Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Constantin le Grand (suite)

Cette fiscalité est écrasante. Les villageois, les corporations et les collèges sont solidairement responsables de l’impôt. L’hérédité obligatoire des fonctions se généralise dans un but fiscal. Mais les énormes dépenses de l’Empire conduisent à l’inflation. Constantin est l’inventeur du célèbre sou (solidus), monnaie d’or qui succède à l’aureus et qui se veut rigoureusement fixe.

Au total, l’époque constantinienne ne dut pas être très heureuse pour tous ceux qui n’avaient pas de puissants protecteurs ou qui n’avaient pas l’heur de partager les idées religieuses du maître. Constantin imposa à l’Empire un considérable changement d’orientation, qui ne pouvait pas se faire sans réactions ; d’où les portraits très dissemblables que nous ont laissés les contemporains. Si Eusèbe de Césarée, ébloui, l’appelle « le bien-aimé de Dieu, participant du royaume céleste », l’empereur Julien le considère comme un goinfre et un dépensier, et l’historien Zosime, païen, reflétant sans aucun doute l’opinion d’une partie des contemporains, ne voit que la « malice de son naturel » ; sa conversion n’aurait été qu’un stratagème pour expier ses crimes à meilleur compte ! Perplexes, les historiens d’aujourd’hui sont à peine plus avancés.

Sainte Hélène

En lat. Flavia Julia Helena, mère de Constantin (Drepanum, ou Drepanê, plus tard Helenopolis, près de Nicomédie, v. 347 - v. 328).

Humble fille d’aubergiste, elle devint la concubine ou l’épouse de Constance Ier Chlore et fut la mère de Constantin, qui la nomma augusta et sur qui elle exerça une influence considérable. Elle pourrait avoir inspiré la politique religieuse du règne. Vers la fin de ses jours, en 326, elle entreprit un grand pèlerinage en Palestine, où elle semble être allée dans l’intention d’expier le crime de Constantin, qui venait de faire périr Crispus et Fausta. Elle fit fouiller la grotte du Saint-Sépulcre et entreprendre la construction d’une basilique à proximité. Elle construisit d’autres églises, au moins à Bethléem et à Mambé. Une légende tardive lui attribue la découverte de la croix du Christ.

Son mausolée, colossal, circulaire, qui s’élève près de Rome sur la via Labicana, est connu sous le nom de Pignattara. On a trouvé non loin un fabuleux sarcophage de porphyre sculpté qui devait être destiné à Constance et à Hélène.

L’abbaye de Hautvillers, près de Reims, se vantait, dès le ixe s., de posséder ses reliques. Son culte s’est fortement répandu en Angleterre. Fête le 18 août.

Les fils de Constantin

Deux ans avant sa mort, Constantin avait partagé l’Empire entre ses fils, Constantin II (316-340), Constance II (317-361), Constant Ier (320-350), et ses neveux, Dalmatius et Hannibalianus. Pendant les mois qui suivirent la disparition du grand monarque, aucun partage ne se fit. Puis les trois fils s’entendirent entre eux pour s’attribuer le titre d’augustes, tandis que les soldats massacraient les deux autres légataires de l’Empire.

Constant Ier, le plus jeune, ne gouverna que l’Illyricium, sous la tutelle de son aîné, Constantin II, maître de l’Occident. Il s’accommoda mal de cet assujettissement, fit preuve d’indiscipline, puis battit et tua Constantin à Aquilée (340). L’Empire se trouvait partagé en deux moitiés comme à l’origine de la tétrarchie. Constance guerroyait en Orient contre les Perses. En Occident, Constant défendait avec efficacité les lignes de défense romaines et légiférait, comme son frère d’ailleurs, avec un net souci d’humanité et d’équité. Mais les deux hommes ne s’entendirent pas sur le plan religieux : Constance défendit l’arianisme, Constant l’orthodoxie et son turbulent représentant, l’évêque d’Alexandrie Athanase*.

Les deux empereurs surmontèrent cette crise et se réconcilièrent aux dépens du paganisme. Sur ces entrefaites, Constant, victime d’un complot militaire, et probablement de son impopularité, fut remplacé par l’usurpateur Magnence, un officier barbare (350) que Constance se devait d’éliminer à son tour (351), non sans donner ainsi un prétexte aux Alamans pour faire une incursion dévastatrice en Gaule.

L’unité de l’Empire se trouvait rétablie, une nouvelle fois, par l’ambition et le sang. Constance se montra solennellement à Rome, en triomphateur, prit contact avec le sénat de Rome, qu’il favorisa, comme celui de Constantinople. Dans le même temps, il tempéra sa politique antipaïenne. Il avait fait de Julien, neveu de Constantin et rescapé des massacres familiaux, un césar en 355. Julien, qu’on devait surnommer l’Apostat, fut proclamé auguste par les soldats en 360, et Constance, qui avait d’abord pris le parti de le châtier, mourut en le déclarant son héritier (361).

R. H.

➙ Byzantin (Empire) / Christianisme / Concile / Constantinople / Rome.

 N. H. Baynes, Constantine the Great and the Christian Church (Londres, 1931). / A. Piganiol, l’Empereur Constantin (Rieder, 1932). / J. D’Elbée, Constantin le Grand (Julliard, 1947). / A. Alfödi, The Conversion of Constantine and Pagan Rome (Oxford, 1948). / A. H. M. Jones, Constantine and the Conversion of Europe (Londres, 1948). / D. Van Berchem, l’Armée de Dioclétien et la réforme constantinienne (Geuthner, 1952). / H. Dörries, Das Selbstzeugnis Kaiser Konstantins (Göttingen, 1954) ; Konstantin der Grosse (Stuttgart, 1958). / L. Völkl, Der Kaiser Konstantin (Munich, 1957). / R. Egger, Das Labarum, die Kaiserstandarte der Spätantike (Vienne, 1960). / J. Vogt, Konstantin der Grosse und das Christentum (Zurich, 1960). / S. Calderone, Costantino e il cattolicesimo (Florence, 1962). / R. McMullen, Constantin (New York, 1969 ; trad. fr., Hachette, 1971).

Constantine

Troisième ville d’Algérie et ch.-l. de département ; 255 000 hab.



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