Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

choc (suite)

Traitement du choc

La douleur doit être calmée, et les analgésiques sont actuellement nombreux qui y parviennent sans faire courir de risques supplémentaires si des précautions élémentaires, comme la position couchée sur le côté, sont prises à bon escient.

La défaillance circulatoire et l’appauvrissement des tissus en oxygène vont de pair. Le traitement en est indissociable : remplacement des liquides perdus et oxygénation avec ventilation majorée (à l’oxygène presque pur dans certains cas). La sécurité et la constance d’une bonne ventilation sont assurées par la posture ou par l’intubation trachéale ; l’emploi des « respirateurs » (machines à faire respirer) aussi bien que la compression d’un ballon relié à la source d’oxygène permettent d’assurer l’assistance respiratoire. La reconstitution de la masse sanguine est assurée par des perfusions de liquide relativement simples dans certains cas, alors qu’elle nécessitera des quantités de sang pur ou de ses constituants séparés (hématies, leucocytes, plaquettes) dans les circonstances les plus alarmantes.

J. V.

 H. Laborir, Réaction organique à l’agression et au choc (Masson, 1955). / L. J. Mills et J. H. Moyer (sous la dir. de), Shock and Hypotension. Pathogenesis and Treatment (New York, 1965). / P. Mollaret et coll., Réanimation et choc. Mesure des grandeurs physiologiques en réanimation (Arnette, 1969).

chœur

Groupe de chanteurs qui interprètent une œuvre musicale à l’unisson ou à plusieurs parties.


Dès la plus haute antiquité, le chœur est associé à la vie collective. Chez les Grecs, il s’accompagne de danses ou de mouvements rythmiques. Les gymnopédies sont exécutées par de jeunes garçons nus, les pyrrhiques par des hommes armés. Dans les parthénées, odes pour voix de femmes, les soli alternent avec les ensembles. Le dithyrambe, chant de caractère populaire en l’honneur de Dionysos, est confié à un chœur cyclique disposé autour d’un autel — ce qui permet à ses membres de se livrer à un jeu théâtral — et dirigé par un aulète. Au vie s. av. J.-C., il revêt des formes plus artistiques : un récitant se détache du chœur dans la sikinnis, vive et satirique, dans la turbasia, tumultueuse et passionnée, et dans l’emmeleia, grave, qui sont à l’origine de la tragédie et de la comédie. Tous les chœurs se chantent alors à l’unisson ou à 1 octave. Il en est de même au début de l’ère chrétienne — et jusqu’à nos jours — pour le chant grégorien et le chant populaire. C’est seulement à partir du xe s., tandis que naît la musique polyphonique, que l’on commence à distinguer les différents registres des voix, dont les noms varient selon les époques. Aux xiiie et xive s., discantus (déchant) désigne la partie supérieure ; les autres parties se nomment duplum, triplum, quadruplant, motetus, tenor, contratenor (voix la plus grave). On ne fait pas encore une nette distinction entre les registres aigus et graves des hommes, des femmes et des enfants, registres d’ailleurs peu utilisés dans leurs parties extrêmes. La voix de basse ne devient d’usage courant qu’au milieu du xve s. Au xvie s., le chœur à 4 voix comprend un dessus (superius), une haute-contre, une taille et une basse-contre, ce qui exige une voix d’enfant ou de femme, un sopraniste, un ténor et une basse. Par la suite, il s’ordonne de façon définitive et comprend 4 voix mixtes (soprano, alto, ténor et basse), réunissant ainsi les quatre principaux registres de la voix humaine. Il peut cependant s’organiser de diverses manières selon les indications du compositeur. Un chœur à 3 voix mixtes, par exemple, comporte un soprano, un ténor et une basse. On entend par chœur « à voix égales » un chœur à 2, 3 ou 4 voix d’hommes, de femmes ou d’enfants. Le chœur à 4 voix d’hommes en constitue la formation type ; il bénéficie d’un immense répertoire. Le chœur normal est aussi soumis à de nombreuses exceptions. Il comprend en effet souvent plus de 4 voix mixtes. À 5 voix, il peut être écrit pour 3 voix de femmes et 2 voix d’hommes, ou le contraire. À 6 voix, il est ordinairement composé de 2 sopranos, de 1 alto, de 2 ténors et 1 basse (ou 1 ténor et 2 basses), ou d’un double chœur à 3 voix mixtes. À 8 voix, chaque voix du chœur normal comprend 2 parties réelles ; on peut aussi user du double chœur mixte ou du double chœur à 4 voix égales. Il y a d’autres combinaisons dans les chœurs à 10, 12, 16 voix et plus. On cite souvent le Deo gratias d’Ockeghem — maître de chapelle de Charles VII — dont les 36 voix sont réparties dans 9 canons à 4 voix. Les Romains et les Vénitiens de la fin du xvie s. et du xviie s. multiplient aussi à plaisir le nombre des parties. Le maître de chapelle de Saint-Pierre de Rome, Orazio Benevoli (1605-1672), fait entendre en 1650 une messe à 48 voix (12 chœurs). Cependant, à moins d’obéir à une intention précise, la polyphonie trouve son meilleur équilibre dans l’écriture à quatre parties réelles. Les voix d’enfants sont parfois utilisées en chœur. Elles sont d’un excellent effet lorsqu’elles se juxtaposent au chœur mixte. Le chœur initial de la Passion selon saint Matthieu de J.-S. Bach en est un remarquable exemple : le texte liturgique du choral, chanté par de jeunes garçons, plane en valeurs longues au-dessus des deux chœurs mixtes.

Durant le Moyen Âge il n’y a dans les chapelles* papales, royales ou princières que quelques chantres très expérimentés et des enfants. En 1452, la Chapelle de musique du roi Charles VII comprend 14 chantres et chapelains. À la mort de Louis XII, en 1515, la Chapelle royale compte 23 chanteurs. Vers la même époque, sous le règne du pape Clément VII (1523-1534), il y a 24 chanteurs à la Chapelle pontificale. Lorsque Palestrina dirige la maîtrise de la Cappella Giulia à Saint-Pierre de Rome, il dispose de 26 chanteurs : 6 enfants, 6 sopranistes, 6 alti, 4 ténors et 4 basses.

En France, au début du règne d’Henri II, la musique de la Chambre possède 12 voix d’hommes et 2 organistes. À partir du xviie s., le nombre des exécutants augmente sans cesse. Sous Henri IV, le chœur de la Chapelle royale compte 4 dessus, 7 hautes-contre, 7 tailles et 11 basses-contre, soit 29 chanteurs. Pour exécuter les motets à double chœur de Nicolas Formé (1567-1638) et de ses successeurs, Lully et Delalande, on en vient à tripler l’effectif. En 1692, la Chapelle de Louis XIV, dirigée par M. R. Delalande, dispose de 78 choristes. En 1712, elle en compte 88 : 10 dessus, 24 hautes-contre, 20 tailles, 23 basses-tailles et 11 basses. À la même date, l’Opéra a seulement 12 voix de femmes et 24 voix d’hommes. Après la réorganisation de la Chapelle royale, en 1761, le nombre des chanteurs est ramené à 52. Le chœur, selon Mozart (lettre du 1er février 1764), est néanmoins d’excellente qualité. À la lecture de ces divers effectifs, on remarque que les voix d’hommes avaient la prépondérance en France. C’était alors un principe admis que les basses devaient toujours être plus fournies, car elles constituaient le « fondement de l’harmonie ».