Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Corée (suite)

La vie politique du premier semestre 1963 est agitée. En février, le général Pak annonce son intention de se retirer de la vie publique, mais en subordonnant sa décision à un certain nombre de conditions. La rivalité des factions au sein de la junte, l’opposition des civils de même que les réticences du gouvernement américain au maintien des militaires au pouvoir amènent le général Pak à plus de souplesse. Des élections pour désigner le président de la République peuvent enfin se dérouler au mois d’octobre. Le général Pak, qui a entre-temps officiellement démissionné de l’armée, se présente face à une opposition qui, bien que divisée, ne présente qu’un candidat unique, l’ancien président Yun Po-son. Pak ne l’emporte que de justesse par une majorité de 1,4 p. 100 sur dix millions de suffrages exprimés. Le mois suivant, lors de l’élection de l’Assemblée nationale, le Parti républicain démocratique (celui de Pak), contre toute attente, l’emporte largement avec 108 sièges sur les 175 à pourvoir.

Le 17 décembre, le premier gouvernement de la IIIe République, officiellement installé, entre en fonctions. Malgré sa confortable majorité, le gouvernement du président Pak doit faire face à un grand nombre de manifestations. Les étudiants, particulièrement, s’en prennent à la politique économique et sociale du gouvernement, mais aussi aux pourparlers coréano-japonais en vue de normaliser les rapports entre les deux pays. Le traité entre le Japon et la Corée du Sud, signé au mois de juin 1965, dénoncé aussitôt par la Corée du Nord et Pékin qui y voyaient une menace de l’impérialisme américain contre les peuples coréen et chinois, prévoyait une aide étalée sur dix ans.

Le plan quinquennal élaboré en 1962 préconise en particulier un gros effort en matière d’expansion industrielle. Celle-ci ne satisfait au départ que le marché intérieur ; les prix montent en flèche, et la balance des paiements est largement déficitaire en 1962 et 1963. La dévaluation de la monnaie (mai 1964), la limitation des dépenses gouvernementales et l’attribution de prêts aux seules entreprises exportatrices permettent de redresser cette situation. Parallèlement, de gros efforts sont accomplis pour doter le pays des sources énergétiques qui faisaient cruellement défaut. Un second plan quinquennal est lancé en 1967.

Enfin, par ailleurs, les capitaux étrangers n’en continuent pas moins de jouer un rôle appréciable. Le Japon a construit de nouvelles usines, où une main-d’œuvre abondante et bon marché trouve à s’employer. On notera que, dans certaines branches, comme l’électronique par exemple, la main-d’œuvre coréenne commence à concurrencer sérieusement la main-d’œuvre japonaise. Les États-Unis jouent également un rôle prépondérant. Cependant, à la fin de l’année 1970 s’est achevé le programme d’assistance américaine à la Corée. Commencé après la guerre, il représente un apport de capitaux de près de deux milliards de dollars. La présence de 60 000 soldats américains n’est pas non plus négligeable. De même, la part croissante prise par les Coréens dans la fourniture d’équipements militaires et de matériaux de construction au Viêt-nam du Sud ainsi que la présence dans ce pays d’une vingtaine de milliers de civils coréens qui chaque mois envoient une partie de leur salaire constituent une importante source de devises.

Le problème le plus préoccupant est celui de la modernisation de l’agriculture. La population rurale (plus de la moitié de la population totale) n’a que très peu profité de l’expansion industrielle. Malgré des progrès très nets grâce à l’utilisation d’engrais, à l’emploi de motoculteurs et à la diversification des cultures, les importations de céréales sont encore nécessaires et représentent une importante hémorragie de devises.

Les rapports entre les deux Corées sont loin d’être bons, comme l’attestent les incidents le long de la ligne démilitarisée et la découverte des réseaux communistes en Corée du Sud. Cependant, en juillet 1972, les deux Corées se sont rapprochées pour se prononcer en faveur d’une réunification pacifique. Un amendement constitutionnel voté en 1969 permet au président Park, dont le parti est majoritaire à l’Assemblée nationale, d’être réélu en décembre 1972 après qu’une nouvelle Constitution, renforçant ses pouvoirs, eut été approuvée par référendum (21 nov.). Face à la montée de l’opposition, qui s’attaque surtout à la Constitution, le gouvernement développe la répression. En février 1975, Park Chung Hee fait approuver par référendum sa politique. Le désengagement américain et le refus du Japon de vouloir s’engager à remplacer les États-Unis ne favorisent pas une évolution harmonieuse de la politique de la Corée du Sud.

M. O.


L’art coréen

La Corée a été le relais naturel par lequel la culture chinoise, dont elle avait fortement subi l’influence, a pénétré dans les îles japonaises. Longtemps considérée comme dénuée de toute originalité, la civilisation coréenne commence seulement à faire l’objet d’études approfondies. Celles-ci révèlent que les créations artistiques coréennes sont la manifestation d’une sensibilité particulière, dépassant largement le cadre d’une forme provinciale de l’art chinois.


Époque néolithique

Témoins des différentes vagues de populations qui ont atteint la Corée au cours de la préhistoire, trois types de poterie sont à distinguer :
— une poterie « au peigne », trouvée sur le pourtour de la péninsule et au bord des fleuves, liée à la culture des chasseurs-pêcheurs de la Mandchourie du Sud-Ouest, elle-même en rapport avec les cultures forestières du lac Baïkal ;
— une poterie grossière, sans décor, fabriquée à partir de la fin du IIe millénaire av. J.-C. ;
— une poterie rouge et fine à surface polie, proche de la poterie « peinte » de la Chine du Nord.

Les deux derniers types appartiennent à des peuples d’agriculteurs qui vivaient à l’intérieur du pays. Ils ont laissé de nombreux vestiges mégalithiques : dolmens en forme de table dans le Nord, grandes pierres posées à même le sol et recouvrant une sépulture dans le Sud.

Par suite de sa proximité avec la Chine, la Corée du Nord-Ouest connaît l’emploi du bronze au cours du Ier millénaire av. J.-C. La découverte d’agrafes zoomorphes (tigre et cheval) dans la Corée du Sud-Est témoigne du rayonnement des bronziers chinois, influencés par le monde des steppes*.