largeur, de ceux-ci par une pâte antiseptique à l’aide d’un bourre-pâte dit « lentulo ». Cet instrument se compose d’un fil métallique spirale à gauche, qui transporte la pâte obturatrice de l’orifice du canal jusqu’à son extrémité, par rotation. Pénétration, désinfection, obturation sont les trois actes indispensables à une bonne pulpectomie. Toutefois, l’odonto-stomatologie moderne tend, lorsque la pulpe n’est pas trop atteinte, à la conserver à l’aide du coiffage pulpaire (recouvrement de la partie atteinte de la pulpe par des produits qui permettent sa cicatrisation). Les complications aiguës et chroniques de la région du pourtour de l’apex nécessitent parfois un traitement chirurgical : incision et curetage des ostéophlegmons, ablation des kystes, suivie d’une résection de l’apex. Ces interventions chirurgicales se pratiquent le plus souvent sous le couvert d’une antibiothérapie sélective.


Dystrophies dentaires et paradontoses

Il existe d’autres troubles ou maladies non consécutifs à la carie dentaire, parmi lesquels on doit surtout retenir les dystrophies et les parodontoses.

Les dystrophies dentaires. Ce sont des modifications de dimension, de forme ou de structure de la dent occasionnées par un trouble de la nutrition localisé à un organe ou à un système qui atteint la calcification de son germe.
— La polygénésie folliculaire entraîne l’apparition de dents supplémentaires. L’agénésie folliculaire a pour conséquence l’anodontie (pas de dents) ou l’oligodontie (absence de certaines dents). Les troubles du follicule dentaire peuvent donner des malformations hyperplasiques générales (gigantisme), des manifestations hypo-plasiques (nanisme), des malformations complexes (dent en tournevis d’Hutchinson), des malpositions et des malocclusions.
— Les dystrophies congénitales, ou dysplasies, se manifestent par des érosions linéaires ou cunéiformes situées en général sur la couronne ou les cuspides ; les dysplasies cervicales (du collet) sont plus rares.
— Les dystrophies actives occasionnent la destruction plus ou moins lente de la dent. Elles peuvent se grouper en :
1o mélanodontie (les dents de lait deviennent noirâtres et s’effritent progressivement, sans douleur. Il n’y a pas d’atteinte de la denture permanente) ;
2o dysplasie de Capdepont (assez rare, elle frappe les incisives supérieures [de lait ou permanentes] et se traduit par une fonte irrémédiable de ces dents) ;
3o dentine opalescente héréditaire ;
4o hypoplasie brune héréditaire ;
5o lacunes cunéiformes, qui n’atteignent pas les dents de lait, mais la denture permanente vers la quarantaine ;
6o intoxication fluorique chronique.

• Les parodontoses, appelées improprement « pyorrhées alvéolodentaires ». Elles constituent une maladie très répandue, qui se manifeste par la destruction du tissu alvéolaire et du ligament alvéolodentaire, éléments de soutien de la dent. L’os alvéolaire (le maxillaire) et le ligament sont plus rapidement détruits que la gencive, ce qui entraîne entre la racine de la dent et la gencive la formation d’un clapier, ou cul-de-sac, appelé cryptuli.

Cette destruction progressive des tissus périradiculaires aboutit plus ou moins rapidement à l’expulsion de la dent. Le traitement de la parodontose doit être à la fois prophylactique et curatif.

Le traitement prophylactique consiste en la suppression de tous les facteurs irritants de la gencive et du ligament alvéolodentaire : ablation du tartre, reconstitution de bons points de contact interdentaires, rectification des malpositions dentaires par un traitement orthodontique approprié.

Le traitement curatif doit être général et local. Le traitement général sera adapté à la déficience observée. Un traitement hormonal approprié sera prescrit dans le cas d’une insuffisance endocrinienne. Les arthritiques devront être soumis à un régime précis, avec restriction de l’apport des éléments toxiques (viandes en sauce, abats, gibiers) et prédominance de l’alimentation végétarienne. L’administration de produits spécialisés à base d’insaponifiables de maïs (Zea mays), d’avocat et de soja donne de bons résultats. Le traitement local repose sur une hygiène bucco-dentaire très poussée : brossages minutieux et systématiques.

Les traumatismes anormaux seront supprimés, afin d’arriver à la meilleure équilibration possible de l’occlusion des deux arcades dentaires :
— par le meulage des cuspides se heurtant au cours des mouvements de diduction (mouvements latéraux) ou de propulsion ;
— par des attelles de contention mobiles ;
— par des attelles fixes ou des bridges de contention. Un traitement chirurgical (gingivectomie) pourra être institué afin de supprimer des culs-de-sac ligamentaires étendus.


Les traumatismes dentaires

Ils peuvent provoquer de simples contusions ou bien des fractures dentaires. Dans le cas de simples contusions, la dent est sensible à la percussion axiale et légèrement mobile ; elle réagit aux tests de vitalité pulpaire. Les troubles rétrocèdent normalement au bout de quelques jours.

Au cours d’un traumatisme plus violent, le pédicule vasculo-nerveux apéxien peut être sectionné ; la dent ne réagit plus aux tests de vitalité pulpaire, et le praticien devra alors effectuer l’ablation de la pulpe nécrosée.

Les fractures dentaires peuvent être coronaires ou radiculaires. Le trait de fracture peut passer ou ne pas passer par la pulpe ; les fractures seront dites alors pénétrantes ou non pénétrantes.

Selon que le trait de fracture met en communication ou non le périodonte et la cavité buccale, la fracture est dite ouverte ou fermée. Le traitement s’efforcera d’être le plus souvent conservateur, mais il pourra parfois nécessiter l’extraction de la dent atteinte.

Ch. M. S.