Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Conifères (suite)

Il existe chez beaucoup d’espèces (sauf les Taxacées) un appareil sécréteur composé de canaux, qui donnent surtout des résines et des essences, rarement des gommes. Ces canaux sont surtout très abondants dans le genre Pinus ; on les retrouve également (mais petits) chez les Épicéas, Mélèzes et Pseudotsugas. Les hormones de cicatrisation font apparaître, lors de la fermeture des blessures, ce tissu sécréteur dans les espèces qui n’en possèdent pas à l’état normal.

Les feuilles sont, sauf de rares exceptions, persistantes, en forme d’aiguille ; elles ont ordinairement une seule nervure et un épiderme fortement cutinisé. Les écailles qui couvrent les branches des Pins sont considérées par de nombreux auteurs comme des feuilles d’un second type, réduites.

Les fleurs, unisexuées, sont groupées en chatons ou en petits cônes. Ainsi, un rameau florifère mâle de Pin porte à sa base de petites bractées, puis un ensemble de chatons (constitués chacun par un axe portant un groupe plus ou moins important d’étamines) et enfin, à la partie supérieure, des petits brachyblastes portant à leur extrémité de longues aiguilles. Ce rameau se termine par un bourgeon. Le pollen des Conifères est très varié ; son ornementation et sa structure permettent parfaitement de caractériser chacune des espèces. Les grains de pollen de certaines espèces ont, de part et d’autre des cellules reproductrices, deux ballonnets qui favorisent le transport par le vent ; en effet, la pollinisation est presque toujours anémophile, et il arrive qu’ainsi d’importantes masses de pollen jaune puissent se déplacer et tomber sur le sol, en telle quantité que l’on a pu parler de « pluie de soufre ».

Le cône femelle est formé d’un axe sur lequel sont insérées des feuilles (bractées), qui elles-mêmes portent une écaille, le carpelle, avec, un ou plusieurs ovules suivant les groupes. Cette écaille est plus ou moins soudée à la bractée, et son extrémité visible prend le nom d’écusson quand le cône est mûr.

Le temps écoulé entre la pollinisation et la fécondation, qui est ordinairement très court chez les Angiospermes, est ici beaucoup plus long, parfois de l’ordre de plusieurs mois : chez le Mélèze, 75 jours ; les Pseudotsugas, 60 jours ; les Cèdres, 250 jours ; près d’un an pour le Pin, mais seulement un mois chez le Sapin.

À maturité (ordinairement après deux ans), quand les cônes femelles renferment des graines mûres, leur forme et leur port sont très variables d’une espèce à l’autre : certains sont dressés (Cèdres), d’autres au contraire pendants (Épicéas, Pins) ; les uns tombent d’un seul bloc sur le sol, où ils se délitent alors, d’autres au contraire perdent peu à peu leurs écailles, l’axe central restant attaché à la branche et ne tombant que bien longtemps après la dernière écaille. En général, les graines, pourvues d’une aile, ont été dispersées par le vent avant la chute du cône.

Ce groupe possède de très nombreux représentants à l’état fossile, mais ce ne sont pas forcément les ancêtres des espèces actuelles. On a pu retrouver dès le Dévonien les premiers restes indubitables de Gymnospermes (Ginkgoacées, Taxacées), mais c’est à l’ère secondaire que l’« explosion » du groupe a été la plus forte. Ainsi, au Permo-Trias, apparaissent les genres Walchia et Voltzia, au Lias et à l’Oolithique des genres proches de Ginkgo et Araucaria, et au Crétacé Thuya, Pinus et Sequoia. Au Tertiaire, presque tous les genres de Conifères actuellement existants étaient déjà bien différenciés, alors que naissaient les premiers Angiospermes ; depuis, l’importance relative des Conifères n’a cessé de décroître.

On admet en général que les Conifères descendent des Cordaïtes. Pour les inflorescences notamment on peut suivre l’évolution des cônes mâles et femelles depuis les types les plus primitifs des Cordaïtes jusqu’aux formes les plus évoluées des Conifères actuels, par réduction de la longueur de l’axe et du nombre des feuilles fertiles, qui sont devenues les « écailles ».


Répartition

Les Conifères sont surtout abondants dans l’hémisphère Nord, dans les régions à climat tempéré ou froid. Dans les pays chauds, ils n’existent qu’en altitude, où l’on retrouve un climat froid qui peut alors leur convenir. Seule la petite sous-famille des Araucarioidées se trouve à l’état endémique dans l’hémisphère Sud.

Les peuplements des Conifères si fréquents dans le vieux monde ne sont composés que d’une vingtaine d’espèces autochtones, alors qu’il y en a plus d’une soixantaine en Amérique du Nord, et autant en Chine et au Japon.

Les défrichements et les nombreux peuplements artificiels ont considérablement modifié cette carte des répartitions ; ainsi, tous les pays du monde sont passés par trois stades : d’abord un temps où l’homme, primitif ou non, entreprend un phase de reconnaissance ; puis un temps de défrichement où les cultures se développent à l’extrême au détriment de la forêt primitive ; enfin vient l’heure du reboisement, car les produits obtenus par les forêts naturelles ne sont plus assez abondants, et on crée alors de grands peuplements artificiels, souvent monospécifiques, qui fournissent un matériau donné. Mais ces repeuplements peuvent aussi devenir nécessaires par suite de phénomènes naturels comme, par exemple, l’érosion en montagne ou la mobilité des dunes.

Cette évolution du tapis forestier s’est faite dans les pays jeunes en moins d’un siècle (ouest des États-Unis, pays d’Afrique tropicale), ou au contraire très lentement quand cela se passe dans les pays de vieille civilisation, puisque c’est seulement vers le milieu du xviie s., grâce à l’ordonnance des Eaux et Forêts de Colbert (1669), que la France a vraiment commencé d’une manière régulière le reboisement de ses plaines et de ses montagnes. Les reboisements furent d’abord constitués par des feuillus, et c’est seulement au début du xixe s. que l’on entreprit des peuplements de résineux (Sologne, v. 1870). Vers la fin du siècle, le repeuplement des montagnes (un million d’hectares) fut entrepris en particulier avec des Conifères (Pin noir d’Autriche, Épicéa, Mélèze, Cèdre).