Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

César (César Baldaccini, dit) (suite)

En 1960, au Salon de mai, c’est le « scandale » des compressions de voitures : trois lingots de ferraille d’une tonne chacun ; il s’agit beaucoup moins d’un nouvel avatar du « ready-made » (v. Duchamp) ou de l’objet trouvé élevé par le choix de l’artiste au rang d’objet d’art que d’une évolution très logique des recherches précédentes. Dans les années qui suivent, l’artiste passera de même à la presse des tubes, des boîtes, des bidons d’huile, pour en faire des objets-sculptures ou des bas-reliefs, jouant habilement sur les replis imprévus des formes, la polychromie, les effets de mat et de brillant des surfaces. À la fin de 1960, César adhère au groupe des Nouveaux Réalistes*, créé autour du critique Pierre Restany. Il continue, pendant les années suivantes, à exploiter la veine des compressions « dirigées », avec des tuyaux de cuivre, des bandes de laiton ou d’aluminium, etc., tout en produisant, de 1963 à 1965, d’ultimes chefs-d’œuvre relevant de sa technique précédente (la Pacholette). Ces œuvres de fer feront l’objet de répliques en bronze.

En 1965, il expose son Pouce monumental en matière plastique rouge. C’est le début d’une série d’agrandissements anatomiques (seins géants, poing monumental pour l’école de Saint-Cyr), mais c’est surtout la rencontre d’un matériau nouveau, les résines synthétiques, dont la qualité protéiforme allait attirer César. En particulier la mousse de polyuréthane. dont il met en liberté le pouvoir de dilatation : 40 litres au Salon de mai de 1967, puis à Bruxelles, à Rio de Janeiro, etc., œuvres éphémères, puisqu’en général détruites à la fin de la séance et partagées entre les spectateurs. Mais César va dépasser ce côté hasardeux de happening, diriger ses expansions comme il l’a fait de ses compressions, et les transférer dans des matériaux durables : époxy, polyester et aussi bronze, acier inoxydable, voire marbre de Carrare. En 1970, il présente une série d’expansions à l’épiderme rendu solide par un revêtement de laine de verre et de multiples couches de laques vinyliques, avec des effets très précieux de brillant et de nacré ; début 1973, c’est la série de ses masques-autoportraits en bronze. Chercheur infatigable, il a également fait, aux ateliers Daum de Nancy, une incursion dans le domaine de la cristallerie.

M. E.

 César, sculptures, introduction de D. Cooper (Amriswil, 1961). / César, plastiques, introduction de P. Restany (Centre national d’art contemporain, 1970). / César par César (Denoël, 1971).

césarienne

Accouchement artificiel effectué après ouverture chirurgicale de l’utérus par voie abdominale.


La césarienne a considérablement amélioré le pronostic maternel et fœtal par son emploi de plus en plus fréquent, en raison des conditions de sécurité que procurent les techniques actuelles. C’est probablement la plus ancienne des opérations obstétricales, puisqu’on en trouve des traces chez les anciens Égyptiens comme dans les légendes grecques. Chez les Romains, la lex Regia, attribuée à Numa Pompilius, interdisait d’enterrer une femme morte en état de grossesse avant d’avoir extrait son enfant en lui ouvrant le ventre. Sous l’influence du christianisme, le recours à la césarienne post mortem se répandit, en vue de pouvoir baptiser le nouveau-né, attitude qui lut approuvée plus tard par les conciles. Ce n’est qu’en 1 500 environ que fut sans doute pratiquée la première césarienne sur une femme vivante : la tradition veut qu’un châtreur de porcs suisse, Jakob Nufer, la pratiquât sur son épouse avec succès. Néanmoins, pendant les trois siècles qui suivirent, elle devait rester une intervention effroyablement meurtrière, fréquemment suivie de péritonite, et, de ce fait, elle se trouva être en concurrence avec d’autres interventions, pourtant peu satisfaisantes, telles que la pelvitomie et l’embryotomie. Ambroise Paré, puis François Mauriceau s’élevèrent contre elle, la jugeant cruelle et barbare. À partir de 1880, les progrès de l’asepsie lui permirent de se développer : Paul Bar (1853-1945) pratiqua à l’hôpital Tenon la première césarienne française avec mère et enfant vivants. La mortalité maternelle tomba. Mais la topographie de l’incision (sur le fond de l’utérus) protégeait mal la cavité péritonéale contre la septicité du contenu utérin ; on ne pouvait opérer que tant que le contenu de l’utérus était aseptique, c’est-à-dire avant le début du travail, et la césarienne ne pouvait donc qu’être « prophylactique ». À partir de 1920, on changea le lieu d’incision sur l’utérus. Au lieu de la faire sur le fond, on la fit sur une zone privilégiée, le segment inférieur. Sur cette partie de l’utérus, on peut rabattre une partie de péritoine qui isole parfaitement l’incision de la grande cavité abdominale. Cette nouvelle technique, dite « de la césarienne segmentaire », fut généralisée en France à la suite de Brindeau et permit d’intervenir avec une sécurité très satisfaisante au cours même du travail. Les antibiotiques aidèrent ensuite à juguler ce qui restait comme risque infectieux postopératoire, et les techniques actuelles d’anesthésie et de réanimation rendent minimes le risque pour la mère et le retentissement sur l’enfant.

Le protocole opératoire est maintenant parfaitement codifié et ne semble susceptible d’être amélioré que sur quelques points de détail. L’incision de la paroi abdominale est le plus souvent médiane, étendue de l’ombilic au bord supérieur du pubis. On tombe ensuite sur l’utérus, dont on décolle le péritoine, qui le recouvre au niveau de son segment inférieur. Le segment inférieur de l’utérus est enfin incisé au bistouri, soit transversalement, soit verticalement, la poche des eaux est ouverte, et la main va à la recherche de la bouche de l’enfant, qu’elle amène en dehors avant d’extraire la tête. Après la sortie de l’enfant et l’extraction manuelle du placenta, l’incision utérine est suturée en utilisant du fil résorbable très fin.