Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cholestérol (suite)

Le cholestérol en pathologie

Des variations du taux du cholestérol peuvent apparaître dans de multiples affections.

• Son augmentation s’observe dans les obstacles à l’écoulement biliaire (ictères par rétention), dans les syndromes néphrotiques, dans l’hypothyroïdie, dans la plupart des cas de diabète sucré. On l’a beaucoup accusé d’être responsable de l’artériosclérose : en réalité, on sait, aujourd’hui, que les risques d’athérome varient selon la catégorie d’hyperlipidémie en cause, c’est-à-dire selon l’augmentation non seulement du cholestérol, mais des autres lipides du sang (triglycérides). L’augmentation du taux du cholestérol est prédominante dans l’hypercholestérolémie dite « essentielle ». Il est augmenté, mais moins que les autres fractions, dans les autres sortes d’hyperlipémie.

• Inversement, un taux bas s’observe parfois dans l’hyperthyroïdie, mais surtout dans les affections touchant la valeur fonctionnelle du foie (hépatites, cirrhoses), et c’est alors la fraction estérifiée qui baisse la première.

La diminution de l’indice d’estérification (normalement 60 p. 100) correspond à un trouble des fonctions du foie.

Ajoutons qu’en cas de lithiase biliaire les calculs ou, tout au moins, le centre des calculs sont très souvent formés de cristaux de cholestérol pur.

J.-C. L. P.

 H. Quilliot, Contribution clinique à l’étude du métabolisme du cholestérol (Vigot, 1956). / L. Dressant, l’Excès de cholestérol et ses dangers (la Diffusion nouvelle du livre, Soissons, 1960). / M. Pacheco, le Cholestérol (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963 ; 2e éd., 1969).

Cholokhov (Mikhaïl Aleksandrovitch)

Romancier russe (Kroujiline, Ukraine, 1905).


Fils d’un ouvrier agricole originaire de la province de Riazan et d’une paysanne ukrainienne illettrée, Cholokhov est né dans la stanitsa cosaque de Vechenskaïa, sur le Don, où il passera toute son existence. Il a treize ans lorsque l’occupation allemande l’arrache à ses études secondaires, quinze ans lorsque s’achève la guerre civile, dont il a suivi les péripéties dans son pays natal. Tour à tour instructeur dans la lutte contre l’analphabétisme, statisticien, maître d’école, débardeur, inspecteur du ravitaillement, maçon, comptable, employé de bureau, journaliste, il travaille assidûment à parfaire son instruction. En 1922, à Moscou, il se lie avec les jeunes écrivains révolutionnaires du groupe Moldaïa Gvardia (la Jeune Garde) et adhère à la RAPP (Association russe des écrivains prolétariens), mais ne participe guère aux débats théoriques qui divisent les écrivains se réclamant de la révolution.

Ses premiers récits, publiés en revue à partir de 1924 et réunis en 1926 dans les recueils Donskie rasskay (Récits du Don) et Lazorevaïa step (la Steppe azurée), ont pour sujet l’affrontement sanglant qui, au sein de la communauté cosaque et parfois d’une même famille, oppose les « rouges » et les « blancs ». L’outrance des situations dramatiques et l’emphase expressive du style trahissent encore l’influence de la « prose dynamique » des premières années de la révolution, mais la connaissance intime du milieu cosaque et la sûreté avec laquelle sont dessinés les personnages annoncent déjà l’auteur de Tikhi Don (le Don paisible, 1928-1940).

Conçu dès 1925 sous la forme d’un récit historique retraçant la participation des Cosaques à l’insurrection contre-révolutionnaire du général Kornilov (en juin 1917), le chef-d’œuvre de Cholokhov s’élargit bientôt aux dimensions d’une fresque épique de la révolution, saisie sur un laps de temps de dix ans (entre 1912 et 1922), à travers les bouleversements qu’elle provoque chez les Cosaques du Don. Sa technique, romanesque, traditionnelle, doit beaucoup à Tolstoï, dont s’inspire la forme même du roman-épopée, faisant alterner des tableaux de la vie quotidienne et des labeurs champêtres avec des images de guerre et de violences, des scènes de foule avec des peintures de la vie intime ou familiale, mêlant les événements et les personnages historiques à ceux de la fiction. Cette technique est servie par une langue riche et vigoureuse ainsi que par un puissant tempérament de romancier réaliste, sensible à ce qui, dans la vie des éléments et des hommes, est irréductible à tout schéma abstrait. Hommes simples, proches de la nature, ses personnages sont cependant saisis dans toute leur diversité d’individus vivants. Sans faire mystère de ses sympathies révolutionnaires, Cholokhov analyse avec lucidité les raisons qui rejettent vers le camp adverse une partie importante des Cosaques, et notamment son héros, Grigori Melekhov, personnalité riche et complexe, qui reste attachante jusque dans sa rébellion et dans son échec final.

Entre les deux premiers livres de Tikhi Don, parus en 1928-29, et les deux derniers, publiés en 1933 et en 1940, Cholokhov a entrepris, sous la pression de l’actualité, son deuxième roman, Podniataïa tselina (Terres défrichées), dont la première partie paraît en 1932. L’action suit les péripéties de la politique de collectivisation pendant les six premiers mois de 1930. Elle décrit les difficultés que rencontre le militant ouvrier Davydov, envoyé par le parti dans la stanitsa cosaque de Gremiatchi Log pour y organiser un kolkhoz face à une minorité de saboteurs contre-révolutionnaires, mais aussi face aux réticences de la masse et au zèle maladroit de certains communistes. La deuxième partie du roman, dont la rédaction a été interrompue par la guerre, ne paraît qu’en 1960 : l’éloignement dans le temps en estompe l’actualité historique au profit des aspects permanents de la condition humaine, incarnés par la fin tragique de Davydov.

Mobilisé de 1941 à 1945 en qualité de correspondant de guerre, Cholokhov publie en 1943 les premiers fragments d’un roman de guerre, Oni srajalis za rodinou (Ils ont combattu pour la patrie), inachevé jusqu’à ce jour. La guerre lui inspire aussi un récit documentaire, Naouka nenavisti (la Science de la haine, 1942), dont le sujet sera repris et amplifié dans la nouvelle Soudba tcheloveka (Destinée humaine, 1957), autobiographie du soldat Andreï Sokolov, auquel la guerre a tout enlevé. La leçon de courage lucide et stoïque qui s’en dégage apparaît comme le dernier mot de la philosophie de Cholokhov, tandis que le langage direct et imagé du narrateur représente l’aboutissement d’un art qui retrouve la vigoureuse simplicité des choses du terroir.