Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climat (suite)

Les latitudes tempérées froides. Les climats des hautes latitudes non polaires n’existent vraiment que dans l’hémisphère Nord. Ils sont eux aussi dominés par le canevas zonal (avec les immenses forêts de conifères s’étendant sur d’énormes espaces continentaux), taïga russe par exemple. Ils s’altèrent certes sur les marges océaniques, et de façon vigoureuse. Mais il n’y a là que des « franges » (Alaska, Norvège). Le style général étant « continental », c’est par là que l’on commencera l’analyse.

1. Les intérieurs. Le climat « boréal » est bien réalisé en Sibérie là où les influences maritimes n’arrivent pratiquement pas. Le type le plus expressif se rencontre, dans ce sens, en Sibérie orientale (Iakoutie). Les températures hivernales sont d’une grande sévérité. À Verkhoïansk, pôle du froid de l’hémisphère Nord et à la latitude du cercle polaire, janvier a une moyenne de – 50,6 °C. Ce froid est corrélatif de hautes pressions thermiques (anticyclone de Sibérie, analogue, toutes choses égales, à l’anticyclone canadien du Manitoba). Mais, au contraire des latitudes polaires, l’été existe ; il permet l’épanouissement bref et éclatant de la vie, mise l’hiver en hibernation. À Verkhoïansk, juillet atteint en moyenne 13,3 °C. Tobolsk, à l’est de l’Oural et en dispositions moins extrêmes, enregistre 18,9 °C en juillet (– 19,4 °C en janvier), mois plus chaud qu’à Londres. Il y faut ajouter le bénéfice que procurent aux plantes les longues heures d’illumination grâce à l’allongement des jours. L’hypercontinentalité explique la sécheresse : moins de 500 mm de précipitations par an, et, sur de grands espaces, moins de 250 mm, pour partie sous forme de neige. Les pluies cycloniques et de relief étant très restreintes dans ces régions éloignées des océans, une part importante des abats résulte de l’instabilité estivale, en accord avec la substitution de basses pressions aux hautes pressions de l’hiver. L’été est la période des précipitations majeures. Iakoutsk enregistre 188 mm par an ; d’octobre à mai, il ne tombe pas plus de 12 mm d’eau par mois. La culmination est en juillet : 40,6 mm

2. Les façades occidentales. En Alaska, au Canada et en Scandinavie, les climats boréaux de façade restent très localisés du fait de la présence de forts reliefs en position sublittorale. Les conditions climatiques résultent ici de la latitude (élevée), de l’intervention océanique, en particulier de celle des courants chauds, ainsi que de l’effet orographique sur des versants montagneux puissants, largement exposés aux dépressions d’ouest et aux vents marins. En hiver, les basses pressions des Aléoutiennes et d’Islande assurent sur ces façades l’arrivée de masses d’air humide, réchauffées à la base par les eaux douces du courant de l’Alaska et de la dérive nord-atlantique. D’où l’instabilité atmosphérique, génératrice de fortes précipitations, en même temps qu’une certaine douceur imposée aux eaux et à l’atmosphère loin en direction du pôle. À Trondheim, par 63° de lat. N., la moyenne de janvier est de – 3,3 °C, ce qui n’est pas excessif compte tenu d’une implantation déjà très septentrionale. Le mois de janvier est par ailleurs humide (près de 80 mm de précipitations liquides et solides). Les étés sont frais (14,4 °C en juillet) ; ils sont également arrosés. On ne relève à Trondheim aucun mois inférieur à 50 mm. L’hiver l’emporte cependant en général dans ce type climatique, principalement en Amérique du Nord-Ouest, où une certaine inhibition estivale s’oppose à une belle exaltation de saison froide (Vancouver, 30,5 mm en juillet, 223,5 mm en décembre, 1 458 mm pour l’année). Fortes précipitations, assez bien réparties à travers les saisons, douceur des hivers, faiblesse des écarts thermiques saisonniers, voilà qui rompt avec l’excès thermométrique des régions intérieures et leur indigence pluviométrique.

3. Les façades orientales. Elles sont bien représentées par les terres situées autour du Saint-Laurent (Québec) et, bien qu’en position déjà méridionale, par la station de Vladivostok. À l’est du Canada (Québec), on rencontre d’assez fortes précipitations (1 008 mm), en partie neigeuses, équitablement réparties dans l’année, avec léger maximum d’été : le mois le plus sec est avril (58,4 mm). Les hivers sont rudes : – 12,2 °C à Québec en janvier, dus à l’intervention de l’air arctique et à la présence du courant du Labrador. Les étés demeurent relativement frais (18,9 °C) ; les écarts saisonniers sont très forts : 31,1 °C. Ce sont là des caractères curieux, qui mêlent le style continental et le style océanique. À Vladivostok, les hivers sont très sévères (– 14,4 °C en janvier). C’est que la Iakoutie insuffle jusque-là ses masses d’air glacé et stable (sécheresse de saison froide). Les étés, déjà chauds (20,6 °C), résultent d’une certaine méridionalité et de l’application des flux maritimes. Quant aux précipitations, plutôt modestes (600 mm), elles tombent en période chaude. Si certains traits divergent quelque peu de l’Amérique du Nord à l’Extrême-Orient, il n’empêche que se maintient dans les deux cas l’ampleur exceptionnelle des écarts thermiques saisonniers (à côté des 31,1 °C de Québec, 35 °C à Vladivostok). Cela parce que l’océan se manifeste en été et surtout parce que l’hiver reste conforme à la rudesse reconnue dans les régions intérieures, malgré la proximité océanique.

Mis à part les franges alaskienne et norvégienne, l’organisation zonale est somme toute réalisée de façon satisfaisante aux latitudes tempérées froides.

Les latitudes tempérées moyennes. Dans un contexte thermique zonal majeur qui se manifeste beaucoup plus par l’opposition entre l’hiver et l’été que par l’égalité des températures, ces latitudes font systématiquement apparaître, à l’inverse des précédentes, des altérations azonales. On a rapidement reconnu ces dernières en Amérique du Nord. En Amérique latine, les choses sont simples. On rencontre un climat de type orégonien de façade dans le Chili méridional. Par-delà les Andes, c’est la subaridité. Au sud du 40e parallèle, elle va jusqu’à l’Atlantique. L’Eurasie reprend les dispositions de l’Amérique du Nord, mais elle leur donne une ampleur exceptionnelle. On les caractérisera en allant de l’Europe moyenne atlantique jusqu’à la Corée et au nord du Japon.