Décapodes (suite)
Fécondés par des spermatozoïdes dépourvus de flagelle, les œufs restent fixés sous l’abdomen maternel jusqu’à l’éclosion, sauf chez les Crevettes primitives de la famille des Pénéidés, qui abandonnent leurs œufs au gré des courants. Chez ces mêmes Pénéidés, la larve qui apparaît est un nauplius typique, mais à tube digestif rudimentaire ; chez les autres Décapodes, l’éclosion libère des formes larvaires plus évoluées ; dans tous ces cas, des métamorphoses plus ou moins compliquées conduisent à l’adulte. Cependant, les Écrevisses ont un développement direct à la naissance, les jeunes apparaissent déjà très semblables aux adultes.
Écologie
La plupart des Décapodes vivent dans la mer. Les formes nageuses les plus répandues sont les Crevettes, dont on ne compte pas moins de 1 500 espèces, réparties en plusieurs familles (Pénéidés, Palémonidés, Crangonidés, etc.) ; elles vivent en général près des côtes, et certaines espèces sont activement pêchées (Crevette grise, Crevette rose, Caramote, Nika) ; l’adaptation chromatique des Hippolytes leur permet de disparaître au milieu des Algues. Les Sergestes, pélagiques, se rencontrent au large.
La zone de balancement des marées voit pulluler les Crabes enragés et les Pagures, ou Bernard l’Ermite. Sur les fonds rocheux, à plus ou moins grande profondeur, vivent les Etrilles, les Tourteaux, les Homards, les Langoustes, comestibles souvent appréciés. Divers groupes de Décapodes contiennent des formes fouisseuses : le Crabe Uca, l’Anomoure Gebia, le Macroure Scyllarus (Cigale de mer). Le domaine abyssal recèle des Crustacés de grande taille, ordinairement rouges, aux yeux souvent atrophiés, comme Nephropsis, voisin de la Langoustine.
Les Pagures sont bien connus pour les associations qu’ils réalisent avec divers animaux (Actinies, Spongiaires, Annélides) ; le commensalisme s’observe chez d’autres Décapodes : les Crevettes extrême-orientales du genre Pontonia vivent par couples dans des Eponges Euplectella ; le Crabe Pinnothère trouve refuge dans la coquille des Moules.
Au premier rang des Décapodes d’eau douce, il convient de placer les Écrevisses. Nos Écrevisses indigènes, du genre Astacus, se complaisent dans les ruisseaux rapides, mais ne dédaignent pas les eaux stagnantes ; elles tendent à être supplantées par le Cambarus américain, plus résistant, introduit il y a soixante ans. Les Crevettes du genre Atya fouissent la vase dans les régions chaudes. Le Crabe chinois, Eriocheir sinensis, introduit accidentellement en Europe, se répand dans les cours d’eau, dont il creuse les rives.
Les eaux souterraines hébergent des Crevettes aveugles comme Typhlocaris et certains Cambarus.
L’adaptation à la vie terrestre se manifeste chez le Crabe exotique Gecarcinus, dont les chambres branchiales agissent comme des poumons, et chez divers Anomoures : les Cénobites des îles du Pacifique et de l’océan Indien placent leur abdomen dans des coquilles de Gastropodes terrestres et ont une respiration aérienne ; quant à Birgus latro, le Crabe des cocotiers, il est fouisseur et grimpeur et, sur la fin de sa vie, se passe de toute protection abdominale.
C’est au Trias qu’apparaissent les premiers Décapodes, apparentés aux Pénéidés, souche vraisemblable de tout le groupe qui se diversifie progressivement durant l’ère secondaire ; les Anomoures et les Brachyoures proviennent sans doute de Macroures de type homarien.
L’importance de l’ordre des Décapodes tient à la fois au fait qu’il apparaît comme le plus évolué parmi les Crustacés et au rôle que jouent plusieurs de ses représentants dans l’alimentation humaine.
M. D.
➙ Crabes / Crustacés.