Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cimarosa (Domenico)

Compositeur italien (Aversa, Naples 1749 - Venise 1801).


Né dans un milieu modeste — son père était maçon — il entre en 1761 au conservatoire de Santa Maria di Loreto (Naples), où il étudie avec A. Sacchini, I. Gallo et F. Fenaroli la composition, le clavecin, le violon, l’orgue et le chant. Bien que fortement concurrencé par ses émules napolitains, P. Anfossi, P. C. Guglielmi et G. Paisiello, il connaît avec ses premiers opéras bouffes, Le Stravaganze del Conte (1772) et La Finta Parigina (1773), un succès immédiat. C’est le début d’une carrière éblouissante durant laquelle il compose quatre-vingts ouvrages dramatiques. Les représentations de Caio Mario, son premier opera seria (1780), lui valent une renommée internationale. On joue ses œuvres à Venise, Madrid, Paris, Brunswick, Prague et Varsovie. En 1787, il est appelé en Russie par Catherine II et devient le maître de sa chapelle, le compositeur de sa chambre et le professeur de musique de ses neveux. Au cours de son séjour (1787-1791), il fait entendre à Saint-Pétersbourg et à Moscou une vingtaine de ses œuvres (opéras et cantates). En 1791, après s’être brouillé avec l’impératrice, il quitte la Russie. Il se rend à Vienne, où il est reçu à la cour de Léopold II et fait représenter son chef-d’œuvre, Il Matrimonio segreto (« le Mariage secret »), le 7 février 1792. De retour à Naples en 1793, il se compromet en dirigeant l’exécution d’un hymne républicain dont il est l’auteur. Lors de la restauration des Bourbons, il est condamné à mort. Libéré grâce à l’intervention du cardinal Consalvi, il s’exile à Venise, où il devient maître de chœur. Il meurt peu après, sans avoir eu le temps d’achever sa dernière œuvre, Artemisia.

Cimarosa a laissé aussi de la musique instrumentale (sonates pour clavecin, concertos) et de la musique vocale profane et religieuse (cantates, oratorios, messes, Requiem, Te Deum, Magnificat...). Mais, grâce à son génie mélodique, à son art d’utiliser les voix, d’animer une action avec élégance, vivacité et parfois avec humour, son œuvre lyrique demeure la plus importante. Elle marque un moment de l’évolution de l’opéra italien entre Mozart et Rossini.

A. V.

 R. Vitale, Domenico Cimarosa. La vita e le opere (Aversa, 1929). / M. Tibaldi Chiesa, Cimarosa e il suo tempo (Milan, 1934). / A. della Corte, Domenico Cimarosa (Urbino, 1936).

ciment

Liant hydraulique sous forme pulvérulente formant avec l’eau une pâte plastique, susceptible d’agglomérer, en durcissant, par hydratation, des matières inertes : sables, graviers et cailloux, donnant ainsi des mortiers et des bétons résistant à l’action prolongée de l’eau.



Constituants des ciments

Ceux-ci doivent présenter des propriétés soit hydrauliques, soit pouzzolaniques.

Les propriétés hydrauliques correspondent à l’aptitude d’un produit à faire prise et à durcir en présence d’eau, avec formation de composés stables. Les propriétés pouzzolaniques correspondent à l’aptitude d’un produit à fixer la chaux, à la température ordinaire, en présence d’eau, et à former des composés ayant des propriétés hydrauliques.

Si le ciment portland actuel n’a guère qu’un siècle et demi d’existence, les produits hydrauliques remontent à une haute antiquité. Les Romains, grands bâtisseurs, ont fait un grand usage de mortiers pouzzolaniques (Anzio, Civitavecchia, Carthage, etc.), à base de chaux que l’addition de cendres volcaniques de Pouzzoles (d’où le nom de pouzzolane) rendait capable de durcir sous l’eau. En Gaule, ils remplaçaient les cendres volcaniques par de la tuile ou de la brique pilée. Cette technologie cimentière est toujours utilisée, en substituant du portland à la chaux.

Une étape importante dans nos connaissances a été franchie, au début du xviiie s., avec l’observation des qualités particulières des chaux hydrauliques, dont le durcissement a été expliqué, par Louis Vicat (1786-1861), au siècle suivant, par la présence d’argile dans le calcaire utilisé. Vicat a d’ailleurs indiqué dans quelles conditions on pouvait obtenir le produit qui, réalisé ensuite industriellement, mais empiriquement en 1824 par l’Anglais Aspdin, est notre portland et qui reste actuellement la matière de base de toute l’industrie des liants hydrauliques.

Le pas décisif, dans la connaissance scientifique de la constitution du portland et du mécanisme de son durcissement, a été franchi avec la thèse de Henry Le Chatelier (1850-1936), en 1887, et les études de G. A. Rankin, en 1915, sur le diagramme triangulaire SiO2—Al2O3—CaO.

En marge du clinker-portland, constituant principal, la cimenterie utilise comme constituants secondaires des laitiers de haut fourneau et des cendres pouzzolaniques de centrales thermiques.


Clinker-portland

Ce produit renferme, en majeure partie, des silicates de calcium obtenus par cuisson jusqu’à fusion partielle (clinkérisation) d’un mélange dosé et homogénéisé de matières constituées principalement de chaux (CaO), de silice (SiO2) et, en proportions moindres, d’alumine (Al2O3) et d’oxyde de fer (Fe2O3) ; il présente des propriétés hydrauliques. La régularité de la composition du clinker est obtenue par le contrôle continu des matières premières (calcaire, calcaire marneux, argile, bauxite, pyrite, etc.), dont on combine les proportions de manière à obtenir un mélange final de composition convenable.

Les plus fortes résistances mécaniques aux courtes durées sont obtenues pour les compositions
x (3 CaO.SiO2) + y (3 CaO.Al2O3) + z (4 CaO.Fe2O3.Al2O3),
avec prédominance de silicate. Les ciments les plus résistants présentent à peu près la composition limite ; une cuisson aussi poussée que possible rend les combinaisons pratiquement complètes. Dans les portlands ordinaires, on se tient à une proportion de chaux légèrement inférieure, pour éviter la présence de chaux libre, qui peut donner un ciment gonflant ; la silice est alors partiellement combinée sous forme de silicate bicalcique, et la somme des silicates de calcium représente en moyenne 75 p. 100 du total, variant, suivant les cas, de 65 à 90 p. 100. Les composés présents dans le clinker ne sont pas des combinaisons pures, silicates, aluminate et alumino-ferrite, mais des composés renfermant de petites quantités d’éléments étrangers (alumine, oxyde de fer, magnésie, alcalis, etc.) que l’on appelle alite, 3 CaO.SiO2, constituant principal, en cristaux incolores faiblement biréfringents ; bélite, 2 CaO.SiO2, s’il n’y a pas assez de chaux pour transformer toute la silice en silicate tricalcique ; enfin, la phase interstitielle quelquefois appelée célite, 4 CaO.Fe2O3.Al2O3 et 3 CaO.Al2O3, pour l’excédent d’alumine.

Une faible proportion du clinker peut d’ailleurs conserver l’état vitreux.