Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climat (suite)

• Les climats locaux et les microclimats. On taxe volontiers de microclimat le climat qui règne dans une vallée abritée ou sur un plateau exposé à de rudes influences. Il s’agit en fait d’un climat local. Il résulte de facteurs géographiques très localisés mais qui n’isolent pas le milieu aérien du contexte atmosphérique général. Un versant exposé à l’est ou au sud-est (fronts de côte dans l’est du Bassin parisien) jouit d’un climat local. Une forêt impose de même un climat local, mais au-dessus d’elle, par aggravation de la pluviosité. Une grande agglomération urbaine suscite aussi un climat local. Quant au microclimat, il découle de facteurs qui soustraient une couche atmosphérique très restreinte et proche du sol aux conditions atmosphériques générales. Il en est ainsi sous la couronne des arbres d’une forêt ou entre le sol et le sommet des herbes d’une pelouse. Le microclimat intéresse les milieux confinés.


La mosaïque climatique du globe

On négligera ici les climats locaux et les microclimats.


Un problème de classification

Toutes les cartes climatiques du globe proposées par les auteurs ont un air de famille ; toutes ont aussi leur originalité. On donne le plus souvent une grande place dans les classifications aux rythmes saisonniers (thermométriques et pluviométriques) [W. Köppen, E. de Martonne]. C. W. Thornthwaite, parti des bilans hydriques dans le but d’estimer les besoins en eau de la végétation, illustre également cette conception. C.-P. Péguy propose aussi un découpage climatique qui s’appuie, de façon très habile, sur les critères thermométriques et pluviométriques. Certains auteurs (surtout des géographes) opèrent des rapprochements entre plusieurs régions climatiques du globe ; ils les placent sous une même étiquette (E. de Martonne). Cette attitude pédagogique recouvre en fait des milieux dont les caractères, et partant les mécanismes, ne sont pas toujours vraiment comparables.

Faute d’une connaissance suffisante des mécanismes des divers climats, connaissance qui seule permettrait les rapprochements féconds et les classements décisifs, on se bornera à une description en respectant le canevas zonal. C’est à partir de ce canevas que se dégageront certaines dominantes azonales. Ainsi on aboutira, avec un certain systématisme il est vrai, à une articulation planétaire organisée selon les deux grandes directions symbolisées par les parallèles et les méridiens.


L’organisation des climats selon la latitude

• Les climats polaires. Ils respectent assez bien l’organisation zonale, surtout dans l’hémisphère Sud. Ces climats n’ont pas d’été : moyenne du mois le plus chaud inférieure à + 10 °C ; dans l’Antarctique, cette isotherme suit grossièrement le 50e parallèle. Autour des 12 millions de kilomètres carrés englacés de l’Antarctide et des 3 millions de kilomètres carrés de banquise permanente se présente un domaine maritime où les températures estivales passent au-dessus de 0 °C. Les températures hivernales restent sévères (d’où la banquise saisonnière). Au-delà, la masse océanique, qui comporte quelques groupes d’îles dont les Kerguelen, connaît un climat thermique moins rude. Les hivers dépassent en moyenne 0 °C, mais les étés demeurent frais (10 °C au plus). La zonalité thermique de l’Antarctique est donc remarquable. Elle est confirmée par la zonalité dynamique. Le continent, où règne, surtout sur le plateau oriental, une certaine stabilité anticyclonique, est entouré d’un domaine maritime dépressionnaire générateur de vents, de tempête et de mer agitée. Cependant, à la faveur des perturbations qui peuvent pénétrer dans l’Antarctide, des vents violents interviennent aussi sur terre (blizzard). Au demeurant, ces dépressions apportent fort peu de précipitations ; le continent austral est très sec.

L’Arctique n’est pas organisé de façon aussi simple. On y trouve un domaine perpétuellement englacé et froid, l’espace maritime proche du pôle Nord et le cœur du Groenland, et un espace en partie maritime et en partie continental saisonnièrement pris par les glaces et le gel de surface. Il convient d’ajouter à cela l’océan libre situé au nord de la Norvège, où une transgression d’eaux chaudes et l’action de dépressions atmosphériques venues de l’Atlantique éliminent la glace de mer. Dans l’hémisphère Nord, les hautes latitudes s’organisent donc, du point de vue géographique, à l’inverse de la façon dont elles se présentent dans l’Antarctique. On se trouve en effet pour l’essentiel en présence d’un océan puissamment englacé, entouré par des terres ; bien que n’ayant pas d’été, celles-ci subissent une certaine alternance de gel et de dégel (toundra). Cependant, les conditions climatiques restent comparables autour des deux pôles, car elles relèvent globalement d’une disposition zonale. Cette analogie en appelle d’autres : les deux domaines sont sous l’emprise du froid (Vostok, dans l’Antarctide, a les plus basses températures moyennes de la terre [– 56 °C] et des minimums absolus atteignant – 90 °C). Ils sont aussi sous celle de la sécheresse : le monde polaire ne connaît en général pas plus de 200 mm de précipitations par an (le plus souvent sous forme de neige). Ils subissent de même les calmes imposés par les conditions anticycloniques, qui alternent il est vrai avec des moments de grande turbulence liés au passage de dépressions. D’où le blizzard de l’Antarctide et du Grand Nord canadien, la purga sibérienne, etc. On doit encore faire état, sur les régions montagneuses et englacées, c’est-à-dire sur le continent austral et le Groenland, de vents de gravité. Ceux-ci, brutaux mais pelliculaires (vents katabatiques), résultent de l’air lourd, parce que froid, glissant sur les pentes.

• Les climats des latitudes tempérées. On englobera ici des climats très divers, à la fois par référence à la latitude et aux positions géographiques. Tous cependant se caractérisent par un rythme thermique qui oppose les étés aux hivers (les uns et les autres pouvant être extrêmement sévères).