César (César Baldaccini, dit) (suite)
En 1960, au Salon de mai, c’est le « scandale » des compressions de voitures : trois lingots de ferraille d’une tonne chacun ; il s’agit beaucoup moins d’un nouvel avatar du « ready-made » (v. Duchamp) ou de l’objet trouvé élevé par le choix de l’artiste au rang d’objet d’art que d’une évolution très logique des recherches précédentes. Dans les années qui suivent, l’artiste passera de même à la presse des tubes, des boîtes, des bidons d’huile, pour en faire des objets-sculptures ou des bas-reliefs, jouant habilement sur les replis imprévus des formes, la polychromie, les effets de mat et de brillant des surfaces. À la fin de 1960, César adhère au groupe des Nouveaux Réalistes*, créé autour du critique Pierre Restany. Il continue, pendant les années suivantes, à exploiter la veine des compressions « dirigées », avec des tuyaux de cuivre, des bandes de laiton ou d’aluminium, etc., tout en produisant, de 1963 à 1965, d’ultimes chefs-d’œuvre relevant de sa technique précédente (la Pacholette). Ces œuvres de fer feront l’objet de répliques en bronze.
En 1965, il expose son Pouce monumental en matière plastique rouge. C’est le début d’une série d’agrandissements anatomiques (seins géants, poing monumental pour l’école de Saint-Cyr), mais c’est surtout la rencontre d’un matériau nouveau, les résines synthétiques, dont la qualité protéiforme allait attirer César. En particulier la mousse de polyuréthane. dont il met en liberté le pouvoir de dilatation : 40 litres au Salon de mai de 1967, puis à Bruxelles, à Rio de Janeiro, etc., œuvres éphémères, puisqu’en général détruites à la fin de la séance et partagées entre les spectateurs. Mais César va dépasser ce côté hasardeux de happening, diriger ses expansions comme il l’a fait de ses compressions, et les transférer dans des matériaux durables : époxy, polyester et aussi bronze, acier inoxydable, voire marbre de Carrare. En 1970, il présente une série d’expansions à l’épiderme rendu solide par un revêtement de laine de verre et de multiples couches de laques vinyliques, avec des effets très précieux de brillant et de nacré ; début 1973, c’est la série de ses masques-autoportraits en bronze. Chercheur infatigable, il a également fait, aux ateliers Daum de Nancy, une incursion dans le domaine de la cristallerie.
M. E.
César, sculptures, introduction de D. Cooper (Amriswil, 1961). / César, plastiques, introduction de P. Restany (Centre national d’art contemporain, 1970). / César par César (Denoël, 1971).