Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Defoe ou De Foe (Daniel) (suite)

 D. Marion, Daniel Defoe (Fayard, 1948). / F. Watson, Daniel Defoe (Londres, 1952). / B. Fitzgerald, Daniel Defoe, a Study in Conflict (Chicago, 1955). / I. Watt, The Rise of the Novel (Londres, 1957). / J. R. Moore, Daniel Defoe, Citizen of the Modern World (Chicago, 1958). / G. A. Starr, Defoe and Spiritual Autobiography (Princeton, 1965). / P. Nordon, « Robinson Crusoé », unité et contradictions (Lettres modernes, 1967).

Les étapes de la vie de Daniel Defoe

1660

Naissance à une date incertaine de Daniel Defoe dans la paroisse Saint Giles de Cripplegate, Londres.

1674-1678

Élève au séminaire à la Reverend Charles Morton’s Academy de Newington Green ; il n’entre pas dans les ordres.

1678-1684

Defoe est en apprentissage chez un exportateur en vins et tabacs à Londres.

1684

Il épouse à Londres Mary Tuffley, qui lui donnera de nombreux enfants ; il se lance dans le commerce.

1688

Il rallie comme volontaire l’armée — victorieuse — de Guillaume d’Orange.

1692

Première banqueroute et fuite.

1695

Il obtient la charge de receveur de la taxe sur le verre, puis devient administrateur d’une tuilerie près de Tilbury.

1702

Son pamphlet le Plus Court Moyen d’en finir avec les dissidents le met aux prises avec la justice.

1703

Arrêté en mai, condamné en juillet, exposé au pilori, il est libéré en novembre.

1704

Harley, ministre whig, subventionne sa Revue des affaires de France et le charge d’une mission politique secrète dans les comtés du Sud-Est.

1705-06

Il surveille les élections à Coventry ; à Édimbourg, il combat les menées des Jacobites, opposés au traité d’union entre l’Angleterre et l’Écosse.

1711

Il mène parallèlement à Swift une campagne en faveur de la paix avec la France, pour le compte de Harley.

1713

Il publie le tract Arguments contre la maison de Hanovre. Les whigs le font emprisonner ; libéré sous caution, il se retrouve en prison à la suite de son récit de l’affaire dans Une revue ; libéré dix jours plus tard, il lance le Mercator, moniteur du commerce et de l’industrie patronné par le gouvernement tory.

1714-15

De nouveau arrêté et jugé en juillet 1715, il paiera l’intervention de lord Townshend (whig) en sa faveur par la parution du Mercurius Politicus, revue mensuelle où, sous le couvert d’attaques contre le gouvernement, il fait le jeu des tories.

1716-1719

Il poursuit le double jeu : associé à Dorner pour les Lettres de nouvelles (tory), puis engagé comme rédacteur en chef du Journal hebdomadaire de Nathaniel Mist (tory), il continue sa collaboration avec les whigs.

1719

Il fonde la Poste quotidienne, qui durera six ans.

1720

Il collabore au Journal tory d’Applebee.

1724

Il rompt avec Mist : il est « brûlé ».

1730

Poursuivi par ses créanciers, il fuit.

1731

Il meurt à Moorfields (Londres) en avril.

Degas (Edgar)

Peintre, graveur et sculpteur français (Paris 1834 - id. 1917).


Son grand-père, Hilaire René de Gas ou Degast, émigra en 1793 pour aller fonder à Naples un établissement de crédit et se maria dans cette ville. Auguste, son fils et le père de l’artiste, dirigeait à Paris une succursale de la banque napolitaine ; il épousa Célestine Musson, fille d’un créole de La Nouvelle-Orléans qui s’était enrichi dans le commerce du coton.

Au lycée Louis-le-Grand, où il obtient des résultats honorables, Edgar Degas dessine sans cesse et se promet déjà de devenir peintre. Son père, veuf en 1847, donne chez lui des réceptions en l’honneur, notamment, du grand collectionneur Louis La Caze et de la tragédienne Adélaïde Ristori. On fréquente aussi le salon de la famille Valpinçon, où Ingres* est considéré comme un dieu. Degas, au Louvre, exécute de nombreux dessins d’après Mantegna, Goya, Holbein, Rembrandt... Après de brèves études de droit, il est reçu, en 1855, à l’École nationale supérieure des beaux-arts ; mais il fréquente plus volontiers l’atelier privé d’un élève d’Ingres, Louis Lamothe, qui le présente au maître.

En 1853, Degas fait un séjour à Naples, dans sa famille. Il retournera plusieurs fois en Italie entre 1855 et 1860, copiant les maîtres de la Renaissance dans les musées de Naples, de Florence, de Rome. D’après la famille de sa tante, Laure Bellelli, il va exécuter sa première grande composition, la Famille Bellelli (Louvre). À Rome, il a gravé son portrait, Degas au chapeau mou et, à l’Académie de France, il a fréquenté Léon Bonnat, Gustave Moreau, Auguste Clésinger, Georges Bizet. Malgré l’exemple d’Ingres, il admire Delacroix* et aspire à conjuguer dans son art le classicisme de l’un et le romantisme de l’autre. L’estampe japonaise, depuis peu révélée au monde occidental, l’enchante pour la vivacité du graphisme et la liberté de la mise en page. Au Ménil-Hubert, chez les Valpinçon, il se livre à des études du cheval en mouvement. De cette époque (1862-63) datent notamment les portraits de Ruelle (musée de Lyon), caissier de la banque Degas, celui de Léon Bonnat (musée de Bayonne), celui de sa sœur Thérèse Degas (Louvre).

Régulièrement admis au Salon académique, il s’essaie à la peinture d’histoire, qu’il voudrait rénover : Jeunes Filles spartiates provoquant des garçons à la lutte (1860, National Gallery, Londres), Sémiramis construisant une ville (1861, Louvre), Scènes de guerre au Moyen Âge (ou les Malheurs de la ville d’Orléans, 1865, Louvre). Il fait la connaissance du critique Louis Edmond Duranty (1833-1880) et de Manet*, fréquente le café Guerbois, centre de ralliement des « réalistes » (v. impressionnisme), où il prend part aux discussions avec une ardeur qui le fait qualifier, par Manet, de « grand esthéticien ». Il continue à exécuter principalement des portraits (une cinquantaine de 1865 à 1870), dans un esprit qu’il a lui-même précisé : « Faire des portraits de gens dans des attitudes familières et typiques, et surtout donner à leur figure le même choix d’expressions que l’on donne à leur corps. » Il veut aussi que l’on place le modèle dans son cadre de tous les jours, et il ajoute : « Le piquant n’est pas de montrer toujours la source de la lumière, mais l’effet de la lumière. » C’est alors qu’il compose ses premiers pastels. Sa formation est achevée, comme en témoigne par exemple sa Madame Hertel dite « la Femme aux chrysanthèmes » (1865, Metropolitan Museum, New York). D’autres portraits constituent de véritables scènes d’intérieur : c’est dans la fosse d’orchestre de l’Opéra qu’il représente le basson Désiré Dihau, et dans un salon le guitariste Pagans, qu’écoute le père du peintre, grand amateur de musique (les deux toiles sont au Louvre).