Colombie (suite)
Les élections de 1970 et de 1974
Les élections de 1970 prouvent la très nette hostilité de la population au monopole politique des deux partis et au gouvernement. L’ANAPO, parti de Rojas, bénéficie d’un raz de marée électoral, et si le vieux Rojas n’est pas élu président (le conservateur Misael Pastrana Borrero le devance de quelques milliers de voix), c’est peut-être à cause de la fraude gouvernementale. Le vote massif en faveur de Rojas, malgré toutes les pressions de l’État, est la preuve du non-conformisme des Colombiens.
Les élections du 21 avril 1974 marquent la fin du Front national en opposant le candidat conservateur, Alvaro Gómez Hurtado, au candidat libéral Alfonso López Michelsen ; c’est ce dernier qui est élu, avec plus d’un million de voix d’avance sur son adversaire.
J. M.
Littérature
➙ V. hispano-américaines (littératures).
J. Pérez de Barradas, Colombia de Norte a Sur (Madrid, 1943 ; 2 vol.). / P. Vila, Nueva geografía de Colombia (Bogotá, 1945). / J. G. Giraldo, La pintura en Colombia (Mexico, 1948). / J. J. Parsons, Antioqueño Colonization in Western Colombia (Berkeley, 1949). / V. C. Fluharty, Dance of the Millions : Military Rule and the Social Revolution in Colombia, 1930-1956 (Pittsburgh, 1957 ; rééd. 1967). / G. Pérez, El Campesinado colombiano, un problema de estructura (Bogotá, 1962). / J. Ramón, Geografía superior de Colombia (Bogotá, 1962). / G. H. Rodríguez, La alternación ante et pueblo como constituyente primario (Bogotá, 1962). / G. Guzmán, F. Borda et U. Luma, La violencia en Colombia (Bogotá, 1963-1964 ; 2 vol.). / J. Jaramillo, El pensamiento colombiano en el siglo 19 (Bogotá, 1964). / I. Lievano, Los grandes conflictos socio-económicos de nuestra historia (Bogotá, 1964). / P. Cunill, l’Amérique andine (P. U. F., coll. « Magellan », 1966). / E. Guhl, Colombia (Rio de Janeiro, 1967). / C. Blasier (sous la dir. de), Constructive Change in Latin America (Pittsburgh, 1968). / E. Buitrago, Zarpazo : otra cara de la violencia (Bogotá, 1968). / J. Aprile-Guiset, la Colombie (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1971). / P. Gilhodes, Politique et violence. La question agraire en Colombie (A. Colin, 1974).
L’art en Colombie
Architecture
L’art mudéjar venu d’Espagne a eu de tels prolongements en Colombie qu’on a pu la qualifier de « pays mudéjar ». Nombreux sont les éléments de ce style qui apparaissent dans les cloîtres des couvents de Cartagena et de Tunja et dans le dessin des plafonds à caissons de bois. Aux xviie et xviiie s. s’exerce une forte influence italienne, due à la présence de praticiens comme le P. Juan Bautista Coluccini, jésuite à qui l’on doit l’église de la Compagnie à Bogotá (1604), et à la connaissance des traités de Serlio* ou de Vignole*. Le néo-classicisme se présente en général comme un retour vers ces schémas italiens d’origine maniériste.
L’architecture contemporaine est peut-être la plus homogène en qualité de tout le continent sud-américain. Divers jeunes architectes de tendances variées reçoivent des commandes très importantes. C’est le cas du cabinet Cuéllar, Serrano et Gómez ainsi que des architectes Germán Samper et Rogelio Salmona, qui ont beaucoup construit à Bogotá, à Cali et dans les autres grandes villes.
Peinture et sculpture
Au xvie et au xviie s., la peinture murale connaît son plein épanouissement à Tunja ; les grotesques de la maison de Juan de Vargas s’inspirent des gravures de l’école de Fontainebleau* ; le programme décoratif de la Casa del Fundador relève du maniérisme et du baroque, celui de la maison de Juan de Castellanos est d’inspiration religieuse et appartient au courant baroque. La sculpture coloniale a connu son plus grand développement à Bogotá avec le retable majeur de San Francisco (1622-1633), œuvre d’un franciscain anonyme qui y a introduit des éléments de la flore et de la faune tropicales. L’artiste qui personnifie le mieux la sculpture du xviiie s. est l’Andalou Pedro Laboria, dont l’activité est connue de 1739 à 1749.
Si la peinture colombienne du xviie s. est bien représentée par un Antonio Acero ou par la famille des Figueroa, la plus illustre figure du baroque est Gregorio Vázquez de Arce (1638-1711), dont la peinture puise aux sources espagnoles, italiennes et flamandes tout en s’intégrant à un courant proprement sud-américain.
À la fin du siècle dernier, Epifanio Garay et Andrés de Santa María se conforment à la correction assez académique de l’époque. Aujourd’hui, l’abstraction « lyrique » est représentée par Alejandro Obregón ; Fernando Botero, au contraire, est un peintre figuratif très fin, qui pratique une déformation volontairement naïve. Les plus jeunes, comme Luis Caballero, s’orientent plutôt vers une nouvelle figuration de caractère agressif. La sculpture est illustrée par Edgar Negret (né en 1920) et ses signaux métalliques, d’une grande force dramatique.
Traduit d’après S. S. et D. B.
➙ Amérique précolombienne.