Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Charleroi (suite)

De grandes voies de circulation matérialisent les deux grands axes de fortes densités : voies ferrées avec liaisons très rapides sur Bruxelles ; voies navigables (la Sambre est au gabarit de 1 350 t pour l’axe ouest-est, et le canal de Charleroi à Bruxelles est également au gabarit de 1 350 t depuis la mise en service du plan incliné de Ronquières) ; enfin, sur l’axe ouest-est, l’autoroute de Wallonie est en construction, la section située au nord de Charleroi étant terminée. Mais les Wallons se sont plaints de la lenteur des travaux de cette autoroute ; la Sambre est, vers l’ouest, en cul-de-sac : elle n’est pas portée à 1 350 t en amont de Charleroi, vers la France ; il en est de même pour le canal du Centre, qui mène à Mons. L’autoroute vers Bruxelles devrait être achevée vers 1975.

Charleroi, qui rayonne sur plus de 600 000 habitants, est la capitale économique du Hainaut. Mais ce rayonnement est jugé insuffisant.

Il avait fallu faire appel à de la main-d’œuvre étrangère, italienne surtout (89 000 étrangers recensés) ; mais, au cours des années 1960, le chômage est apparu, et de nombreuses personnes vont travailler à Bruxelles.

Un plan d’aménagement a été établi. Aux zones industrielles anciennes, alignées le long des voies d’eau, s’ajoutent de nouvelles zones, au nord-est de l’agglomération, en liaison surtout avec l’autoroute de Wallonie. À Gosselies I, une importante usine fabrique des élévateurs et des moteurs (plus de 2 000 emplois) ; à Gosselies II existe une usine d’aviation ; à Heppignies-Ransart sont fournis des produits pharmaceutiques et des produits de beauté (1 200 emplois). Le sud, ardennais, fait l’objet d’un équipement de loisirs : lac artificiel, forêts. Mais, en 1970, le principal point de reconversion du bassin houiller du Sud est un peu plus loin, au nord de la région du Centre (au nord-ouest de Charleroi), avec la pétrochimie de Feluy et les zones industrielles de Manage et Seneffe.

A. G.

 Options fondamentales de développement et d’aménagement de Charleroi (Charleroi, 1967).

Charles II le Chauve

(Francfort-sur-le-Main 823 - Avrieux, dans les Alpes, 877), roi de France (840-877), empereur d’Occident (875-877).


Seul fils né de la seconde union de Louis Ier le Pieux avec Judith de Bavière, Charles le Chauve remet en cause par sa naissance non pas le principe, mais le détail de l’ordinatio imperii de 817, qui partageait l’Empire entre ses trois demi-frères Lothaire, Pépin et Louis. À plusieurs reprises et sous l’influence de Judith, Louis Ier attribue à Charles une fraction croissante de sa succession : l’Alamannie, la Rhétie, l’Alsace, une partie de la Bourgogne en août 829 (assemblée de Worms), les pays de la Moselle, la quasi-totalité du royaume de Bourgogne, la Septimanie et la marche d’Espagne en février 831 (avec le titre royal) [assemblée d’Aix-la-Chapelle], enfin l’Aquitaine en 832. Aussi les trois fils aînés de Louis le Pieux le déposent-ils en juin 833 au Lügenfeld (« champ du mensonge »), devenu le Rotfeld (« champ rouge »), près de Colmar.

Enfermé dans un monastère sous la garde de Louis de Bavière, Charles le Chauve retrouve la liberté en 834 lorsque son père Louis le Pieux est restauré. Celui-ci reconstitue en sa faveur un royaume comprenant les territoires compris entre l’archipel frison au nord, la Meuse à l’est et la Seine au sud (assemblée d’Aix-la-Chapelle, oct. 837) ; après l’avoir couronné roi à Quierzy, il lui donne, en outre, le Maine en septembre 838, puis l’Aquitaine en décembre, au détriment de Pépin II ; enfin par le partage de Worms du 30 mai 839, l’empereur décide qu’à sa mort Charles recevra la moitié de l’Empire située à l’ouest de la Meuse, de la Saône et du Rhône, Lothaire s’appropriant l’autre à l’exclusion de la Bavière. Louis le Pieux étant mort le 20 juin 840, Charles le Chauve, devenu alors roi effectif de la Francia occidentalis, doit combattre aussitôt Pépin II, qui attaque Judith en Aquitaine, mais qu’il met en fuite, Nominoë, « missus permanent de Bretagne », qui se révolte contre lui mais qu’il soumet du moins verbalement, enfin l’empereur Lothaire, contre lequel il s’allie à Louis le Germanique et qu’il vainc à Fontenoy-en-Puisaye le 25 juin 841.

Scellée le 14 février 842 par les serments de Strasbourg, cette entente des deux derniers fils de Louis le Pieux leur permet d’imposer à leur frère aîné, l’empereur Lothaire, en août 843, la signature du traité de Verdun, qui divise l’Empire en trois royaumes unis par la théorique confraternité de leurs rois (assemblées de Yütz en 844 ; de Meerssen en 847 et en 851). En fait, Charles le Chauve devient le maître exclusif de la Francia occidentalis, à l’ouest de la Meuse, de la Saône et du Rhône, mais à l’intérieur de laquelle Pépin II d’Aquitaine et Nominoë de Bretagne se révoltent déjà. Obligé de reconnaître l’indépendance de fait du premier en 844 et celle du second en 846, Charles doit, en outre, faire face aux invasions des Normands, qui, à partir de leur base de Noirmoutier, pillent toutes les villes de l’ouest de la France entre 841 et 859, dévastant au passage les régions environnantes (Vallée de la Garonne en 844, Perche en 855, Septimanie en 860, etc.).

Face à ce triple danger, Charles le Chauve adopte des solutions différentes. En Aquitaine, dont il se fait sacrer roi à Orléans en 848, il use d’abord de la force (prise de Toulouse en 849), puis de la tolérance en accordant à ses habitants un roi en la personne de ses fils, Charles l’Enfant en 865 et Louis le Bègue en 867.

N’ayant pu, par contre, empêcher Nominoë de s’emparer de Nantes en 850, ni son fils Erispoë de le battre près de Juvardeil en 851, Charles le Chauve concède à ce dernier la possession de la marche de Bretagne ; en même temps, il lui reconnaît le titre royal et fiance la fille de ce chef breton à son propre fils, Louis le Bègue, roi du Maine, que le « roi de Bretagne » Salomon (857-874) expulse à son tour de son gouvernement en 858 avant de prêter hommage à Charles le Chauve en 863 ; en fait, la Bretagne est devenue pratiquement indépendante. Reste à régler le problème normand. Renonçant à le faire par la force des armes, Charles le Chauve tente d’abord d’acheter leur départ, ce qu’il fait en 858 pour obtenir l’évacuation de Paris. En fait, cette solution ne fait qu’inciter les envahisseurs à renouveler leurs expéditions de pillage. Ne pouvant reprendre l’expérience des marches littorales créées par Charlemagne, mais qui, finalement, n’ont servi que de creuset à des principautés territoriales, le souverain tente dès lors de régionaliser la défense : il confie en 861 le commandement des territoires entre Seine et Loire à Robert le Fort, qui trouve la mort lors de sa victoire de Brissarthe en 866 ; il construit des ponts fortifiés sur les fleuves afin d’en interdire la remontée aux barques normandes. Expérimentée avec succès sur la Marne en 861, étendue à la Seine, à la Marne et à l’Oise en 862, cette dernière tactique échoue pourtant en raison de la faiblesse des armées carolingiennes. Dès lors, la défense doit être organisée localement, les évêques restaurant les murailles fortifiées des villes antiques tandis que les comtes ou les grands propriétaires fonciers édifient dans les campagnes d’innombrables forteresses, qui constituent pour le pouvoir un incontestable danger. En vain, par le capitulaire de Pîtres, Charles le Chauve ordonne-t-il en 864 leur disparition avant le 1er août suivant.

En fait, le roi n’est plus le maître de son royaume : à la révolte des grands de Neustrie et d’Aquitaine, qui font appel à Louis le Germanique en 858, s’ajoutent bientôt les rébellions des propres fils du souverain, Louis le Bègue en 862 et en 870, Charles l’Enfant en 863 et en 873.