Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Corée (suite)

Époque Li (ou I) [1392-1910]

Avec la dynastie des Li, l’atmosphère de la vie coréenne est complètement transformée. Les souverains reconnaissent la suzeraineté des Ming et adoptent le confucianisme. Dans la nouvelle capitale, Séoul, les palais Kyŏng-bok et Č’ang-dok s’ordonnent de nouveau selon une stricte symétrie, copiée sur la cité impériale de Pékin.

La peinture elle-même se libère difficilement de l’influence chinoise. Un Bureau des arts, créé par les souverains, réunit peintres professionnels et « amateurs » issus de la classe des fonctionnaires (yang-ban). Tout comme les lettrés chinois, ils cherchent à exprimer leur personnalité par la poésie, la peinture et la calligraphie.

Répondant aux exigences d’une production abondante, les potiers simplifient les formes et les décors des céramiques. Parallèlement à une porcelaine blanche, patronnée par la Cour, se développent dans le sud du pays les p’un-č’ong (ou p’unchong). Ces pièces, d’usage courant, faites d’une argile semblable mais plus grossière que le céladon Ko-ryŏ, sont décorées de motifs estampés ou peints à larges coups de brosse sur un fond d’engobe blanc. Leur aspect négligé et naturel devait séduire les Japonais lorsque, à la fin du xvie s., ils envahirent la Corée, détruisirent les fours et emmenèrent de force les potiers à Kyūshū.

Après une invasion mandchoue au xviie s., la Corée connaît toutefois une renaissance culturelle au xviiie s. Des peintres, comme Čong-Son (1676-1759), cherchent à traduire dans un style original la beauté des paysages de leur pays, tandis que Sin Yun-bok (1758-1840) et Kim Hong-do (1760-?) se penchent avec humour sur des scènes folkloriques et populaires.

La porcelaine, produite par les fours royaux, s’orne de décors en bleu de cobalt qui s’inspirent des esquisses des peintres. Dans le Nord, les potiers de campagne créent de grandes jarres aux motifs peints en brun de fer ou en rouge de cuivre. Ces pièces franches et naïves, d’une vigueur peu commune, sont à l’origine du mouvement actuel de rénovation de la poterie japonaise.

F. D.

➙ Chine / Japon / Laque / MacArthur (D.) / Pagode / Porcelaine / Pu-san / P’yŏng-yang / Séoul.

 C. de Pimodan, Promenades en Extrême-Orient, 1895-1898 (Champion, 1900). / C. Vautier et H. Frandin, En Corée (Delagrave, 1904). / H. B. Hulbert, The History of Korea (Séoul, 1905 ; nouv. éd., Londres, 1962 ; 2 vol.). / C. B. Osgood, The Koreans and their Culture of All Ages (New York, 1951). / Histoire de la Corée (en coréen, Séoul, 1951-1965 ; 7 vol.). / R. T. Oliver, Syngman Rhee (New York, 1954). / S. MacCunne, Korea’s Heritage, a Regional and Social Geography (Tōkyō, 1956). / Unesco, Korean Survey (Séoul, 1960). / Catalogue d’exposition, Trésors d’art coréen (Musée Cernuschi, 1961). / P. Chung-hee, Our Nations Path (Séoul, 1962). / R. Leckie, Conflict : the History of the Korean War (New York, 1962 ; trad. fr. la Guerre de Corée, Laffont, 1963). / E. MacCune, The Arts of Korea (Tōkyō, 1962) ; Korea, its Land, People and Culture of All Ages (Séoul, 1963). / R. D. Murphy, Diplomat among Warriors (New York, 1964 ; trad. fr. Un diplomate chez les guerriers, Laffont, 1965). / C. et W. Y. Kim, Corée : 2 000 ans de création artistique (Office du livre, Fribourg, 1966). / Rya Hun, Study of North Corea (Séoul, 1966). / W. Burchett, À nouveau la Corée (Maspéro, 1968). / Histoire du mouvement de l’indépendance de la Corée (en coréen, Séoul, 1968 ; 4 vol.). / Histoire des 36 ans de domination de l’impérialisme japonais en Corée (en coréen, Séoul, 1968 ; 3 vol.). / The Art of the Korean Potter, introduction de P. Griffing (New York, 1968). / Li Ogg, Histoire de la Corée (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / Baik Bong, Kim Il-sung (Tōkyō, 1970 ; 3 vol.). / J. Suret-Canale et J.-E. Vidal, la Corée populaire vers les matins calmes (Éd. sociales, 1973).


La guerre de Corée

Conflit qui opposa, de 1950 à 1953, la Corée du Sud, soutenue par les Nations unies et surtout par les États-Unis, à la Corée du Nord, appuyée par l’U. R. S. S. et la Chine populaire.

Conflit intermédiaire entre la Seconde Guerre mondiale, dont il est issu, et la guerre atomique, dont la menace latente l’empêchera de s’étendre, la guerre de Corée se joue sur deux plans : l’un, local, qui oppose les deux parties d’un même peuple venant à peine de reconquérir son indépendance ; l’autre, international, qui marque une étape essentielle de la rivalité ouverte entre le monde communiste et le monde occidental.

Pour en saisir le déroulement, il importe de rappeler qu’en 1950 la rupture vient d’être consommée entre les Alliés de 1945. Les États-Unis, encore confiants dans leur monopole atomique en dépit de l’explosion de la première bombe soviétique, ne disposent que de forces militaires très réduites. Mais la guerre froide règne sur le monde, et Washington, en signant le Pacte atlantique*, vient de prendre en compte la protection d’une Europe encore convalescente et désarmée. Quant au monde communiste, s’il reste à direction soviétique, il vient de s’adjoindre la Chine de Mao Zedong (Mao Tsö-tong), qui apparaît bien vite être beaucoup plus qu’un satellite de l’empire stalinien. L’O. N. U. est alors d’autant plus sous l’influence américaine que l’U. R. S. S. a rappelé son délégué au Conseil de sécurité, refusant qu’il siège à côté de celui de la Chine de Tchang Kaï-chek [ou Jiang Jieshi (Tsiang Kiai-che)]. Ces données d’ordre général domineront la guerre de Corée ; elles seront en outre singulièrement compliquées par l’antinomie entre les deux Corées : la Corée du Nord, industrielle, a été fortement organisée par l’U. R. S. S., qui y a installé une armée solide ; le Sud, au contraire, à vocation agricole, est géré par l’impopulaire gouvernement de Li Seung-man (Syngman Rhee), dont l’autorité repose sur sa police et dont l’armée, mal entraînée, est totalement dépourvue de blindés et d’aviation.