Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Clermont-Ferrand (suite)

Structure et problèmes de l’agglomération

L’agglomération actuelle comprend plusieurs éléments. La vieille ville, serrée autour de la butte de la cathédrale, bâtie en « pierre de Volvic », demeure le centre du commerce de détail, et, sur sa ceinture bordière (notamment avenue des États-Unis, place de Jaude, place Gaillard, place Delille), le centre des affaires, voire d’une partie des activités universitaires (bordure est). À l’est, des quartiers populaires bâtis entre 1880 et 1940, où se mélangent usines, pavillons et « cités Michelin », joignent Clermont au vieux Montferrand. Déjà avant la guerre de 1939-1945, Chamalières, Royat et Beaumont étaient en continuité avec la ville : résidences de bourgeoisie aisée pour les deux premières, de petite bourgeoisie pour la troisième. En outre, les cités Michelin s’implantaient aussi au pied des Côtes de Clermont et au nord de Montferrand (la Plaine). La poussée actuelle étend l’agglomération dans toutes les directions. Elle est particulièrement spectaculaire à l’est : zone industrielle du Brézet, Z. U. P. de la Plaine, communes-champignons de Cournon et de Lempdes, où se mélangent blocs, pavillons et espaces industrialisés (ouest de Lempdes, marais de Sarlièves), entourant progressivement l’aéroport d’Aulnat. Au sud aussi grandissent rapidement les banlieues populaires (Aubière, Romagnat), tandis qu’achèvent de se combler les derniers espaces libres de la commune de Clermont, avec les grands blocs d’H. L. M. de la « Muraille de Chine », le C. H. U., la nouvelle faculté des sciences des Cézeaux (quartier des Landais). Mais les rebords accidentés de l’escarpement de ligne de faille de Limagne continuent à attirer la résidence bourgeoise ou petite-bourgeoise, qui submerge rapidement les anciens villages comme Durtol ou Ceyrat, voire Orcines. Au nord, d’autres banlieues populaires ceinturent les Côtes de Clermont : Gerzat, Cébazat, Blanzat, Nohanent. Au-delà, les anciens villages vignerons (Châteaugay, Chanonat, Le Crest, La Roche-Blanche, etc.) voient s’accumuler les immigrants portugais, et des bourgs comme Veyre-Monton, Pont-du-Château, Saint-Amant-Tallende, Volvic sont gagnés par la suburbanisation, d’abord par l’emploi d’une part croissante de leur main-d’œuvre à Clermont, puis par la construction d’habitations. Même Riom (17 962 hab.), malgré sa bourgeoisie traditionaliste et ses activités industrielles propres (manufacture de tabacs, signaux électriques, laboratoires pharmaceutiques), entre de plus en plus dans l’orbite clermontoise.

Cette poussée vigoureuse, assez anarchique, pose des problèmes d’aménagement : le centre est congestionné et il devient nécessaire de guider l’extension. Plusieurs projets sont envisagés. Dans le centre sont prévus un tunnel sous la butte de la cathédrale, la rénovation du Fond de Jaude, un parking souterrain place des Salins, un second viaduc vers Beaumont, s’ajoutant à celui qui relie la « Muraille de Chine » au Centre. Dans la banlieue, la construction de la Z. U. P. nord (Croix de Neyrat), prévue pour 40 000 habitants, la rénovation du vieux Montferrand, la création d’une station d’épuration et d’une usine d’incinération, une série d’autoroutes de contournement ou de dégagement (notamment sur les flancs sud et nord), un parc de récréation sur les hauteurs de Montaudoux sont envisagés. À une échelle plus vaste, d’autres choix sont encore discutés, par exemple l’orientation de la poussée urbaine vers le nord (Vichy) ou le sud (Issoire), la création d’un ensemble urbain et industriel « parallèle » le long de l’Allier, du Cendre à Pont-du-Château, l’emplacement d’un nouvel aéroport, l’aménagement d’une ceinture d’espaces verts, etc.

P. B.

➙ Auvergne / Caoutchouc / Puy-de-Dôme (dép. du).

 P. Arbos et coll., Clermont-Ferrand et sa région (G. de Bussac, Clermont-Ferrand, 1949). / A. Vazeille, Clermont-Ferrand et la chaîne des Pays (Le Centurion, 1956). / P. Balme, Clermont et Montferrand (G. de Bussac, Clermont-Ferrand, 1960). / Notre-Dame-du-Port (Zodiaque, la Pierre-qui-Vire, 1962). / P. Estienne, « La banlieue de Clermont-Ferrand. Essai sur l’évolution de l’espace urbain », dans Revue d’Auvergne (Clermont-Ferrand, 1970). / Nouvelles Recherches sur les origines de Clermont-Ferrand (Institut d’études du Massif central, Clermont-Ferrand, 1970). / A. G. Maury, Clermont-Ferrand (Volcans, Clermont-Ferrand, 1975).


Clermont-Ferrand, ville d’art

De la cathédrale des xe et xie s., qui vit le fameux concile de 1095, il ne subsiste que la crypte du chœur : salle carrée flanquée de deux niches et entourée d’un déambulatoire voûté à quatre chapelles rayonnantes (v. 950). La cathédrale actuelle, construite en lave noire et très homogène, est avec celles de Limoges, de Rodez et de Narbonne l’un de ces grandioses édifices gothiques importés d’Île-de-France au xiiie s. C’est en 1248 que l’évêque Hugues de La Tour confie les travaux au grand maître d’œuvre Jean Deschamps. Le chantier est assez avancé en 1262 pour qu’on puisse célébrer dans le chœur le mariage de Philippe le Hardi avec Isabelle d’Aragon. À la mort de Jean Deschamps, en 1287, son fils Pierre lui succède. Transept et premières travées de nef s’élèvent au xive s. sous la direction de l’architecte Pierre de Cébazat. Jusqu’au xixe s., la façade ouest restait, avec ses deux robustes tours carrées, celle de l’édifice roman. Viollet-le-Duc, plutôt que de la restaurer, préféra l’abattre et, au nom d’une recherche discutable d’unité de style, éleva à la place, à partir de 1865, un pastiche néo-gothique couronné de deux flèches de 108 m de haut.

L’intérieur de l’édifice, long de près de 100 m, est d’une grande pureté ; au-dessus des arcades, le triforium, puis les fenêtres hautes illustrent le style rayonnant. Des vitraux à médaillons du troisième quart du xiiie s. occupent les baies des chapelles du déambulatoire, les verrières hautes du chœur ont reçu de grandes figures de prophètes et d’apôtres. Plusieurs peintures murales de la même époque montrent une belle qualité de graphisme gothique.