Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Courier (Paul-Louis) (suite)

Ce mal aimé — il mourra assassiné par son garde-chasse, un rival — n’a alors rien d’un ermite campagnard : avec une allégresse mordante, il s’emploie, dans plusieurs libelles, à défendre les droits des paysans, qu’on empêche notamment de danser, tout en gardant l’illusion d’être l’un des leurs. Espoir déçu. Du moins Paris, que tout amuse, s’arrache ses lettres et pamphlets — une vingtaine en tout —, qui valent à leur auteur une série de procès politiques retentissants. Courier n’est pas mécontent de tout ce tapage : sa plume alerte et malicieuse a su trouver le mot qui fait mouche. Les rieurs sont de son côté, mais qu’on ne s’y trompe pas : les attaques contre le gouvernement et l’Église portent plus sur l’extérieur des choses que sur les principes. Elles restent superficielles. Le pamphlétaire n’est pas Voltaire : les brûlots qu’il lance se rapprochent des chansons de Béranger, le talent en plus. L’esprit, chez lui, s’attache aux petits faits. Ce qui sauve aujourd’hui cet écrivain de bonne compagnie, c’est l’ironie toute socratique, la vivacité du trait, la naïveté feinte, le style volontairement archaïque. Il a peu écrit, mais ce peu est parfait et on lit toujours sa traduction de Daphnis et Chloé.

A. M.-B.

 A. Lelarge, P. L. Courier (P. U. F., 1925). / P. Arbelet, Trois Solitaires : Courier, Stendhal, Mérimée (Gallimard, 1934). / L. Desternes, Paul-Louis Courier et les Bourbons (Éd. des « Cahiers bourbonnais », Moulins, 1962). / Numéro spécial de Europe, Paul-Louis Courier (1966).

Cournot (Antoine Augustin)

Mathématicien, économiste et philosophe français (Gray 1801 - Paris 1877).


Professeur de mathématiques à Lyon en 1834, il devient recteur de l’académie de Grenoble (1835), puis inspecteur général (1836-1848). Il prend sa retraite en 1862, après avoir été placé à la tête de l’académie de Dijon, en 1854.

C’est dans ses Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses (1838) et dans ses Principes de la théorie des richesses (1863) que Cournot s’affirme comme le premier grand théoricien de l’école mathématique qui atteindra son apogée avec Léon Walras et Vilfredo Pareto. Il s’inspire des travaux que Nicolas François Canard avait systématisés dans ses Principes d’économie politique (1802).

Il élabore pratiquement ce que plus tard on appellera un modèle, c’est-à-dire un schéma simple de la réalité économique pouvant être mis en équation et dans lequel on est susceptible de déterminer des points d’équilibre, c’est-à-dire d’expliquer, par exemple, à quel niveau la demande et l’offre d’un bien s’équilibrent, compte tenu de toute une série de paramètres et de comportements qu’il est nécessaire de formaliser. Cette méthode a été particulièrement utilisée pour la résolution du problème du duopole, où deux concurrents s’affrontent en baissant les prix l’un après l’autre.

Mais Cournot, mathématicien à l’origine, ne fut pas seulement un économiste : la statistique moderne doit beaucoup à son Exposition de la théorie des chances et des probabilités (1843). Par ailleurs, son Traité de l’enchaînement des idées fondamentales dans les sciences et dans l’histoire (1861) et son Essai sur les fondements de nos connaissances (1851) font de lui un philosophe, dont la pensée est fondée sur l’étude de l’idée de hasard.

A. B.

courroie de transmission

Organe de transmission de mouvement, constitué par un corps souple, de section constante, fermé sur lui-même, utilisé pour établir une transmission de couple entre deux arbres par l’intermédiaire de deux poulies, chacune d’elles étant calée sur l’un des arbres et la courroie étant tendue sur celles-ci.


La transmission de mouvement ne peut s’effectuer correctement que si la tension de la courroie est telle que les forces de frottement entre courroie et poulies qui en résultent sont suffisantes pour empêcher la courroie de glisser sur les poulies. Le rapport de transmission du mouvement est pratiquement égal à l’inverse du rapport des rayons des poulies. À l’exception des courroies crantées associées à des poulies de même type, la transmission par courroie n’est pas desmodromique : le rapport de transmission diminue très légèrement lorsque le couple à transmettre augmente. Le phénomène, appelé improprement glissement, est dû à l’élasticité de la courroie, qui s’allonge sous l’effet des forces à transmettre, et cela d’autant plus que ces forces sont plus grandes.

Les courroies commercialisées sont toujours dites « inextensibles ». Cependant, elles s’allongent à l’usage. Il faut donc les tendre de temps à autre. Tout système de transmission par courroie doit donc être conçu de telle manière que l’on puisse retendre la courroie, soit en augmentant la distance entre les deux poulies, soit en augmentant l’arc d’enroulement de la poulie à l’aide d’un galet tendeur. Jadis, on utilisait des courroies plates en cuir, assemblées par collage, couture, agrafage ; quelquefois aussi en coton, en tissu de coton imprégné de gomme végétale, en caoutchouc, en poil de chameau, etc. On employait également des courroies rondes en cuir de 3 à 8 mm de diamètre ou torsadées de 8 à 15 mm de diamètre, pour transmettre de petites puissances, ainsi que des courroies spéciales à maillons en cuir ou en morceaux de cuir placés sur champ et assemblés par une succession ininterrompue de tenons métalliques (courroie Titan). Ce dernier type de courroie est utilisé pour transmettre de très grandes puissances. Actuellement, les courroies trapézoïdales remplacent de plus en plus les courroies plates.


Courroie trapézoïdale

C’est une courroie sans fin, de longueur variable, moulée en une seule pièce, et dont la section est de forme trapézoïdale. Elle est constituée par une armature formée de cordons torsadés en textile, placée au voisinage de la fibre neutre et destinée à transmettre l’effort de traction. Cette armature est complétée d’une part, à la partie externe, par une zone en caoutchouc rigide en largeur et susceptible de s’allonger en longueur, et d’autre part, à la partie interne, par une zone en caoutchouc susceptible de se comprimer. L’ensemble est enrobé par un tissu caoutchouté résistant à l’usure.