Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climat (suite)

3. L’est des continents aux latitudes méditerranéennes. E. de Martonne place ici son « climat chinois ». Dans l’hémisphère Nord, celui-ci est relativement décalé vers le sud par rapport aux climats méditerranéens de façades occidentales. On le trouve au sud-est des États-Unis, en Chine (au sud des Qinling [Ts’in-ling]), à l’extrémité méridionale de la Corée et dans la moitié méridionale du Japon. Dans l’hémisphère Sud, il se présente autour du Rio de La Plata, en Afrique au pied du Drakensberg, dans la région de Brisbane et de Sydney en Australie. Il recouvre par ailleurs l’essentiel de l’île néo-zélandaise du Nord. C’est un climat constamment humide et à totaux appréciables, voire élevés : Atlanta, 1 234 mm ; Shanghai [Chang-hai], 1 135 mm ; Hiroshima, 1 526 mm ; etc. En Chine et aux États-Unis, où on le prendra pour modèle, il est affecté en hiver par les dépressions de front polaire. Ces dépressions interviennent dans le même temps sur le domaine « méditerranéen ». Quant aux pluies d’été, elles résultent de la remontée d’air tropical maritime perturbé, y compris par des cyclones. Alors qu’aux États-Unis il s’agit de masses d’air issues de l’anticyclone subtropical de l’Atlantique Nord, dans le Sud-Est asiatique, c’est une mousson, avec masses d’air d’origine au moins partiellement australe (v. art. circulation, fig. 15). Dans l’ensemble, l’été est cependant plus arrosé que l’hiver.

Par les températures, on retrouve les contrastes thermométriques spécifiques des latitudes « tempérées » en même temps que déjà reconnus sur les façades orientales à des latitudes plus extrêmes. À Shanghai, janvier a 3,9 °C ; juillet et août, 27,8 °C. L’écart, de l’ordre de 24 °C, rappelle le style continental ; on est pourtant au bord de l’océan. Chongqing (Tch’ong-k’ing), dans l’intérieur et à latitude comparable, a curieusement un hiver plus doux mais un été plus chaud (7,2 °C et 30 °C). L’écart saisonnier reste important. Au sud, la chaleur des hivers augmente, les étés demeurent excessifs. Ces conditions thermiques sont conformes à leur latitude par la douceur moyenne (plus ou moins bien exprimée) des hivers et par la chaleur des étés. Cependant, les hivers sont traversés de coups de froid sévères qui affectent jusqu’à la Floride (cold waves), la Chine du Sud et l’Argentine. À la hauteur de Buenos Aires, le pampero peut faire descendre brutalement le thermomètre. C’est qu’interviennent alors des masses d’air élaborées plus près des pôles (aux États-Unis et en Chine, à partir d’un continent refroidi).

Voilà qui rattache bien ce climat aux latitudes « tempérées », puisqu’on ne relève plus les advections polaires au niveau, et au-delà, des déserts chauds, ou seulement de façon très atténuée. Il n’empêche que la chaleur de l’été et, ainsi, partiellement, les forts écarts thermiques saisonniers résultent de remontées d’origine tropicale.

Les climats régionaux aux latitudes tempérées chaudes, ont donc, surtout par référence à l’hémisphère Nord, une disposition harmonieuse : style méditerranéen à l’ouest des continents (aridité d’été), sec au centre, humide et à forts contrastes thermiques saisonniers à l’est. L’ensemble garde certains traits communs : chaleur des étés, douceur des hivers, coups de froid qui peuvent, il est vrai, dans certains cas, faire baisser la moyenne (à Shanghai, l’hiver est frais).

• Les climats subtropicaux désertiques. On gardera ici une terminologie traditionnelle. Bien qu’ils soient situés sous les tropiques, ces climats seront subtropicaux, par référence aux « anticyclones subtropicaux » qui les engendrent. Ils diffèrent des climats subtropicaux méditerranéens par leur aridité permanente ; à In-Salah (27° de lat. N.), le mois le plus « humide » enregistre 5,1 mm d’eau, le total annuel étant de 15,2 mm. Outre ce caractère (v. aridité), ils possèdent celui d’être chauds. La chaleur est liée à l’intensité de la radiation solaire (In-Salah : année, 25 °C ; juillet, 36,7 °C), qui dépend elle-même de la limpidité de l’air et aussi d’un net appui des régions considérées en direction des basses latitudes. Les contrastes thermiques saisonniers (23,4 °C à In-Salah) et aussi diurnes peuvent cependant être saisissants. Après une journée torride, le gel est possible dans la nuit du fait de l’importance du rayonnement nocturne dans un air sec et sans nuages (Sahara).

Ce type climatique est médiocrement représenté au Nouveau Monde, où les terres sont étroites aux basses latitudes et où il subit de fortes altérations azonales (reliefs méridiens et courants froids). Il est mieux établi en Afrique australe (Kalahari et désert de Namib, qui s’étire en façade maritime, en accord avec le courant froid de Benguela). Mais, surtout, il s’exprime avec une ampleur exceptionnelle en Australie, en Afrique boréale et en Asie occidentale (Sahara, péninsule Arabique, auxquels on peut adjoindre le désert de Thar). Le Sahara, le désert le plus impressionnant du globe, s’étend de l’Atlantique (influence du courant des Canaries) à la mer Rouge. Sur une grande partie de sa surface, les pluies ne dépassent pas 50 mm. Au centre et dans l’est, les totaux moyens sont inférieurs à 5 mm (désert absolu). Il ne faut pas croire cependant que là où il pleut, même fort peu (marges méridionales et septentrionales principalement), le rythme soit anarchique. En accord avec les saisons des latitudes encadrantes, les pluies d’hiver et d’automne dominent du côté de la mer Méditerranée ; ce sont les pluies d’été qui l’emportent en bordure de la zone tropicale humide. Par ailleurs, si au cœur des hautes pressions le temps est généralement calme, il devient plus turbulent aux frontières (le sirocco, qui sévit sur l’Afrique du Nord et est attiré par les dépressions frontales méditerranéennes, vient du désert). Le désert australien, le plus vaste après celui du Sahara, est plus profondément affecté par les processus marginaux.

À l’inverse de l’attitude adoptée pour les latitudes tempérées, on n’a pas poussé ici l’analyse d’un bout à l’autre des ensembles continentaux. C’est que la rupture des conditions anticycloniques sur les longitudes orientales y impose des types climatiques tropicaux humides sans rapport avec les déserts.

• Les climats des latitudes intertropicales et les climats humides des latitudes subtropicales désertiques. La notion de saison, qui s’était estompée avec les climats arides, réapparaît. Mais au critère thermique se substitue ici l’alternance pluviométrique (les températures étant assez uniformes d’un mois sur l’autre).