Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Clermont-Ferrand (suite)

L’église Notre-Dame-du-Port est caractéristique de l’école romane en Auvergne. Le chevet a-t-il été commencé en 1095 à l’occasion de la prédication d’Urbain II pour la première croisade ? Ce n’est pas sûr. La construction appartient essentiellement au xiie s., on y travaillait encore après 1185. La Révolution a causé de grands dommages à l’édifice, et la façade a été reconstruite assez fâcheusement au xixe s. Le chevet représente à la perfection l’ordonnance auvergnate des chapelles rayonnantes dominées en pyramide par le massif du transept (clocher reconstruit au xixe s.).

Les sculptures mutilées du portail sud comportent, sur le linteau en bâtière, une Adoration des Mages devant la Vierge en majesté et, au tympan, le Christ en gloire. Les chapiteaux du chœur ont également un admirable décor sculpté, signé de l’artiste Robertus. L’iconographie complexe (combat des Vertus et des Vices ; Annonciation, Visitation, Péché originel, Assomption, Tentation du Christ) affirme un grand pouvoir d’expression.

La Renaissance a laissé à Clermont une fontaine monumentale érigée par l’évêque Jacques d’Amboise en 1515 et d’assez nombreuses maisons particulières, restées le plus souvent de style gothique flamboyant ; les demeures gothiques et Renaissance de Montferrand constituent un ensemble remarquable. Le musée du Ranquet, consacré à l’histoire et à l’archéologie locales, est installé dans l’hôtel de Fontfreyde (1578), tandis que le musée Bargoin abrite de belles collections préhistoriques et gallo-romaines ainsi que des peintures de qualité.

Parmi les hôtels classiques, il faut mettre à part la cour ovale, aux pilastres ioniques pleins d’élégance, de l’hôtel de Chazerat (fin du xviiie s.). L’église Saint-Pierre-des-Minimes (1630) fut le premier jalon des travaux d’urbanisme décidés par les intendants d’Auvergne aux xviie et xviiie s., qui aboutirent notamment à l’ouverture de la place de Jaude, devenue le véritable centre de la ville.

F. E.

Cleveland

V. des États-Unis, principale agglomération de l’Ohio, centre industriel, port important du lac Erié ; 751 000 hab. (pour la ville seule).


Cleveland est situé à l’endroit où la plaine littorale, resserrée au pied du plateau appalachien, s’élargit soudain vers l’ouest, et où débouche la Cuyahoga, dont la vallée ouvre un chemin vers l’Ohio supérieur. Après l’ouverture du canal d’Albany au lac Erié (« Erie Canal », 1825), qui mettait Cleveland en relation avec New York et la côte atlantique, l’avantage sur les autres ports du lac lui fut donné par l’achèvement d’un canal vers Pittsburgh, d’une part, et vers Portsmouth par Columbus (« Ohio Canal », 1832), d’autre part. L’ouverture du Soo (canaux de Sault-Sainte-Marie) en 1855 et la construction de voies ferrées (Baltimore and Ohio ; New York Central ; New York, Cleveland and Saint Louis ; Erie) firent de Cleveland le point de transbordement entre rail et eau du minerai de fer de Duluth vers Pittsburgh et du charbon de Pennsylvanie vers Détroit, Chicago et Duluth, situation qui favorisa la naissance de la sidérurgie locale.

L’expansion de la ville, de ses industries et du trafic portuaire et ferroviaire, qui aurait pu se faire librement vers l’ouest, se réalisa, d’abord, à l’est du centre primitif, c’est-à-dire sur l’étroite bande de terrasses laissées par les lacs tardiglaciaires et postglaciaires qui précédèrent le lac actuel. L’insuffisance des espaces plans fut compensée par l’aménagement des Flats de la basse Cuyahoga en bassins et en terrains industriels, par la création d’un port extérieur à l’abri d’une digue et par des remblais, aux dépens du lac, où s’installèrent des usines et entrepôts et, plus tard, un aéroport.

La sidérurgie est la principale industrie de Cleveland (8e centre producteur d’acier aux États-Unis). Les hauts fourneaux et aciéries occupent les Flats et les terre-pleins artificiels. Le minerai de fer vient du lac Supérieur, le fondant du lac Huron, le charbon à coke des Appalaches. La métallurgie primaire souffre ici des mêmes difficultés qu’à Pittsburgh, cette industrie se déplaçant à la fois vers la côte atlantique et vers le lac Michigan. Sur la fabrication de l’acier se sont greffées les industries utilisatrices de métaux : quincaillerie, mécanique et électromécanique, machines-outils, matériel ferroviaire, tracteurs, matériel de construction de routes, assemblage d’autos. La fabrication de pièces et équipements d’avions a entraîné le développement de diverses branches de l’électronique et des industries spatiales (établissement de la NASA).

Les industries chimiques (raffineries, plastiques, dérivés du chlore, soude, peintures et vernis) utilisent le sel (extrait sous la ville et le lac) et surtout le pétrole, le gaz naturel et les matières premières importées. L’exploitation du pétrole, importante ici au xixe s., est à l’origine de la Standard Oil, fondée à Cleveland par John D. Rockefeller en 1870.

Parmi les ports des Grands Lacs, celui de Cleveland ne vient plus, après avoir été le deuxième, qu’au 5e rang (après Duluth, l’ensemble portuaire de Chicago, Toledo et Détroit). Les entrées s’élèvent à 21 Mt sur un trafic total de 22 Mt ; il s’agit de minerai de fer et de calcaire pour la sidérurgie locale et celle de Pittsburgh. C’est donc l’effondrement des tonnages sortants qui est responsable du déclin relatif de Cleveland. Le charbon exporté jadis par ce port venait de Pennsylvanie ; par suite du déplacement de l’extraction vers la Virginie-Occidentale et le Kentucky, les expéditions se font aujourd’hui par Toledo (31,6 Mt) et Sandusky. Une autre hypothèque pèse sur l’activité du port de Cleveland, le manque de place dans le port extérieur et surtout dans le port intérieur sur la Cuyahoga : Conneaut (septième rang parmi les ports des Grands Lacs) et Lorain reçoivent les cargaisons qui ne peuvent être déchargées à Cleveland.

À partir du milieu du xixe s., l’industrialisation en plein essor provoqua une expansion urbaine qui fut alimentée par l’immigration (Américains du Nord-Est, Européens, Noirs du Sud), encore marquée par la coloration ethnique de certains quartiers. Le centre de l’agglomération (Cleveland-Ville, Lakewood, East Cleveland) connaît le phénomène classique du dépeuplement et d’une paupérisation aggravée par les opérations de rénovation urbaine menées depuis vingt ans. La banlieue résidentielle (Cleveland Heights, 61 000 hab.) et industrielle (Euclid, 72 000 ; Parma, 100 000 ; Brooklyn ; Garfield Heights) s’accroît au contraire très rapidement. La population de l’aire métropolitaine atteint 2 064 000 habitants.

P. B.