Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chili (suite)

L’industrie de transformation

Resté pendant longtemps au stade d’une « économie de matières premières » avec exportation des richesses du sous-sol et importation, avec les devises ainsi reçues, des produits fabriqués, le Chili évolue sensiblement, depuis la Seconde Guerre mondiale, grâce à l’essor des industries de transformation, qui ont brisé ce schéma traditionnel et répondent maintenant aux besoins du marché national, au moins dans le domaine des objets d’usage courant.

Les deux facteurs de cet essor furent, d’une part, l’augmentation de la production d’électricité (8,5 TWh) grâce à l’utilisation du potentiel hydro-électrique des rivières qui descendent des Andes et, d’autre part, la création d’une sorte de banque d’État pour l’investissement industriel. Fondée en 1939, mais développée principalement après 1945, cette banque fournit aux entreprises récentes des crédits à taux d’intérêt très bas, et résout ainsi le problème des capitaux nécessaires au développement de l’industrie.

Aussi la nature des importations (sinon celle des exportations, où dominent toujours largement les ventes du cuivre) s’est-elle considérablement modifiée. Au lieu des biens d’usage et de consommation, ce sont maintenant les machines nécessaires aux industries qui détiennent la première place dans les importations (machines textiles, machines-outils, machines d’imprimerie, etc.). En effet, dans ce secteur des biens d’équipement, le Chili reste encore sous-développé et dépend des grandes nations industrielles ; dans le secteur des biens d’usage et de consommation, au contraire, un certain équilibre s’est réalisé entre la production et les besoins ; on assiste même à quelques tentatives d’exportation vers les pays andins voisins, comme la Bolivie et le Pérou. Cette industrie, aux productions variées, se localise essentiellement dans le Chili central, qui s’oppose de plus en plus aux deux autres parties du pays, accentuant ainsi les déséquilibres régionaux.


Les contrastes régionaux


La région du Nord

Le nord du Chili, ou Norte Grande, est constitué avant tout par le désert et les zones périphériques subdésertiques ; au cœur de la région, à Arica, on a mesuré une hauteur de 0,6 mm de pluies par an, comme moyenne de la pluviosité relevée sur 40 années.

Dans ce désert, souvent nuageux par suite d’une humidité due au courant froid de Humboldt, quelques oasis ont permis la survivance de petits noyaux de peuplement traditionnels, Indiens ou métis. Ces groupes vivent pauvrement de la culture de quelques dizaines ou centaines d’hectares irrigués. Outre ces petits noyaux de peuplement agricole subsistent des groupes de pasteurs qui élèvent des moutons et des lamas. Ils se déplacent pendant l’été jusqu’à 4 000 m d’altitude, à la recherche de pâturages naturels, et descendent pendant l’hiver au bord des oasis, en quête d’un peu d’herbe.

L’ensemble de cette population ne représente que des densités extrêmement faibles. La particularité du Nord, c’est avant tout la conquête moderne du désert à la suite de la découverte des richesses minérales, nitrates et cuivre, dont l’exploitation a entraîné la création de véritables foyers de peuplement moderne. À proximité de la plus grande des mines de cuivre, à Chuquicamata, est née une ville de près de 30 000 habitants, où tout est organisé en fonction de l’exploitation du minerai de cuivre, de sa concentration et de son évacuation vers les ports d’embarquement, reliés à la ville par une voie ferrée construite à cet effet. La création, en plein désert, d’un milieu permettant la vie confère à la ville un aspect un peu artificiel : eau, alimentation, énergie, tout est importé ; les dépenses suscitées par ce maintien artificiel de la vie humaine se justifient par la grande rentabilité des mines de cuivre.

Dans l’ensemble, cette région nord abrite environ 600 000 personnes : il faut y ajouter les habitants du « Norte Chico », région subaride où l’agriculture, reposant sur l’irrigation, fait vivre environ 80 000 paysans, tandis que 50 000 autres pratiquent l’élevage du mouton et que l’exploitation de quelques gisements de cuivre et de fer, moins importants que dans le Norte Grande, occupe environ 15 000 ouvriers. Au total, ces deux régions représentent un peuplement d’environ 800 000 personnes. La ville la plus importante est Antofagasta, centre de l’exploitation du cuivre et de la distribution des produits nécessaires à la survie des petits bourgs miniers environnants.


Le Sud

Il est formé par la région des lacs et de l’extrême Sud, appelée souvent région des fjords en raison de ces labyrinthes d’îles, de péninsules et de golfes qui ont été creusés par les glaciers dans l’extrémité méridionale de la montagne andine.

Ces deux régions, caractérisées par une très grande pluviosité, un climat tempéré froid et une forêt très dense, ont été occupées dès la fin du xixe s. par des groupes d’Européens (Suisses, Irlandais, Espagnols). Ces groupes totalisent aujourd’hui un peu plus d’un million d’individus qui pratiquent une agriculture extensive à base de céréales, auxquelles s’ajoutent la culture de la pomme de terre et les pommiers. L’humidité du climat entretient de vastes prairies naturelles, grâce auxquelles le Sud possède plus du tiers du cheptel bovin du Chili, élevé principalement en vue de la production laitière. Les grandes forêts sont exploitées par un certain nombre de scieries, artisanales ou industrielles, notamment autour de Valdivia.

C’est dans cette région, d’autre part, que subsistent les derniers noyaux de peuplement indien rassemblés dans des réserves où ils pratiquent une maigre agriculture d’auto-subsistance et élèvent des moutons.

Les villes les plus importantes se trouvent dans la partie nord, plus proche du Chili central : Temuco compte 88 000 habitants, Valdivia 77 000 et Osorno 67 000. Dans l’extrême Sud, au contraire, où domine l’élevage du mouton joint à une petite exploitation minière, aucun centre urbain n’atteint 10 000 habitants.