Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Coléoptères (suite)

Les myrmécophiles et les termitophiles présentent de nombreuses particularités évolutives généralement propres à ce type d’Insecte. On les a classés suivant ces modifications morphologiques en : 1o hôtes indifférenciés ; 2o hôtes protégés ; 3o hôtes du type mimétique ; 4o hôtes du type symphile. Le milieu lui-même, la fourmilière ou la termitière, diffère du milieu extérieur par ses particularités physiques (température plus élevée, humidité plus importante, ces facteurs étant, comme dans les grottes, assez constants). Chez les hôtes du type mimétique, la ressemblance peut être extraordinaire (cas du Staphylinidé Ænictoteras Chapmani). Les hôtes du type symphile sont généralement moins myrmécomorphes que les mimétiques, mais leurs rapports avec les Fourmis sont plus étroits, puisqu’ils sont acceptés par celles-ci et qu’il y a trophallaxie (échange de substances nutritives).

Les parasites vrais, c’est-à-dire des Coléoptères vivant directement sur un autre animal, généralement un Vertébré, sont peu nombreux. Il en existe une vingtaine d’espèces. Ceux-ci sont connus chez les Leptinidés (Platypsyllus castoris), les Staphylinidés (plusieurs espèces en Amérique du Sud), les Scarabéidés (Macropocopris symbioticus, sur le Kangourou). Il existe un remarquable caractère dans les griffes de ce Macropocopris : une profonde encoche dans chaque griffe lui permet de s’accrocher solidement aux poils de l’hôte.


Les Coléoptères fossiles

Les plus anciennes empreintes d’élytres connues remontent au Permien. Elles ont été attribuées à des ancêtres des Cupédidés, groupe existant encore de nos jours et dont la distribution laisse supposer que ces Insectes ont certainement occupé la presque totalité des terres de notre globe. D’ailleurs, les Cupédidés qui ont succédé à ces formes primitives sont connus d’à peu près toute la terre en dehors de la région paléoarctique, alors que les formes fossiles Permocupes Semenovi et P. distinctus ont été décrites du Permien d’Arkhangelsk. Du Secondaire, on a décrit près de cinq cents espèces, appartenant pour la plupart à des familles éteintes.

On pense, néanmoins, que certaines de ces espèces pourraient appartenir à des groupes vivant encore de nos jours, tels que les Carabiques, les Hydrophilidés, les Elatéridés, les Buprestidés. Dès la fin du Secondaire et au début du Tertiaire, les Coléoptères ont déjà acquis une physionomie qui rappelle beaucoup celle de la faune actuelle.


Les Coléoptères, Insectes de laboratoire

Plusieurs espèces sont couramment élevées dans les laboratoires soit aux fins de recherches fondamentales, soit dans le dessein d’applications plus ou moins immédiates. De nombreux problèmes de démographie d’Insectes ont été élucidés grâce à des élevages de Tribolium (Ténébrionidés) ou de Calandra (Curculionidés). Une autre espèce de Ténébrionidés, Tenebrio molitor, a été largement utilisée pour des observations scientifiques (anatomie, physiologie, comportement, régénération, etc.). Tous ces Ténébrionidés, dont l’habitat normal est de nos jours le son ou la farine, peuvent être facilement maintenus en élevage. Certains Coccinellidés sont aussi utilisés en génétique des populations.

Ajoutons enfin que des élevages importants sont organisés dans les stations de recherches agricoles pour produire en grande quantité des espèces prédatrices utilisées pour combattre les Insectes nuisibles aux plantes cultivées ou d’intérêt économique (Coccinelles contre les Pucerons, Cybocephalus contre la Cochenille du Palmier, etc.).


Les espèces nuisibles

Si quelques Coléoptères entrent à l’état de larves ou de nymphes dans l’alimentation des Hommes (nymphes de Scarabéidés du genre Heliocopris en Birmanie, coques nymphales des Curculionidés du genre Larinus en Iran pour le sucre et les vertus pectorales), ou bien sont de précieux auxiliaires de la lutte biologique (Coccinelles, Calosomes) et peuvent, de ce fait, être placés parmi les « utiles », de nombreuses espèces sont nuisibles aux cultures, aux forêts et aux denrées emmagasinées. Les bois de construction sont également attaqués par plusieurs Coléoptères (Hylotrupes bajulus [Cérambycidé]), plusieurs Anobiidés. Des Bruches et des Curculionidés du genre Sitophilus s’attaquent aux graines entreposées. Les Ténébrionidés des genres Tenebrio et Tribolium envahissent les réserves de farines. Mais les formes les plus nuisibles sont celles qui causent d’importants dégâts aux plantes cultivées et aux arbres des forêts. Les Zabres (Carabiques) sont nuisibles aux céréales au moment de la moisson, le Doryphore (Chrysomélidés) aux Pommes de terre, les Altises (Chrysomélidés) à la Vigne et au Colza, les larves de Hanneton (Scarabéidés) et celles des Taupins (Elatéridés) aux racines en général, les Charançons à la Canne à sucre. Les Caféiers et les Cacaoyers ont à subir les attaques des Cérambycidés et des Scolytes, les Cocotiers celles des Oryctes, les Orangers (fleurs) celles des Cétoines, l’Orme et les arbres de nos forêts celles des Scolytes. Il existe de nombreux moyens permettant de détruire les Coléoptères nuisibles, mais la lutte biologique, où sont utilisés des Insectes de tous ordres ainsi que des Bactéries et des Virus, constitue un des moyens les plus efficaces pour les combattre.

F. P.

 R. Paulian, les Coléoptères, formes, mœurs, rôle (Payot, 1943). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. IX : Insectes (Masson, 1949). / L. Auber, Atlas des Coléoptères de France, Belgique, Suisse (Boubée, 1960 ; 2 vol.). / F. P. Mohres, Coléoptères (Hatier, 1973).

Colette (Sidonie Gabrielle)

Femme de lettres française (Saint-Sauveur-en-Puisaye 1873 - Paris 1954).


Une enfance passée dans une vallée de Bourgogne « étroite et solitaire comme un berceau », où « bêtes et gens s’exprimaient avec douceur » et où on avait la passion « de tout ce qui germe, fleurit ou bat des ailes », voilà la toile de fond qui se déploie devant les yeux interrogateurs d’une petite fille qui aime à écrire. Mariée encore adolescente à l’écrivain Willy (Henri Gauthier-Villars), qui signe ses premières œuvres, elle débute dans les lettres par la série des quatre Claudine (1900-1903), mélange de fiction et d’autobiographie. Cette prose acide et souple, qui brode sur le thème de l’éveil d’un jeune être à la vie, laisse transparaître une sensualité nourrie d’une foule d’observations et imprégnée de tous les sucs du terroir. Quand Colette se sépare de son mari, elle se fait actrice pour vivre, sans renoncer à composer la Vagabonde (1910) et l’Envers du music-hall (1913). Après sa « retraite sentimentale », elle se remarie et devient journaliste pendant la Première Guerre mondiale. Dès lors, elle se consacre à son existence d’écrivain.