Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Corée (suite)

Il apparaît en tout cas que la Corée du Nord ne veut pas se lier à l’un ou l’autre de ses voisins. Sa révolution culturelle, présentée comme un développement harmonieux de la nation, n’est pas une pâle imitation de son homonyme chinois. Elle a pour but « d’élever les jeunes générations pour en faire des bâtisseurs compétents du socialisme et du communisme et de former un grand nombre de techniciens et de spécialistes en accord avec le rythme rapide de la révolution technique ». Cela est réalisé d’une part par un enseignement technique obligatoire d’une durée de neuf ans destiné aux jeunes de huit à dix-sept ans, d’autre part par le « renforcement du travail d’enseignement des adultes, le travail de propagande par radiodiffusion et le travail de diffusion des publications améliorées ». Cette politique fait que les « innombrables travailleurs, ouvriers et paysans en premier lieu, participent activement aux activités littéraires et artistiques ».

L’opinion publique de la Corée du Nord est mal connue, si ce n’est dans ses encouragements à la révolution sud-coréenne, considérée comme une révolution de libération nationale dirigée contre les « agresseurs impérialistes US et leur valetaille ». Cependant, en juillet 1972, les deux Corées se sont prononcées, dans un communiqué commun, pour une réunification pacifique, et, en 1973, la Corée du Sud a levé son veto à la participation du Nord à l’O. N. U.


La Corée du Sud

(En cor. Tä-han min-kuk ou Han-kuk.)

Lorsque le général Hodge débarque en Corée, le 8 septembre 1945, il prend rapidement une série de mesures tendant à installer dans la zone sud une nouvelle administration. Il est aidé dans cette tâche par Li Seung-man (Syngman Rhee) [1875-1965], rentré depuis peu en Corée, et par les amis de ce dernier. Le 14 février 1946, Hodge, afin de rallier le plus grand nombre de gens, forme un « Conseil représentatif démocratique », qui est présidé par Li Seung-man. Ce conseil, composé en grande majorité de conservateurs, travaille seul, la plupart des libéraux refusant de s’associer à ses travaux. Les Américains continuent cependant à faire confiance à l’équipe de Li Seung-man.

Après que la question de la réunification eut été portée devant l’Assemblée générale de l’O. N. U. (sept. 1947), il est décidé que des élections auront lieu en Corée. Devant le refus des autorités de la zone nord, elles ne se déroulent que dans la zone sud, le 10 mai 1948. La participation électorale y aurait été de 95 p. 100. Une assemblée nationale est élue, et Li Seung-man est choisi comme président de la République. Le 15 août, le nouveau gouvernement de la république de Corée entre en fonctions ; il sera reconnu comme le seul légal par les Nations unies. Le gouvernement militaire américain est remplacé par une section civile ; tous les biens confisqués aux Japonais sont rendus aux Coréens, et, par l’accord du 10 décembre, de larges crédits sont octroyés au gouvernement de Li Seung-man.

Ce gouvernement semble avoir comme tâche principale la lutte contre les éléments communistes. Dès 1947, toutes les organisations de gauche existant en Corée du Sud entrent dans la clandestinité et se réfugient dans la zone nord. Li Seung-man se refuse à tout dialogue avec le Nord ; de même, il n’admet pas que l’on puisse s’opposer au principe d’élections séparées au Sud et au Nord. Kim Ku, ancien membre du gouvernement en exil qui défend cette idée, est assassiné en 1948. Une agitation de gauche se maintient durant les années 1949 et 1950 ; elle est réprimée sauvagement par l’appareil policier que Li Seung-man a installé. L’impopularité du régime apparaît très nettement lors des élections de mai 1950, où le parti de Li Seung-man est battu.

La guerre de Corée va, pour un moment, faire passer ces problèmes au second plan. Après la signature de l’armistice (27 juill. 1953), Li Seung-man revient au pouvoir. Le 1er octobre, un accord américano-coréen est signé, aux termes duquel les États-Unis s’engagent par des dons et des prêts à aider la Corée à se relever des ruines de la guerre.

La Corée du Sud, essentiellement agricole, au sous-sol pauvre, doit non seulement remettre l’économie en route mais également faire face à l’afflux de population qui a fui le régime communiste. L’aide américaine est gaspillée, et, lors des élections de 1956, quand les libéraux (parti de Li Seung-man) se représentent, ils n’ont que des résultats assez minces à présenter aux électeurs. Cela n’empêche pas Li Seung-man, encore très populaire, d’être réélu ; l’opposition démocrate obtient cependant la vice-présidence.

Lorsque Li Seung-man se présente à un quatrième mandat, après avoir fait amender la Constitution, qui ne le lui permettait pas, il est réélu le 15 mars 1960 avec 92 p. 100 des voix. Mais l’opposition dénonce sa mainmise sur les administrations locales, la presse, la police, et aussi les élections truquées (refus des autorités locales d’accepter des leaders de l’opposition aux bureaux de vote, dépouillement frauduleux et changement de certaines urnes). Une vague de manifestations antigouvernementales déferle sur les grandes villes et gagne Séoul. La loi martiale est proclamée, et la police tire sur les manifestants. Le 20 avril, on compte déjà plus de 150 morts et 500 blessés.

Le gouvernement démissionne, ce qui n’empêche pas les manifestations de continuer, les manifestants demandant également à Li de démissionner, ce qu’il fait. Ce geste eut pour effet paradoxal de lui rendre un regain de popularité, elle-même accrue par la mort de l’ancien vice-président Li Ki-pung (assassiné par son propre fils), tenu pour responsable des élections truquées du 15 mars. Un président intérimaire, Ho Čong, est nommé, qui forme un cabinet chargé d’expédier les affaires courantes. Li Seung-man part en exil à Hawaii, où il meurt en 1965.

De nouvelles élections ont lieu au mois de juillet, et Čang Myŏn, chef du parti démocratique, est élu à la tête du gouvernement ; la présidence revient à Yun Po-son. Malgré ses bonnes intentions, ce gouvernement se révèle incapable d’assainir les finances, de redresser l’économie, de lutter contre la corruption, de prendre les mesures capables de satisfaire une population mécontente ; une certaine agitation politique continue. Une partie de l’armée s’émeut d’une telle situation, et plusieurs officiers, parmi lesquels le général Pak Čŏng-hi (Park Chung-hee), s’emparent du pouvoir après un coup d’État (16 mai 1961). Un Conseil suprême de la restauration nationale est créé, les fonctionnaires coupables de corruption sous le régime de Li Seung-man sont condamnés à des peines souvent très lourdes, un programme de reconstruction économique est établi, et des lois sévères destinées à réprimer toute tentative de subversion, communiste ou non, sont promulguées. En décembre 1962, un texte portant amendement de la Constitution de 1948 et établissant un régime présidentiel est approuvé par référendum. Ce texte précise que le président de la République est élu pour quatre ans au suffrage universel, qu’il nomme les membres du gouvernement et en préside les réunions. Le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale, élue elle aussi pour quatre ans au suffrage universel.