Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climat (suite)

Malgré certaines différences internes, les climats régionaux, aux latitudes tempérées moyennes de l’hémisphère Nord, s’organisent de la même façon. En Amérique comme en Eurasie, on a un style océanique pluvieux et à faibles contrastes thermiques à l’ouest ; un style continental steppique, voire aride au centre, avec étés chauds, hivers rudes et écarts thermiques très importants ; un style composite à l’est, assez arrosé, avec maintien de forts écarts dans les températures saisonnières, conséquence du jeu alterné de la masse continentale et de la masse océanique.

Les latitudes tempérées chaudes. On parle encore pour les désigner de latitudes subtropicales méditerranéennes, bien que les climats méditerranéens n’occupent pas toute la bande zonale impliquée ici. Malgré la présence de « coups de froid », les climats de ces latitudes ne comportent plus, en saison hivernale, de températures moyennes sévères. La douceur des hivers devient même la règle. Quoi qu’il en soit, c’est par référence aux critères thermiques que nous rattacherons ces latitudes à celles qui précèdent. En effet, bien que non systématiques, les coups de froid n’en existent pas moins, et ils procèdent des latitudes plus septentrionales (dans l’hémisphère Nord). De plus, les écarts restent sensibles entre les hivers et les étés, ces derniers devenant chauds d’une façon assez courante (Barcelone, 23,9 °C ; Athènes, 27,2 °C ; Izmir, 26,7 °C, etc.).

1. À l’ouest des continents : les climats méditerranéens. Les dispositions thermiques sont celles que l’on vient de souligner. L’originalité est pluviométrique, avec des pluies de changement de saison et de saison froide et une sécheresse d’été qu’on ne rencontre nulle part ailleurs dans le monde. En hiver, les abats résultent de l’annexion de ce domaine par les mécanismes de front polaire ; en été, ils résultent de l’inhibition consécutive à l’action des anticyclones subtropicaux. C’est par référence à ce dernier point, qui éclaire l’aridité estivale, que certains auteurs rattachent le monde méditerranéen à de plus basses latitudes.

En Amérique du Nord, le climat « méditerranéen » est celui de la Californie. Il se retrouve jusque sur la Sierra Nevada, qui garde une certaine douceur hivernale et une forte récession pluviométrique estivale. Les pluies sont généralement faibles : 561 mm à San Francisco, 381 mm à Los Angeles ; l’hiver, arrosé de 110 à 120 mm en décembre et janvier à San Francisco ; l’été, très sec. Le schéma de façade demeure dans la dépression intérieure. À Sacramento, il tombe environ 100 mm d’eau en décembre, autant en janvier. Juillet et août n’ont pratiquement aucune pluie. La sécheresse générale résulte de la présence des eaux froides du courant de Californie et aussi de l’intervention habituelle de l’anticyclone du Pacifique Nord oriental. À cette intervention, particulièrement instante en été, se substitue il est vrai l’effet des dépressions d’origine océanique en hiver. Quant aux températures, elles correspondent au style reconnu plus haut : hivers doux, 10 °C en janvier à San Francisco, 12,8 °C à Los Angeles, 7,2 °C à Sacramento (où la dépression favorise une certaine accumulation d’air frais). Les hivers ne sont cependant pas à l’abri des coups de froid. Les étés, chauds à l’intérieur (23,3 °C à Sacramento en juillet), sont plus frais en façade littorale. Les eaux du courant de Californie interviennent en effet avec une particulière vigueur dans le contexte estival (16,7 °C en septembre à San Francisco, où la culmination connaît par ailleurs le retard caractéristique des influences maritimes).

Dans l’Ancien Monde, le climat méditerranéen pénètre profondément à l’intérieur des terres à la faveur de l’étirement en longitude de la Méditerranée, à l’inverse de ce qui se produit en Amérique du Nord, où s’impose un blocage dû à la présence du système montagneux de l’Ouest américain. Les caractères pluviométriques généraux se retrouvent ici : totaux médiocres (686 mm à Lisbonne, 589 mm à Marseille, 401 mm à Athènes, 765 mm à Alger, 661 mm à Jérusalem), sécheresse d’été. Le schéma thermométrique est également bien réalisé. Mais il connaît une transformation de détail, d’ouest en est, transformation consécutive à un effet de continentalité progressif. Le climat portugais, méditerranéen par son rythme pluviométrique, révèle une grande douceur hivernale (10,6 °C en janvier à Lisbonne), mais un report de la culmination sur août (22,2 °C) et un écrasement des écarts moyens (11,6 °C), ce qui signe l’influence océanique. À Athènes, l’ambiance est plus continentale : hiver moins clément (8,9 °C en janvier), été plus chaud (27,2 °C), écart thermique saisonnier plus ample (18,3 °C). Le domaine méditerranéen de l’Ancien Monde connaît également les coups de froid, spécialement en bordures septentrionale et orientale, avec la tramontane du Roussillon, le mistral en Provence, la bora de l’Adriatique ; il peut neiger à Jérusalem.

Le climat méditerranéen se retrouve, toujours en façade occidentale, dans l’hémisphère Sud. On le rencontre au centre du Chili, de part et d’autre de Valparaíso-Santiago, en Afrique dans la région du Cap, en Australie vers Perth et Adélaïde.

2. Les intérieurs « arides ou semi-arides ». Par-delà la Sierra Nevada de Californie, on passe brusquement à l’aridité des plateaux du Nevada, à celle de l’Arizona et aux steppes des hautes terres du Colorado. La subaridité, voire l’aridité, se maintient plus à l’est dans le Nouveau-Mexique, au Kansas et au Texas, sur le piedmont oriental des Rocheuses. Cette aridité, qui doit quelque chose à la latitude déjà méridionale, mais surtout aux effets conjugués de l’abri et de la continentalité, est particulièrement bien réalisée en Asie sous ces latitudes : steppes de l’Asie Mineure dans la région de Konya (180 mm de pluie par an), désert de Syrie, désert de Lūt en Iran, etc. On n’insistera pas sur les caractères de détail, soulignant simplement ici qu’il s’agit de régions où l’hiver peut être rude, par référence aux « coups de froid ». En Anatolie, les précipitations de saison froide sont neigeuses. Dans l’hémisphère Sud, on retrouve des dispositions assez comparables à l’est des Andes (région de Mendoza et Córdoba).