Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chimiques (industries) (suite)

Le caractère scientifique et technique des industries chimiques est connu : à partir de quelques matières premières assez répandues dans la nature et de faible valeur (soufre, phosphates, charbon, pétrole, bois, oxygène et azote de l’air, etc.), la chimie fabrique actuellement plus de dix mille produits. Ces possibilités d’ennoblissement de la matière sont constamment élargies par les recherches des laboratoires et les applications des ingénieurs. En 1970, les trois cinquièmes des ventes de la chimie américaine concernaient des produits inconnus du public en 1960. Usines et laboratoires représentent d’énormes investissements, et les techniques évoluent si vite que certains ateliers doivent être abandonnés avant la fin des amortissements. Aussi l’industrie chimique consomme-t-elle d’énormes capitaux. Ces considérations générales expliquent le classement des principaux producteurs, qui place en tête les grandes puissances industrielles : États-Unis, U. R. S. S., Royaume-Uni, Japon, Allemagne fédérale, France, Italie. Dans les pays d’économie libérale, les besoins de la chimie en capitaux ont entraîné la formation de vastes groupes industriels tels que Du Pont de Nemours, Imperial Chemical Industries, Union Carbide, Montedison, Bayer, Hoechst, Badische Anilin, Monsanto, Rhône-Poulenc.

En chimie industrielle, la fabrication d’un produit fait presque toujours apparaître un ou plusieurs sous-produits, qu’il faut utiliser pour éviter l’encombrement, la pollution et pour améliorer les prix de revient. Ces sous-produits deviennent la matière première d’une autre fabrication. Cette règle générale de la valorisation des sous-produits favorise le processus de concentration verticale des moyens de production, autrement dit l’intégration. Ainsi, les fabricants de carbonate de soude pour la verrerie ont recherché des utilisations de l’acide chlorhydrique, sous-produit du procédé Leblanc. L’intégration progressive des fabrications variées mais solidaires peut aboutir à des ensembles industriels gigantesques : à Ludwigshafen l’usine de la Badische Anilin couvre plusieurs centaines d’hectares d’un seul tenant.

Cependant, l’industrie chimique présente des aspects bien différents selon le degré plus ou moins poussé des transformations. La chimie est d’abord une industrie de base qui travaille des matières premières naturelles pour en extraire des semi-produits, de faible valeur ajoutée si les procédés de fabrication sont simples (acides minéraux, chlore, soude, ammoniac, etc.). Ces semi-produits sont destinés soit à d’autres secteurs d’activité (papeterie, métallurgie, textile, verrerie, alimentation, etc.), soit à de nouvelles préparations chimiques. Car cette industrie est capable de pousser les transformations jusqu’à des produits aux formules très compliquées et de grande valeur. Ces produits finis sont utilisés par d’autres industries ou bien pénètrent sur le marché des biens de consommation par l’intermédiaire de la parachimie. D’une manière générale, la chimie de base, industrie lourde, se localise près des matières premières brutes (gisements de soufre, de gaz naturel, terminals pétroliers, etc.) et des sources d’énergie (usines hydro-électriques). Pour réduire les frais de transport, la parachimie recherche la proximité des marchés et plus spécialement les grandes villes. La localisation de l’industrie chimique de transformation, en particulier celle de ces semi-produits appelés grands intermédiaires parce qu’ils conduisent à toutes sortes de fabrications (benzène, acétylène, phénol, éthylène, etc.), est plus souple, l’essentiel étant d’avoir accès à différentes sources de matières premières et à de nombreux débouchés, au moyen de bonnes voies de communication.

Bien entendu, pour ces trois types d’industrie chimique, la tendance générale à l’intégration des fabrications recommande des sites suffisamment vastes, bien approvisionnés en eau, comportant des dispositifs appropriés d’évacuation des déchets. Attirée par la proximité des grandes villes où se trouvent du personnel qualifié, des instruments de recherche scientifique et d’importants marchés, la chimie industrielle doit s’implanter sur des sites à l’écart des grands axes d’urbanisation, pour éviter les plaintes des habitants. Elle a souvent créé des ensembles particuliers : Ludwigshafen près de Mannheim, Leverkusen près de Cologne, Saint-Fons près de Lyon.

M. L.


Les grands de l’industrie chimique


AKZO - N. V.,

société néerlandaise née de la fusion, en novembre 1969, de deux des toutes premières affaires chimiques des Pays-Bas : Koninklijke Zout-Organon N. V. et Algemene Kunstzijde Unie N. V. (AKU). La première de ces deux affaires était elle-même issue de la fusion de deux sociétés importantes spécialisées l’une dans les produits minéraux et la chimie inorganique, l’autre dans la chimie organique ainsi que dans les produits alimentaires, pharmaceutiques, cosmétiques et détergents. AKU étant l’une des premières affaires au monde pour la fabrication de textiles synthétiques, la moitié du chiffre d’affaires du groupe AKZO est réalisée par la production de fibres chimiques, tandis que les produits pharmaceutiques et les divers produits de consommation courante en constituent moins de 20 p. 100, le solde se répartissant entre la fabrication de produits chimiques divers et l’exploitation de mines de sel. Les débouchés de la société débordent largement le marché des Pays-Bas, qui représente moins de 20 p. 100 de l’ensemble. La République fédérale d’Allemagne est le premier client, avec le quart des achats de produits AKZO ; l’Amérique latine vient ensuite, avec plus de 20 p. 100 ; la Communauté économique européenne et les différents pays européens n’appartenant pas à la Communauté économique européenne constituent les uns et les autres environ 15 p. 100 du marché. Au total, AKZO s’intéresse aux marchés d’une quarantaine de pays. Au cours de l’année 1970, cette société s’est attaquée au secteur des peintures et vernis, par le biais notamment de la prise de contrôle de deux importantes sociétés européennes, une société allemande et la société française Astral. L’organisation d’un ensemble aussi diversifié et aussi vaste — entre 6 et 7 milliards de florins de chiffre d’affaires — a été résolue par la création, autour de la société mère holding AKZO, de différentes unités disposant d’une grande autonomie de manœuvre, reliées entre elles en fonction de leurs affinités industrielles et géographiques.


Allied Chemical Corporation,